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Faits Divers Publié le jeudi 3 juillet 2014 | Nord-Sud

Capitaine Koné Hincléban, régisseur de la Maca : “Je sais comment la drogue entre à la Maca”

© Nord-Sud Par Marc Innocent
Célébration de la semaine de l`enfant: les mineurs de la MACA n`ont pas été oubliés
Vendredi 13 juin 2014. Abidjan. MACA. Dans le cas de la semaine de l`enfant, le ministère de la solidarité, de la famille, de la femme et de l`enfant a rendu visite aux mineurs détenus au Centre d`Observation des Mineurs de la maison d`arrêt et de correction d`Abidjan.
Le régisseur de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), révèle que le trafic de drogue est entretenu par certains geôliers.


Quel est le niveau de sécurité de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan?
Le niveau de sécurité de la Maca est préoccupant. Dans la mesure où nous n’arrivons pas à tout contrôler. Ce qui fait qu’on a tout le temps des problèmes liés à la sécurité au sein de la prison. Nous n’arrivons pas à vérifier tout ce qui entre dans la détention.

Pourquoi ?

Il y a des aspects qui nous échappent. Certains agents se rendent complices d’actes répréhensibles. Ils aident des détenus à se procurer des produits prohibés. Ils les cachent pour les faire entrer dans la prison. Cela se déroule lors des mouvements de foule. C'est-à-dire les jours de visites des parents aux prisonniers. Ils profitent aussi, tous les jours, aux environs de 18 heures, au moment où le véhicule transportant les détenus arrive du tribunal. Des gardes pénitentiaires exploitent ces instants pour introduire des substances psychotropes et autres objets interdits dans la prison. Il faut reconnaître que nous n’avons pas tout l’équipement nécessaire pour faire le contrôle à l’entrée du pénitencier. Les matins, il y a également des choses qui rentrent dans les cellules. Tout cela se fait en complicité avec certains agents.

Est-ce que des gardes ont été arrêtés et quels sont les produits prohibés qu’ils font entrer dans la prison?

Il n’y a pas encore d’arrestation. Cependant, nous avons des soupçons sur des agents. Des enquêtes sont en cours pour situer les responsabilités. On continue nos investigations pour mettre la main sur ces agents indélicats. A la suite des différentes fouilles, nous procédons à l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités. Récemment, une fouille des cellules a permis de saisir 35 plaquettes de Rivotril (substance psychotrope, Ndlr). C’est un agent qui avait tenté de faire introduire ce produit prohibé. A ce niveau, il y a une enquête qui est ouverte. La drogue circule. Tout ce qui est stupéfiant, drogue et boisson alcoolisée, circule avec la complicité de certains agents. On a essentiellement le cannabis, le chanvre indien. Cela nous a amené à prendre d’autres mesures.

Lesquelles ?

On a un service de fouille. J’ai mis en mission des éléments pour contrôler ce service de fouille. Il s’agit de faire la ‘’contre fouille’’. Ils font contrôler les agents du service de fouille. Cela nous a permis de réduire considérablement le trafic de drogue et autres stupéfiants.

Y-a-t-il des fouilles à l’intérieur des cellules?

Il n’y a pas de fouilles. Depuis notre prise de fonction, on a tenté de faire des fouilles à l’intérieur des cellules. Malheureusement, cette opération n’a pas eu lieu à cause du refus des détenus. On a déploré des pertes en vies humaines au niveau des prisonniers. Nous sommes obligés de nous replier.

Comment expliquez-vous le fait que des détenus s’opposent à une opération de fouille de cellules ?

Ce jour, nous avons mobilisé plus de 700 hommes, tous corps confondus, pour faire cette fouille. Pour éviter un carnage, on a été obligé d’arrêter l’opération. On avait les moyens, mais on a voulu préserver les vies humaines eu égard aux tensions que cette situation avait créées. Il y a eu des tirs pour éviter un affrontement de justesse. On a décidé de mettre fin à l’opération.

