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Société Publié le lundi 24 mars 2014 | Nord-Sud

Logements sociaux/ Un an après : Du scepticisme à la réalité… 

© Nord-Sud Par Atapointe
Programme présidentiel de logement – le BNETD visite les chantiers de la SICOGI
Mardi 29 Janvier 2014. Abidjan. Une délégation du BNETD conduite par son directeur a entrepris aux cotés des responsables de la SICOGI, une visite de terrain pour constater l`effectivité de la mise en oeuvre de la construction des logements prévue par le programme présidentiel.
Le projet de logements sociaux initié par le gouvernement, un an après, suscite beaucoup d’espoir.


Le pari du gouvernement de permettre aux couches défavorisées d’avoir accès à un toit décent sera-t-il tenu? En tout cas, le programme présidentiel des logements sociaux lancé le 28 mars 2013 connaît, un an après, une véritable avancée. A Bingerville, les quatre promoteurs immobiliers retenus pour bâtir 12.000 logements sont au travail. Outre les maisons témoins déjà construites par chaque opérateur, plusieurs bâtiments sont sortis de terre. Mieux, sur le site d’Ital Construzion, l’une de ces entreprises, les travaux de voiries, réseaux et divers (Vrd) ont été effectués. Les poteaux électriques pour alimenter le site en électricité, existent déjà. Les ouvriers sont également à la tâche. Au regard de toutes ces avancées lors d’une visite de terrain, samedi dernier, le ministre de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme (Mclau), en charge de cet important projet gouvernemental, a laissé éclater sa joie. « Je suis satisfait, le projet avance bien », s’est-il réjoui. En présence du Premier ministre, Daniel Kablan Duncan et de trois autres ministres, Mamadou Sanogo a invité les Ivoiriens qui sont encore en marge de ce programme à mettre fin aux polémiques et à prendre le train en marche. « La deuxième phase lancée le 6 février prendra fin le 4 avril prochain. Sous ce premier mandat du président de la République, nous ne comptons plus initier d’autres phases de pré-souscription », a-t-il prévenu. Le samedi 15 mars, le même constat a été fait sur le plus grand site de ce projet, à Songon. Cet espace de 439 hectares, situé sur la route de Bingerville, a été confié à 25 promoteurs qui devront réaliser plus de 65.000 logements. Ceux-ci ont non seulement achevé leurs maisons témoins, mais également, ils ont réalisé des maisons à un taux intéressant. Du coup, les souscripteurs ont le sourire. C’est le cas de Joëlle Kouakou qui a souscrit à une maison de trois pièces à 9, 8 millions F à Songon. « Au début, j’hésitais, car ne croyant pas au projet. Mais, lorsque je suis venue visiter le site, j’ai compris que l’Etat n’a d’autre choix que d’aller jusqu’au bout. Je rêve de tout payer afin de bénéficier d’un toit décent », a-t-elle indiqué. Madoussou Camara qui a souscrit à une maison de 4 pièces à 14 millions F, à Bingerville, ne dit pas autre chose. « Vraiment, j’invite ceux qui ont un minimum de revenus à prendre part au projet. Les choses avancent. Mon amie a pratiquement fini de solder pour son logement de deux pièces à 5 millions F. Il n’y a pas lieu d’hésiter », a-t-elle conseillé. Si ces deux dames se réjouissent, ce n’est tout de même pas le cas d’Eric B. Selon cet ouvrier dans une entreprise de la place, sa volonté de s’offrir un toit a vite buté sur les conditions fixées par le projet. « Après ma pré-souscription à 30.000 F, on me demande de payer des frais de dossier à 135.000 F, un apport initial qui est de 10% du coût de ma maison et une caution qui s’élève à 3,5% du coût du logement. Où vais-je trouver tout cet argent ?», s’est-il interrogé. Pour lui, contrairement à ce que le gouvernement a fait croire, le projet n’a rien de social. Cependant pour le ministre de la Construction, les souscripteurs doivent faire leur part de sacrifice. Selon l’autorité de tutelle, depuis le départ du projet, l’information a été livrée aux populations que ce n’est pas l’Etat qui allait construire les maisons. « C’est un partenariat public-privé. L’Etat facilite l’accès à la terre aux promoteurs, se charge des Vrd primaires et leur fait des facilités qu’ils doivent répercuter sur le coût final des logements », a fait savoir le ministre. Et d’ajouter : « ceux qui rêvent de l’Etat providence qui fait tout, doivent revenir à la réalité et profiter de cette occasion que leur offre le président de la République pour avoir un toit ». Pour M. Sanogo, toutes les dispositions ont été prises afin que quelle que soit la défaillance d’un opérateur, le projet aille à son terme. « Les sommes versées par les souscripteurs sont dans un compte séquestre. Les promoteurs n’ont pas accès à ces fonds tant qu’ils n’ont pas achevé de cons­truire les maisons. C’est pourquoi, nous avons choisi des opérateurs qui ont des financements », a-t-il souligné. Selon les promoteurs, si avant le début de la saison des pluies, les travaux de Vrd primaires, à savoir les caniveaux, les canalisations d’eau, l’électricité, etc. ne sont pas faits, cela risque de jouer sur les délais des travaux de construction des logements. Pour le porte-parole des opérateurs immobiliers de Bingerville, Cheick Koné, la balle est donc dans le camp de l’Etat qui a la charge de cette opération. Car, a-t-il relevé, si les Vrd sont faits, nombre d’opérateurs pourront livrer les premières maisons d’ici cinq mois. Jean-François Morro, représentant les entreprises de construction de Songon n’a pas non plus dit le contraire. « Nous sommes prêts, nous n’attendons que l’eau et l’électricité », a-t-il indiqué. L’autre préoccupation de ces sociétés, c’est le besoin d’être accompagnées par les banques afin de bénéficier de financements et réduire les prix des logements. « Si les taux d’intérêt sur nos prêts sont réduits, nous allons les répercuter sur le prix final du produit », a affirmé M. Koné. C’est la raison pour laquelle, il a demandé que les pouvoirs publics les aident à faire ce plaidoyer auprès des institutions de crédit. Enfin, les opérateurs veulent que les formalités à remplir pour bénéficier des exonérations fiscales soient simplifiées. Certes, Daniel Kablan Duncan promet que d’ici quel­ques jours, les moyens seront dégagés pour que les travaux de Vrd démarrent, mais force est de constater que le temps presse. La Côte d’Ivoire connaît un déficit structurel de 400 mille logements dont 200 mille pour la seule ville d’Abidjan, avec un accroissement de 40 mille par an. C’est ce qui a amené le gouvernement à lancer ce programme qui vise à construire 60 mille logements sociaux dont 50 mille dans l’agglomération d’Abidjan et dix mille à l’intérieur du pays, d’ici 2015. A ce jour, ce sont 71 chantiers repartis sur le territoire national qui ont commencé dans le cadre de ce projet. Les prix des logements sociaux vont de cinq à dix millions F. Pour les logements économiques, ils sont compris entre 10 et 15 millions F. Tout Ivoirien dont le revenu mensuel est inférieur à 400.000 F, qui n’est pas déjà propriétaire ou copropriétaire d’une maison, peut souscrire aux logements sociaux.

Ahua K.
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