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Société Publié le vendredi 13 juin 2014 | Le Monde d`Abidjan

Interview / Bamba Moussa Wamba (Président du mouvement "ADO solutions" – Belgique, Jeune entrepreneur)

Jeune ivoirien qui vit en Belgique, entrepreneur dans l’âme ayant des ambitieux projets, Bamba Moussa Wamba est de retour en Côte d’ivoire pour contribuer à l’émergence du pays.
Suite et fin de l’interview qu’il a bien voulu nous accorder.
"L’émergence pourrait être atteinte même bien avant 2020"

• Je suis là pour répondre à l’appel du Président de la république


Le président de la république veut une Côte d’Ivoire émergente à l’horizon 2020. Vous –y croyez ? Et sur quoi concrètement peut-on se baser pour espérer atteindre cet objectif ?
Evidement, j’y crois sinon je ne serai pas en Côte d’ivoire présentement. L’émergence se fait sentir par tout ce qu’on voit autour de nous. Le taux de croissance est à son meilleur niveau, ainsi que l’indice de sécurité se porte bien. On a le retour de la BAD, le retour des investisseurs… Tout ceci montre qu’on tend vers l’émergence. S’il y a une paix durable, car sans paix il ne peut avoir de développement, et que chacun de nous met un peu d’eau dans son vin, cet objectif est à notre portée. Je veux que nos détracteurs sachent qu’à cette l’allure, l’émergence pourrait être atteinte même bien avant 2020.

L’un des problèmes qui touchent les jeunes est le chômage. Vous en tant que jeune leader, quelles solutions pensez-vous qu’on puisse envisager pour le résoudre ?
Le fort taux de chômage est une réalité mais ce n’est pas nouveau. Ce problème existait avant même que le Président Alassane Ouattara n’arrive au pouvoir. Mais il l’a dit pendant la campagne, parce que c’est un homme de parole, que le problème du chômage des jeunes est une préoccupation majeure pour lui. Les actions qu’il a déjà posées en témoignent. Les ministères compétents tels que le ministère de la jeunesse et les autres sont à la tâche pour apporter une réponse définitive à ce problème.

Une solution que je propose de ma position de modeste citoyen, c’est de demander aux jeunes de se regrouper pour monter des projets dans les différents secteurs économiques et culturels parce que la culture est pourvoyeuse d’emplois. En somme, il faut encourager l’entrepreneuriat parce qu’on le sait, l’Etat ne peut pas employer tout le monde. Donc la solution c’est l’auto-emploi. Et moi, je suis un exemple car j’ai toujours privilégié l’entrepreneuriat. Puis, il faut aussi une véritable politique d’adéquation formation-emploi parce qu’il y a des filières qui sont ne reflètent pas les réalités du marché du travail actuellement en Côte d’Ivoire. Les jeunes doivent être bien informés avant de faire les choix de formation.

Comment la diaspora peut-elle aider à résoudre le problème du chômage ?
La diaspora compte aujourd’hui plus un millions 400 mille ivoiriens. C’est un atout non négligeable en termes d’investissement. Le gouvernement facilite le retour des ivoiriens de l’étranger en allégeant les formalités administratives afin de leur permettre de créer des entreprises en plus du soutien et l’accompagnement dont ils bénéficient lorsqu’ils souhaitent investir. Je voudrais ici saluer l’excellent travail que fait le Directeur Général des ivoiriens de l’étranger, Monsieur Konaté Issiaka. Lorsque je suis arrivé, c’est lui que j’ai appelé et j’ai émis le souhait de le rencontrer. Aussitôt, il m’a reçu et il m’a entretenu sur les facilités qui sont offertes aux ivoiriens vivant à l’étranger et qui veulent entrer pour participer au développement du pays.

Sur ce, je voudrais attirer l’attention du gouvernement sur un fait. La diaspora a des projets. Ceux qui reviennent souhaitent investir et créer de l’emploi pour les jeunes. Mais ces jeunes entreprises sont confrontées à la forte concurrence des multinationales qui s’arrachent tous les appels d’offre. Et celles-ci se contentent de la sous-traitance. Donc je pense que d’autres mécanismes doivent être trouvés pour qu’en dehors des appels d’offre, les jeunes entrepreneurs puissent eux aussi bénéficier de grands marchés pour faire leurs preuves sur le terrain. Il faut simplement leur faire confiance puisse qu’ils viennent contribuer à l’émergence. En ce qui me concerne, lorsqu’un marché est attribué à ma structure, je considère que c’est une partie du développement de la Côte d’Ivoire qui m’est confié et je l’exécute en toute responsabilité. En Belgique j’ai créé une structure qui organise des manifestions socioculturelles et des activités extrascolaires dans les écoles, de minifoot, de Djembé, de Zumba (danse rythmique) multisport, badminton chant et musique etc.… qui consistent à occuper les enfants avec une activité encadrée par un moniteur qualifié après les cours avant que leurs parents ne passent les chercher. J’ai sous ma responsabilité plus de 300 enfants encadrés par 5 moniteurs qualifiés. Et les marchés que j’ai obtenus dans ces 5 écoles sont des marchés de gré à gré. Des amis comme Copa Barry, des jeunes frères comme Cheick Tioté, Cissé Sékou et Roland Lama (international Belge) viennent me soutenir lorsque j’organise les finales. D’ailleurs je dois repartir à Bruxelles la semaine prochaine pour dix jours parce que chaque fin année, j’organise une fête dans ces écoles au cours desquelles, les enfants font des démonstrations de ce qu’ils on apprit au cours de nos activités. Il y a maintenant 7 ans que je fais cela avec autant de succès et les belges sont satisfaits de mon travail si bien la confiance s’est installé entre nous. Je pense que nos gouvernants devraient s’en inspirer en responsabilisant les jeunes entreprises pour leur permettre d’avoir des marchés et faire leurs preuves.

