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Société Publié le mercredi 2 avril 2014 | APA

Hausse des prix des journaux : vendeurs et lecteurs craignent une « chute » plus importante des ventes

© APA Par ISSOUF SANOGO
Un kiosque à journaux
Au premier jour de leur entrée en vigueur, mercredi, les nouveaux prix d’achat des journaux en Côte d’Ivoire sont jugés « chers » par les lecteurs et vendeurs qui craignent une « chute » encore plus importante de ventes des journaux, a constaté un journaliste de APA dans la capitale économique ivoirienne.

Depuis ce mercredi matin, pour s’offrir un quotidien, le lecteur doit débourser 300 FCFA contre 200 F et 500 FCFA pour le magazine ou l’hebdomadaire qui valait 300 FCFA. La mesure d’augmentation décidée par le Groupement des éditeurs de presse en Côte d’Ivoire (GEPCI) est entrée en vigueur.

Yopougon, commune à l’ouest d’Abidjan, devant un kiosque à journaux, les commentaires vont bon train sur cette majoration des prix des journaux. Avec des avis partagés.

Pour Mathurin Yavo, professeur des lycées, si l’augmentation « se justifie à en croire les explications des éditeurs », il n’en demeure pas moins que « le moment est mal choisi » pour le faire.

« Nous n’avons pas encore vu les effets de la revalorisation de nos salaires pour que les éditeurs nous contraignent à débourser plus en achetant les journaux », se lamente-t-il.

Une opinion que partage Daouda Coulibaly, cadre de banques. Pour lui, les éditeurs n’ont pas tenu compte du « pouvoir d’achat actuel des lecteurs » avant de fixer les nouveaux prix.

Arsène Kouassi, le jeune propriétaire dudit kiosque ne dit pas le contraire. « Tous mes clients qui s’offraient 4 à 5 journaux, sont passés ce matin sans même prendre un seul. Selon eux, ils vont se rabattre sur le net pour lire désormais les journaux devenus chers à leurs yeux » se désole M. Kouassi, appelant le GEPCI « à revoir ces nouveaux prix à la baisse » car « l’Ivoirien n’a pas d’argent ».

Pour Sita Ouattara, infirmière, si l’objectif de l’augmentation est de « renflouer les caisses des entreprises de presse, il faudrait que les journaux soient achetés ». Or, poursuit-elle, « avec ces prix, j’ai peur que la chute des ventes ne soit encore plus importante ».

Le vendeur Moumouni Koné, au Plateau (quartier administratif et centre d’affaires) est catégorique.

« Ce sont les éditeurs qui vont tuer leurs propres journaux par ces prix excessifs. D’habitude, à la mi-journée, je vendais 40 à 60 journaux toutes tendances confondues sur la centaine que je reçois. Aujourd’hui, je suis à moins d’une dizaine de journaux vendus à 12h52 », relate-t-il.

Il est rejoint par Florence Kouakou, qui tient une librairie. « Dans nos discussions avec le GEPCI sur la question, nous, vendeurs avions attiré leur attention sur le prix. Bon, ils ont dit que c’est une question de survie. La preuve aujourd’hui est que nos clients habituels sont devenus calculateurs avant d’acheter un journal » avance-t-elle.

Du côté des éditeurs, s’il est tôt pour apprécier l’impact de cette hausse, l’optimisme est, tout de même, de mise.

Eddy Péhé, Directeur de publication du quotidien Le Nouveau Réveil souligne, dans un entretien avec APA que « ce matin, j’ai reçu les mêmes appels que d’ordinaire des lecteurs qui critiquaient les articles chaque jour. Cela veut dire que leur habitude n’a pas changé en achetant le journal à 300 FCFA », se satisfait-il, précisant qu’il faut « attendre jusqu’à la fin de la journée » pour mieux « apprécier ».

Pour sa part, Magloire N’guessan, fonctionnaire au ministère de l’agriculture, estime que « de la qualité des journaux dépendra leur survie et non du prix d’achat ».

« Si les journaux offrent de grands articles bien écrits et fouillés qui intéressent les lecteurs, il est clair que le prix ne peut pas constituer un handicap mais si on nous propose des papiers insipides, c’est sûr que ce sera difficile… » juge M. N’guessan.

Sur la vingtaine de quotidiens, cinq (Le Patriote, Le Nouveau Réveil, Notre Voie, Soir Info et L’Inter) ont procédé au changement de leur charte graphique pour cette « rentrée » du 2 avril.
HS/ls/APA
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