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Afrique Publié le samedi 7 février 2015 | Xinhua

Mobilisation pour la sécurité sanitaire des aliments en Afrique, enjeu de performance économique (

YAOUNDE -- Deuxième région du monde la plus économiquement dynamique après l'Asie, l'Afrique peine cependant à développer son commerce, fragilisé par la permissivité des systèmes de contrôle alimentaire au sein des pays, pour laquelle un élan de mobilisation pour y remédier a été déclenché lors d'une réunion sur la sécurité sanitaire des aliments il y a une semaine à Yaoundé.

Sous l'égide de la Commission du Codex Alimentarius, organisme auquel il appartient, la 21e session du Comité FAO/OMS de coordination pour l'Afrique des normes alimentaires tenue du 27 au 30 janvier dans la capitale camerounaise a en effet insisté sur la nécessité de la mise en place de systèmes de contrôle alimentaires efficaces pour favoriser la performance des économies du continent.

"Il y a des milliers de normes qui s'appliquent à tous les pays, il suffit seulement d'avoir la volonté d'aller dans le sens de leur application et de leur intégration dans la règlementation nationale. C'est tout un système à mettre en place : les laboratoires, les structures de contrôle et surtout l'éveil de conscience des consommateurs eux-mêmes", a souligné à Xinhua Mahamadou Sako, expert malien.

Créée en 1963 à l'initiative de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l' Organisation mondiale de la santé (OMS), la Commission du Codex Alimentarius est un programme international basé à Genève en Suisse qui oeuvre pour l'harmonisation des normes qui, assure-t- elle, supprime les obstacles au commerce et permet d'améliorer la production locale.

En Afrique, l'Union africaine (UA) établit un constat selon lequel "actuellement il y a autant de systèmes de contrôle nationaux qu'il y a de pays, la majorité avec des autorités compétentes ou agences multiples", a relevé dans son exposé lors des assises organisées àYaoundé, Raphaël Coly, responsable au sein de l'organisation panafricaine.

Un cas, celui du Bénin où une série de décrets d'application d' une loi votée par l'Assemblée nationale en 1984 a donné lieu à une multitude d'intervenants de la chaîne de contrôle des aliments qui tarde toujours à convaincre pour son efficacité, d'après Jacques Hougbenou Houngla Egnon, en service à la direction de la santé alimentaire abritant le point focal national du Codex Alimentarius.

"L'efficacité n'est pas prouvée, a-t-il décrit dans un entretien à Xinhua, parce qu'il n'y a pas une coordination de toutes ces structures. Chaque structure se lève avec sa procédure et va travailler, et parfois les opérateurs économiques sont soumis au contrôle de deux à trois structures et ne savent plus parfois à quel saint se vouer".

Le système peine surtout à réaliser les résultats parce qu'"il y a des conflits d'attribution entre les institutions. Il y a les laboratoires qui sont sous-équipés. Les techniciens ont besoin d' être renforcés en formations sophistiquées concernant certaines analyses,comme les résidus de pesticides, les résidus de médicaments vétérinaires, etc.".

PRODUCTION RESPECTUEUSE DES NORMES

Avec le concours de la FAO et de l'OMS qui, à travers la mise en place du Codex Alimentarius, visent la protection de la santé des consommateurs et la promotion des pratiques loyales dans la commercialisation des denrées alimentaires, le Bénin s'est doté en 2012 d'un organisme spécifique, l'Agence de sécurité sanitaire des aliments, en cours de mise en place.

Sous le thème "pour une production agroalimentaire respectueuse des normes et des bonnes pratiques", la 21e session du Comité FAO/ OMS de coordination pour l'Afrique des normes alimentaires planchant sur le défi de la modernisation de l'agriculture avec à la clé l'augmentation de l'offre des produits alimentaires.

Pour le ministre camerounais des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique, Emmanuel Bondé, "nourrir les populations africaines d'aujourd'hui et de demain requiert des stratégies" qui,selon lui, impliquent la maîtrise de la qualité des importations et des exportations.

"Les gouvernements africains doivent nécessairement travailler pour la transformation de leurs systèmes de production alimentaire, pour renforcer la sécurité sanitaire des aliments", a-t-il prôné, se faisant l'écho d'un plaidoyer pour l'élaboration des normes Codex régionales pour le continent exprimé par les participants à la réunion marquée par la présence de la présidente de la Commission du Codex Alimentarius, Awilo Ochieng Pernet.

Certes, comme l'a jugé Mahamadou Sako, directeur général adjoint de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments du Mali et vice-président du Codex, "dans tout système, aussi performant soi-il,aucun service de contrôle n'arrivera à circonscrire totalement la circulation des produits malsains ou frelatés". Mais, ce phénomène se vit avec acuité en Afrique, réputée dépotoir de tels produits.

Dans le but d'accroître l'accès au marché international et la compétitivité du commerce alimentaire de ses Etats membres, l' Union africaine a créé en son sein en 2007 une Autorité en charge de la sécurité sanitaire accompagnée d'un Système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux.

Pour Mahamadou Sako, technologue alimentaire, la mise en place de ce mécanisme devra permettre d'avoir "des appuis pour renforcer les capacités de nos laboratoires. Sinon à l'étape actuelle, les laboratoires ne sont pas à la hauteur d'assurer le travail pour la fourniture des données et orienter les actions en matière de sécurité sanitaire des aliments".

Or, "dans un bon système de sécurité alimentaire des aliments, les laboratoires jouent un rôle très important pour la veille et la surveillance. Ils permettent d'orienter les actions des services techniques de contrôle et même la législation alimentaire. Parce que c'est sur la base des informations données par les laboratoires que les normes et les règlementations nationales doivent se fonder".

BESOINS DE LABORATOIRES SPECIALISES

Estimant qu'un pays ne peut seul combler ses besoins de laboratoires spécialisés, il préconise la mise en réseau entre divers pays de laboratoires de référence nationale."Par exemple, le Cameroun peut avoir un laboratoire pour les résidus de pesticides, le Gabon un laboratoire pour la bactériologie alimentaire, la RCA peut se spécialiser dans la recherche des microtoxines. Donc, ces laboratoires peuvent se mettre en réseau".

L'absence de système de surveillance et d'alerte rapide fait qu' un pays comme le Cameroun, caractérisé par des législations et des règlementations fragmentées, voit certains de ses produits d' exportation refoulés aux portes de l'Union européenne (UE) avec laquelle il est désormais lié par un accord de partenariat économique(APE) qui impose plus d'exigence pour le respect des normes.

Pour s'intégrer à la dynamique impulsée par la FAO et l'OMS, le gouvernement camerounais a créé en 2009 l'Agence des normes et de la qualité. Il travaille en ce moment sur l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique et de la stratégie de sécurité sanitaire des aliments. C'est le témoignage de l'importance aujourd'hui accordée à ce sujet comme enjeu de performance économique en Afrique.
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