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Art et Culture Publié le mercredi 3 juin 2015 | Le Sursaut

Rethab 2015 : la relance du théâtre ivoirien au menu des rencontres

Le Centre national des arts et de la culture (Cnac) essaie tant bien que mal de réunir les populations autour des ‘’Rencontres théâtrales d’Abidjan (Rethab)’’. Dr Alain Tailly veut relever le défi de la relance du théâtre en Côte d’Ivoire.

Responsable de l’établissement de création, de diffusion et de promotion dans le domaine des arts vivants, Alain Tailly entend ramener le public vers le théâtre. Cette cible s’étant trouvée d’autres sources de divertissement, c’est le sens contraire qui est emprunté pour que l’objectif soit atteint. Outre les espaces connus (Cnac Café-Théâtre, Institut français), le Rethab a orienté, du 28 au 30 mai dernier, ses rencontres vers des maquis à Cocody-Blockhauss, Yopougon-Carrefour Oasis et Allocodrome de Niangon, Abobo-Habitat, Adjamé-Forum, etc.
Dans la soirée du 28 mai, après deux représentations (Compagnies Abéwé et Assaf Ednard) au Village Abatta, sur la route de Bingerville, le Rethab s’est ‘’accosté ‘’ au Port royal, nom d’un maquis situé à Cocody-Blockhauss, en bordure de lagune. Ce soir-là, la troupe Makakomani devait se produire. Tambours, danse, chants et poèmes plongent le public dans «Souvenir d’Eburnie», titre de la pièce mise en scène par Ouattara Yao Joachim. Makakomani qui veut dire en langue Tagbana ‘’ la maîtrise de soi ‘’, existe depuis 1979. «Quand Porquet est décédé, rappelle Ouattara, j’ai arrêté car j’étais avec lui, Zadi et d’autres camarades. Je suis parti à la télévision (Rti) et d’autres sont allés aux Etats-Unis. Certains parmi ces anciens ont été recrutés par le Koteba », a fait savoir Ouattara Joachim. Avant Makakoumani, il avait créé en 1999 une troupe au sein de la Rti.
En 56 minutes, «Souvenir d’Eburnie» qu’il met en scène, exhorte les uns et les autres à « s’appuyer sur l’histoire pour construire le présent et préparer l’avenir».
En trois tableaux, il parcourt les trois âges de l’Afrique (avant colonisation, pendant et après indépendance). Aussi se base-t-il sur ses propres poèmes et sur les textes d’auteurs Négritudiens dont Césaire, Birago Diop, Niangoran Porquet, Bernard Zadi, Charles Nokan, Nguetta Zegue doua (Journaliste)… Des noms qui rappellent dans la décennie 1980-1990, les beaux jours du théâtre ivoirien. Théâtre populaire, théâtre rituel, mono théâtre, la griotique, etc.
Aujourd’hui, le théâtre n’attire pas à grande échelle le public ivoirien malgré des initiatives privées que sont le Festival international du théâtre d’Abidjan (Fitha) avec Delphine Yoboué, le Festival international sans frontières (Fitsaf). Cependant, ces efforts faits pour ne pas qu’il meurt sont à saluer. Le Rethab qui ne relève pas du privé, apporte par ailleurs un apport considérable pour appuyer la politique du retour du théâtre. D’où la satisfaction de l’homme de média et dramaturge Ouattara Yao Joachim. Pour le peu de temps qu’il interviendra dans «Souvenir d’Eburnie» qu’il a présenté avec une quinzaine de jeunes, Ouattara a affirmé : «Aujourd’hui, c’est jour de parole, nuit de parole, parole pour instruire, parole pour rappeler».
Pour lui, le théâtre est repris aujourd’hui parce qu’il «avait pignon sur rue, hier». De la fonction du théâtre dans la société, il ouvre une page de souvenir avec «C’est quoi même». Une pièce jouée pour la première fois en présence des autorités ivoiriennes dont Ekra Mathieu, Francis Ouégnin, chef du protocole d’Houphouët. Cette pièce avait interpellé positivement, se souvient le comédien, Félix Houphouët-Boigny après un rapport que lui avait fait Ouégnin. Ce qui fait dire au dramaturge Ouattara Yao Joachim que «ceux qui sont auprès des décideurs, doivent être des conseillers bien inspirés qui ont une base culturelle et savent ce que c’est la culture».
Des valeurs du travail qu’il véhicule dans cette pièce, le metteur en scène invite à «revaloriser l’Afrique» qui doit «être économiquement autonome». Parce que, dit-il le développement est culturel, spirituel et économique.
«Nous devons nous ressaisir. Le problème de l’Afrique se résume dans le fait que nous avons délaissé nos traditions. Nous ne devons pas nous battre, il faut avoir comme jadis des institutions fortes. Nos royaumes étaient forts. Nous avons tout perdu parce que nous ne nous appuyons pas sur nos traditions. Il faut prendre le côté positif de la tradition», conseille-t-il et de s’interroger : Qu’est-ce qui nous dit qu’en l’an 2020, nous aurons l’émergence si nous ne changeons pas de mentalité ? «Il n’est pas tard», encourage-t-il tout en appelant à «envisager l’avenir avec plus d’amour et de fraternité». Présenté à la clientèle du Port royal de Blockhauss, «Souvenir d’Eburnie» a retenu l’attention de certains spectateurs.
A l’Institut français d’Abidjan (Ifa), au Plateau, le public est venu voir «Je me présente», un spectacle d’humour de la compagnie «Rire Local» et mis en scène par Kodja Pierre. Pour la deuxième fois qu’il reçoit le Rethab, Abou Kamaté, directeur général adjoint du l’Ifa souligne la situation particulière du théâtre ivoirien depuis quelques années. «La lutte continue», encourage-t-il les initiatives autour de sa renaissance. Sur scène, Kouassi Kouadio Jean Hilarion va rappeler les beaux souvenirs du théâtre ivoirien avec les pièces Monsieur Togognini (Bernard Dadié), «L’œil» de ZadiZaourou. Avec des comédiens tels Bity Moro, Thérèse Taba, Ignace Alomo, Adjé Daniel, Diallo TicouaI Vincent… Qu’est-ce qu’il en est aujourd’hui ? «Aujourd’hui, se désole Hilarion dans son jeu, on a l’impression qu’il n’y a qu’à l’Insaac où on joue du théâtre». Son jeu presque autobiographique relève qu’il ne voulait faire que du théâtre «car la vie elle-même nous enseigne qu’elle est une scène de théâtre». Bon élève de l’école de théâtre à l’Insaac, il parcourt les pages de sa vie et porte des critiques sur la société. Quatre soirées théâtrales, trois foyers théâtraux, trois maquis théâtraux ont permis de rassembler les acteurs du théâtre ivoirien qui ont réfléchi sur la problématique de repositionnement de leur art qu’ils entendent repenser.

Koné SAYDOO
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