Vous personnellement, que faites-vous concrètement pour participer au développement de la Côte d’Ivoire ?
Je suis en Côte d’Ivoire depuis près de 7 mois maintenant. J’ai mis en place une entreprise dans le domaine du BTP et du commerce général avec des partenaires européens. Cette entreprise, pour coller à l’actualité, a été dénommée "EMERGENCE BUSINESS ". Donc nous sommes sur le terrain, nous travaillons petit à petit. Nous avons eu quelques marchés que nous avons bien exécutés malgré quelques difficultés dues à la malhonnêteté de certaines personnes. Mais cela a été une bonne expérience qui nous permet d’aller de l’avant. Aujourd’hui, nous avons quelques employés, donc nous participons en quelque sorte à la réduction du taux de chômage.

De nombreux jeunes qui veulent être comme vous, tentent l’aventure pour échapper aux difficultés locales. Pensez-vous que l’immigration vers l’occident est une solution au chômage ?
Peut être que je vais choquer certaines personnes. Je dirai oui une fois et non deux fois.

Pourquoi oui ? Parce que je suis un produit de l’immigration mais je suis pour l’immigration contrôlée. J’ai été footballeur professionnel. Après les clubs locaux, partir était une évidence donc je suis allé en Europe pour monnayer mes talents. Il est vrai que sur place, les choses ne se sont pas toujours bien passées pour moi. Mais j’ai eu la chance d’évoluer dans les clubs de 2ème et 3ème division avant d’être confronté aux problèmes de blessures qui ne m’ont pas permis de m’exprimer comme il le fallait. Après, je me suis reconvertis. Je me suis lancé dans l’entrepreneuriat. Je suis allé en Europe normalement parce qu’il y avait un club qui m’attendait et je savais concrètement où j’allais. C’est pourquoi je réponds oui. Il en va de même pour les artistes qui vont pour des concerts et des spectacles.

Par contre, je dis non à l’immigration tout azimut. On voit des personnes qui prennent toutes leurs économies, laissent leur emploi, vendent des biens familiaux puis se font un visa pour aller en Europe où parfois elles font des travaux très méprisants. Elles sont sans papiers et dorment dans des escaliers, squattent des maisons inachevées avec tous les risques et l’insécurité. Elles n’ont que leurs yeux pour pleurer. C’est très rabaissant et Je dis non, ce n’est pas normal. Regardez aujourd’hui combien de jeunes, espoirs de l’Afrique, qui parce qu’ils veulent traverser pour arriver l’autre côté. Les filles africaines qui se prostituent dans les rues des grandes capitales européennes. Les européens eux-mêmes font les boulots qu’ils refusaient avant. Ils font la plonge, ils sont maîtres-chiens, éboueurs et j’en passe parce qu’il y a la crise chez eux et il n’y a plus de travail. Partout en Europe ce sont des crises, des grèves, des marches… les européens s’expatrient vers la chine et même l’Afrique qui sont les nouveaux eldorados.
Quel est votre mot de fin ?
Je voudrais faire un clin d’œil à mon parti politique le Rdr. J’étais à la dernière réunion du bureau politique. J’ai vu les responsables du parti et je suis très fier du travail qu’ils abattent. Mais dans le même temps, je me rends compte du chemin parcouru. Certes, la conquête du pouvoir est difficile mais son exercice l’est encore plus surtout que les militants sont exigeants. Je félicite la direction du parti qui a su trouver les mots justes pour rassurer les militants. Je les encourage à continuer dans cette voix et à porter très haut les ambitions du Président de la république pour la Côte d’Ivoire. Je remercie aussi les militants pour leur compréhension. Il est vrai qu’ils attendent beaucoup mais tout ne pouvant pas être régler par des nominations ou par décrets ministériels. Il faut pouvoir s’organiser autrement. Les conditions sont créées pour permettre à chacun de s’insérer et les militants doivent s’y mettre.

Moi, je suis là parce que l’environnement des affaires est favorable donc tout le monde peut trouver pour son compte et ne pas toujours attendre qu’on soit nommé à un poste. Je voudrais dire que je suis très heureux d’être dans mon pays car on est mieux que chez soi. Je suis là pour non seulement relever le défi que je m’étais fais en montant dans l’avion pour la première fois en direction de l’Europe, mais surtout, pour répondre à l’appel du Président de la république qui nous a rendu visite en novembre 2011 et qui nous a demandé de rentrer au pays. Nous étions hésitants mais en voyant les réalisations aujourd’hui, je comprends qu’il a raison de le dire. Donc j’encourage les ivoiriens qui vivent à l’étranger à rentrer au pays et à investir.
Je voudrais dire merci a certains compagnons de lutte et responsable du RDR Benelux dont Monsieur Koné Inza (Directeur de campagne Europe Asie du Président) et Monsieur Ouattara Souhalio ( Président de la commission électorale Benelux ) qui m’ont adresser une lettre de soutien il ya un mois car pour eux, je suis un précurseur et un exemple du retour au pays .


Réalisée par Jean Levry
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