Littérature/ « Le fils de la femme-mâle » de M. Bandaman : la confrontation du vrai et du faux

« Ecoutez ! Ecoutez ! Gens d’ici. Et gens d’ailleurs. Ecoutez ma voix. Je vais vous dire une histoire. Cette histoire est un conte. Cette histoire est comme un conte ! Elle dit vrai. Elle dit faux. Le vrai n’est pas forcément vrai. Et le faux n’est pas forcément faux ! Le vrai et le faux sont un couple ! Gens d’ici ! Gens d’ailleurs ! Ecoutez ma voix ! Il étais une fois ». Tel est le prologue du conte romanesque de 172 pages écrit par l’écrivain Maurice Kouakou Bandaman, actuel ministre de la Culture et de la Francophonie. Nanti d’une expérience littéraire avisée, avec à la clé plusieurs publications d’ouvrages, cet ancien élève du Lycée Technique d’Abidjan est l’auteur de « Le fils de la femme-mâle ». Un roman publié chez L’Harmattan à Paris en 1993 et réédité par Frat Mat Editions, en 2013, dans sa collection plume d’or. Dans cette œuvre préfacée par Pierre N’da, professeur titulaire de lettres, l’auteur s’inscrit dans l’écriture des aventures imaginaires, le conte. Avec un style simple, l’auteur plonge, dans son récit, le lecteur dans une histoire, bien sûre imaginaire, d’un personnage insolite nommé Awlimba Tankan. Ce dernier est présenté dans ce récit sous trois facettes. Donc trois personnages en un. Tour à tour, chaque Tankan trouve la mort après l’accomplissement de sa mission. Le premier parti à la chasse, va se retrouver dans un autre monde onirique. Celui des personnages étranges où règne une vieille femme transformée en belle et frêle créature. Pour des services rendus à cette mystérieuse dame, Tankan reçoit comme récompense, un nouveau-né qui aura un aspect horrible. Le bébé se présente avec deux sexes, femme-homme. C’est à lui que reviendra la mission de transformer le monde après sa naissance. Tout le village reste captivé par la naissance de ce monstre sorti des entrailles de l’épouse de Tankan. Malheureusement, Tankan ne verra pas la mission de son fils. Car, il rendit l’âme après la venue de cet enfant terrible. Envoyé en ville par sa mère, Tankan 2 ne veut plus aller à l’école classique. L’énigmatique fils s’inscrit dans une autre école. Celle où il acquiert des connaissances auprès des espèces animales. Il côtoie avec joie, chien, cochon, éléphant, bélier, coq, pie, caméléon. Il entreprend de partir à la conquête du monde avec sa tête pleine de connaissances. Tankan sera interpellé par un redoutable dictateur qui le jette dans une île déserte. Il rendit l’âme bien avant la naissance d’un autre Tankan, son fils, appelé à poursuivre sa mission. Né dans des circonstances inaccoutumées, ce Tankan N°3 réussira à briser le mythe du dictateur roi au profit de son peuple, désormais libéré de son emprise. L’intrépide bienfaiteur ne perd pas le temps pour instaurer dans le village, une atmosphère pacifique, une justice sans précédent, une liberté et une solidarité acceptée de tous. Hélas, il est rattrapé à son tour, comme ses prédécesseurs, par la grande faucheuse. Dans l’ensemble, ‘’Le fils de la femme-mâle’’ est un roman insolite mais fascinant qui ne laisse personne indifférent. « Le fils de la femme-mâle est une œuvre composite, un récit hybride, un texte polymorphe. Il apparaît à la fois comme un long conte et un roman », dixit Pierre N’da, dans sa préface. Ce roman a valu à Maurice Bandaman le grand prix littéraire d’Afrique noire en 1993.

A Dinguy’s N