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Économie Publié le vendredi 21 février 2014 | Le Democrate

Délestage et coupures intempestives : Où sont donc passés les 3500 milliards pour sauver le courant

© Le Democrate Par DR
Le ministre en charge des secteurs de l’Energie et des Hydrocarbures M. Adama TOUNGARA
La Côte d'Ivoire, qui a besoin d'électricité pour soutenir sa croissance économique, a décidé de faire appel au secteur privé pour procéder à des investissements massifs dans le secteur de l'énergie dont elle veut devenir une puissance régionale.

Les chiffres communiqués fin janvier par le ministre de l'Energie Adama Toungara, lors d'un forum à Abidjan destiné à attirer des fonds internationaux, sont colossaux : d'ici à 2030, la Côte d'Ivoire veut dépenser 18 milliards de dollars (13 mds d'euros) pour son électricité.
Une somme importante pour un pays dont le PIB était évalué en 2012 à 24,68 milliards de dollars (18 mds d'euros).

Avec cet argent, Abidjan souhaite agrandir ses centrales à gaz existantes, faire du solaire et même construire huit nouveaux barrages hydroélectriques...
Pour passer de 1.600 mégawatts d'électricité produits aujourd'hui à 4.000 MW en 2020, soit le potentiel de la Lettonie ou la Bolivie, avait déclaré fin janvier le Premier ministre Daniel Kablan Duncan.
"L'offre de l'énergie, en hausse de plus de 17% en 2012, suffit à peine à couvrir la demande nationale et celle de la sous-région" que fournit la Côte d'Ivoire lorsqu'elle connaît des excédents de production, avait-il estimé lors de l'inauguration d'une centrale électrique.

Car le gouvernement dit avoir de grands projets pour le pays, censé atteindre "l'émergence" en 2020 et servir de "locomotive" à l'Afrique de l'ouest, ce qui passe par une croissance économique "à deux chiffres" jusqu'à la fin de la décennie.

En 2012, l'économie ivoirienne a progressé de 9,8%, contre 8,7% en 2013 et de 8 à 10% prévus pour 2014.
Or la croissance voulue par les autorités repose "en grande partie sur la production d'énergie", constate M. Toungara.

Incapable de se financer elle-même, la Côte d'Ivoire se tourne vers le
secteur privé international. Avec succès.

Plus du double des 1.700 milliards de francs CFA (2,6 mds d'euros)
d'investissements prévus dans ce domaine entre 2012 et 2015, soit 3.500
milliards de FCFA (5,3 mds d'euros), étaient déjà réunis fin 2013, se félicite
le ministre.

"Le secteur électrique est un succès" en Côte d'Ivoire, observe Bertrand de
la Borde, directeur de la division infrastructures/Afrique pour IFC
(International Finance Corporation), une filiale de la Banque mondiale, active
dans le pays.

La Côte d'Ivoire, électrifiée à 60%, se trouve dans une meilleure situation
que bien des Etats africains, à commencer par le Sénégal, le Mali ou le Togo,
mais aussi le Kenya, au niveau de développement pourtant similaire,
constate-t-il.

Une prouesse pour un pays coupé en deux de 2002 à 2011 entre un Nord
hostile au régime et un Sud qui lui était favorable.
Les quartiers les moins favorisés d'Abidjan souffrent toutefois encore de
délestages et de coupures récurrentes.

"Quels que soient les domaines, la Côte d'Ivoire est en pointe", notamment
du fait de la qualité des intervenants travaillant pour l'Etat, qui
"comprennent le privé", "n'en ont pas peur" et "sont capables de discuter avec
eux", souligne M. de la Borde.
Le premier partenariat public-privé d'Afrique s'est ainsi fait en Côte
d'Ivoire, dit-il.
- Devenir un fournisseur en Afrique de l'Ouest -

La Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE), qui gère la filière intégralement, de la production à la commercialisation, fut en 1990 la première privatisation d'un secteur stratégique en Afrique, insiste son directeur général, Dominique Kakou.

Malgré des violences postélectorales ayant fait plus de 3.000 morts entre décembre 2010 et avril 2011, la Côte d'Ivoire regagne progressivement les
faveurs des investisseurs, à l'instar d'IFC ou de la banque ouest-africaine de
développement.

Vincent Le Guennou, directeur général d'Emerging Capital Partners (ECP), un
fonds américain ayant investi 225 milliards de FCFA (343 millions d'euros)
dans une centrale thermique de 222 MW livrée en janvier, se dit ainsi "prêt" à
financer le secteur pour "500 MW supplémentaires".

Interrogé par l'AFP, M. Le Guennou dit aussi "croire" en la Côte d'Ivoire,
dont le but est de devenir un "hub énergétique en Afrique de l'ouest".
Plus de 20% de l'électricité ivoirienne est exportée vers ses voisins,
notamment le Burkina Faso, le Mali et le Ghana. Des travaux sont annoncés pour
se connecter au Liberia, à la Guinée et à la Sierra Leone.

Reste à trouver l'énergie pour faire tourner tous ces projets. En Côte d'Ivoire, 70% de l'électricité est issue du gaz, dont le pays est producteur.
Mais les besoins à venir sont massifs.
Dix-huit forages ont été effectués ces 19 derniers mois au large des côtes ivoiriennes, dont trois ont abouti à des découvertes, affirme le ministre Toungara.

Là encore, des investissements faramineux sont annoncés à terme : 14 milliards de dollars (10,2 mds d'euros) pour le seul secteur des hydrocarbures entre 2012 et 2030, ciblent les autorités, désireuses de vivre un second "miracle économique" ivoirien, après les glorieuses décennies 1960 et 1970.
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