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Politique Publié le mardi 18 mars 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Contribution / Mamadou H. Karamoko, Consultant spécialiste des pays émergents, prévient : ‘‘Blaise Comparé est un fin connaisseur du marigot politique ivoirien et ouest africain’’

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Célébration du 20è anniversaire de l’OHADA : Les présidents Ivoirien, Béninois, Nigérien et togolais ont eu une séance de travail avec le président Burkinabé Blaise Compaoré.
Mercredi 16 Octobre 2013. Palais de la Présidence du Faso. Les Présidents Alassane Ouattara et Blaise Compaoré ont eu une séance de travail avec leurs pairs du Togo, du Bénin et du Niger. Photo : Blaise Compaoré.
Le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis bientôt 27 ans est un habitué des palais présidentiels ivoiriens. Celui que ses compatriotes appellent familièrement Blaise, a vu passer tous les chefs d’Etat ivoiriens, de Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara qu’il appelle affectueusement « mon frère ». Cet ancien capitaine des forces para commandos du pays des hommes intègres a pris le pouvoir à la suite du coup d’Etat du 15 Octobre 1987 ; l’homme a le mérite de s’être non seulement fait une légitimité à travers les urnes, mais d’avoir résisté à divers soubresauts et secousses et amené son pays sur la voie de la modernité et de la stabilité socio politique. Acteur clé de la crise militaro politique ivoirienne par ses accointances supposées ou avérées avec les ex rebelles d’une part, et d’autre part, par l’accord politique de Ouagadougou initié par ses soins et qui a eu raison des divergences des frères ennemis ivoiriens en les conduisant allègrement à la présidentielle d’Octobre-Novembre 2010, Blaise Comparé est un fin connaisseur du marigot politique ivoirien et ouest africain. Respecté des uns et craint par les autres, l’homme fort de Ouagadougou a gagné en notoriété par ses talents reconnus de médiateur, dans diverses crises africaines.

Depuis quelques mois, du fait de l’usure du pouvoir, du chômage ambiant, de la pauvreté, de la soif inextinguible d’alternance de nombreux burkinabè, mais surtout des velléités du président Compaoré à modifier la constitution en vue de solliciter un ènième mandat, des voix de plus en plus fortes, se font entendre. La société civile grogne et elle est emboîtée au pas par des opposants plus que jamais déterminés à voir enfin l’apothéose du long règne de l’enfant de Ziniaré. Des personnalités, et non des moindres ont décidé de prendre leurs responsabilités, en claquant les portes du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès), parti au pouvoir et, en affichant clairement leur opposition à toute modification de l’actuelle constitution, donnant la possibilité à Blaise Compaoré de briguer un autre mandat.

Quant aux partisans du président, ils montrent une sérénité teintée de fébrilité et répondent en chœur qu’ils sont en phase avec la constitution ; que la pomme de discorde, l’article 37 de la constitution est légalement et constitutionnellement modifiable ; ce qui permettra à leur champion de briser le verrou de la limitation des mandats et être encore le président des burkinabè si ceux-ci le souhaitent. Chacun pense avoir la vérité de son côté. Les débats deviennent de plus en plus houleux, les grandes théories de droit et des constitutionnalistes se réveillent de leur sommeil. En pareille circonstance, la mauvaise foi et le juridisme sont les choses les mieux partagées car personne ne veut céder un centimètre de sa vérité.
Sous les bords de la lagune Ebrié, nous nous sentons concernés à plus d’un titre par ce qui se passe, ou du moins, par ce qui pourrait se passer au Burkina Faso. Nos deux pays sont frontaliers et ont une vieille tradition d’amitié et de fraternité. La diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire, la plus forte d’ailleurs est estimée à plus de trois millions d’âmes et a payé un lourd tribut pendant la crise ivoirienne. Et avec une sous-région fortement ébranlée par des conflits, l’instabilité et le terrorisme, nul n’a intérêt à ce qu’un autre feu couve en Afrique ; encore moins chez le pompier en chef. Une déstabilisation du Burkina se répercutera naturellement sur la Côte d’Ivoire qui verra l’arrivée sur son sol de nombreux réfugiés, alors qu’elle se remet elle-même de dix ans d’instabilité. Cela pourrait créer également d’autres frustrations et stigmatisations et donner de la matière à des populistes et apprentis sorciers qui manipulent avec maestria les émotions et les situations de fait.

Dans tous les cas, nous prônons pour notre pays et les pays amis le respect des lois fondamentales. La constitution est un costume sur mesure pour l’ensemble des citoyens et non pour un seul individu, fut il chef d’Etat. L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts et providentiels, mais plutôt d’institutions fortes, pérennes et crédibles qui résistent, comme dans les grands pays, au temps et aux caprices des Hommes. L’Afrique doit cesser d’être la risée du monde par la faiblesse de ses institutions et la boulimie du pouvoir de ses dirigeants.
Pendant que nous continuons à tripatouiller nos constitutions pour nous accrocher au pouvoir, sous d’autres cieux, l’on fait des avancées significatives sur la voie de l’émergence et du développement. Tous les pays qui connaissent la prospérité, sont ceux qui ont des Institutions fortes et stables. La plupart des conflits en Afrique prennent leurs origines dans la problématique du pouvoir. Le Burkina Faso est une république dont le président rentrera dans l’histoire par la grande porte s’il réussit à prendre de la hauteur, à s’exorciser de la malédiction du pouvoir, à s’émanciper du poids des laudateurs, des vautours et autres thuriféraires qui lui réitèrent énergétiquement leur soutien indéfectible et sans failles mais une fois que le sens du vent changera, ceux-ci ne se gêneront pas de changer de veste ; et malheureusement, dans ce genre de situation, les colombes sont mis en minorité par les faucons ;ces transhumants sans conviction et sans vergogne étalent leurs habits au soleil de leurs intérêts. Comme le dit l’artiste, ce sont les mêmes, qui adulent et vilipendent le président ! Blaise Compaoré, en sa qualité de médiateur et d’homme d’expérience, est très bien placé pour comprendre les causes du désordre dans les pays africains!

Parce que nous lui sommes redevables pour nous avoir accompagnés pendant nos moments difficiles, nous demandons au président Alassane Ouattara de convaincre son frère et ami à faire la croix sur sa énième candidature en 2015. Il faut éviter d’arriver à une situation de blocage qui débouchera inéluctablement sur des tensions préjudiciables à la paix sociale. Le Général De Gaulle ne disait-il pas qu’il vaut mieux quitter le pouvoir des années plutôt qu’une minute trop tard ? La sagesse africaine ne renchérit elle pas, en nous enseignant qu’il faut quitter la gloire avant qu’elle ne vous quitte ?

Nous demandons à Blaise Compaoré, pour l’amour de son pays et de l’Afrique ; et parce qu’il mérite de rentrer dans l’histoire par la grande porte et avoir une retraite paisible, de ne pas céder aux tentations et de se retirer au terme de son mandat en 2015, au grand désarroi des ennemis de l’Afrique.

Mamadou H. Karamoko (karamoko.mamadou@gmail.com)
Master en Commerce
International
Consultant spécialiste des pays émergents
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