Nous avons recueilli des témoignages, le 18 juin dernier, faisant état de détenus possédant des téléphones portables. Est-ce que cela est normal?

Ce n’est pas normal. Il est interdit qu’un détenu possède un téléphone portable. Les textes sont clairs sur ce sujet. Nous sommes en train de lutter contre ces pratiques. Cette situation nous a conduit à faire récemment des fouilles au niveau du greffe. Quant on voit un détenu avec un téléphone, on le confisque. Mais à l’intérieur des cellules, c’est un peu difficile car cela peut provoquer des affrontements entre les prisonniers et les gardes. Des cellulaires ont été saisis que nous avons acheminés à la direction de l’administration pénitentiaire. On est en train de mettre en place un système de brouillage, concernant les communications téléphoniques, à l’intérieur de la prison. L’objectif est de faire en sorte que les téléphones portables ne puissent pas fonctionner au sein de la maison pénitentiaire.

Qu’est-ce que le portique de sécurité en construction va changer dans le système de sécurité de la Maca?

Le portique de sécurité va nous permettre de voir tout ce qui entre dans la détention. A savoir la drogue, les stupéfiants, les objets et tous les produits prohibés. Il y a aussi les armes. Parce qu’à l’intérieur, des détenus possèdent des armes blanches telles que les couteaux, les objets pointus. Grâce au portique, nous parviendrons à mettre la main sur ces armes. Les contrôles au scanner des colis, des véhicules et des personnes vont permettre de renforcer la sécurité dans les alentours et au sein de la Maca. Le poste de contrôle sera animé uniquement par des équipages de trois agents. Ces derniers sont en formation pour maîtriser les outils et le système de fonctionnement du portique. Ce sont des agents de bonne moralité. On a prévu faire une rotation au niveau des équipages de surveillance. L’objectif est d’éviter au maximum la corruption.

A partir de quand le portique sera-t-il fonctionnel?

Les travaux font durer trois mois. Ils ont commencé il y a déjà 45 jours et donc le délai de livraison est prévu pour fin août. Si tout se passe bien, le portique sera livré en août. Nous remercions le directeur de l’administration pénitentiaire et le garde des sceaux, ministre la Justice, des droits de l’homme et des libertés publiques pour avoir lancé les travaux de construction de ce portique de sécurité. En plus des moyens classiques de contrôle, cet outil va nous aider énormément dans la surveillance de tout ce qui entre et sort de la prison.

Pourquoi le transfèrement des détenus vers le Camp pénal de Bouaké n’est pas encore effectif?

Nous n’avons pas encore faire de program­mation dans ce sens. Mais on est en train d’étudier avec la hiérarchie les possibilités d’un transfèrement de détenus de la Maca vers le Camp pénal de Bouaké. Déjà la direction de l’administration pénitentiaire nous a demandé de faire une liste de 200 prisonniers pour les faire partir au Camp pénal.

Coulibaly Yacou alias Yacou le Chinois fera-t-il partie des prisonniers qui seront transférés ?

Pour l’instant, il ne fait pas partie de ceux qui doivent être transférés au Camp pénal. Nous sommes en train d’étudier le cas.

Mais il nous revient qu’il bénéficie de traitement particulier. Est-ce vrai?

Il a le même traitement que les autres détenus. Nous pensons qu’avec son appui, nous pourrons faire sortir les 200 détenus qui seront transférés au Camp pénal. En ce qui concerne Yacou le Chinois, c’est la direction de l’administration pénitentiaire qui va décider de son transfèrement ou non au Camp pénal. A mon niveau, il n’y a pas grand-chose le concernant.

Quelle est la date exacte du transfert de ces 200 détenus au Camp pénal ?

Nous n’avons pas encore la liste définitive. On n’a pas encore arrêté totalement cette liste. Nous nous attelons à dresser la liste des personnes qui devront être transférées, le mois prochain (en juillet, Ndlr) au Camp pénal.

Réalisée par Ouattara Moussa
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