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Editorial Publié le mardi 7 juillet 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Contribution « La Prophétie de Gouzou » de Guy Amou,

Quand le peuple dit non aux pouvoirs corrompus ! privilégiant leurs intérêts égoïstes, les souffrances et prières de leurs victimes touchent le cœur sensible des dieux et des ancêtres. Ceux- ci se choisissent un mortel par qui la conscience sociale se consolide pour être la pierre d’achoppement qui favorisera le crépuscule des pouvoirs corrompus. Cela s’est déroulé récemment en Afrique du Nord, au Burkina Faso et dans le « Goukan », ce pays imaginaire africain dont parle Guy Amou dans son œuvre.

Guy Amou est un auteur canadien d’origine togolaise. Il arrache les admirations les plus profondes en raison de la diversité de ses compétences : c’est un scientifique de référence, un littéraire de référence, un promoteur culturel de référence. Il plaît à certains de l’appeler le « Philosophe savant » non seulement en raison de son apparence physique et connaissances qui épousent ces titres, mais surtout, en raison de son humilité Socratique : valeur requise pour le titre nobiliaire de philosophe.

Dans le domaine scientifique, Il est diplômé en mathématiques, en sciences naturelles, en sciences appliquées et chimie des matériaux, en architecture et urbanisme, en pharmacie…
Dans le domaine littéraire, il a une bibliographie riche de plus de dix œuvres dans les genres romanesque, poétique, théâtrale, nouvelliste…

Dans le domaine culturel et artistique de manière générale, il est artiste plasticien, animateur radio d’émissions culturelles et littéraires, et surtout le fondateur des Journées Africaines du Livre de Montréal (JOLAM). C’est un grand évènement qui célèbre le livre africain à Montréal avec une participation massive de plusieurs amoureux des lettres et écrivains de renom de tous les horizons. Guy Amou vit à Montréal depuis plus de 30 ans mais est fréquent en Afrique surtout à Abidjan dans le cadre de ses activités professionnelles.
« La prophétie de Gouzou » édité en 2014 aux éditions, ‘’La Bruyère’’ est un livre de 420 pages. L’absence d’illustration sur la couverture de cette œuvre étonne ses fidèles lecteurs, car l’auteur a l’habitude de faire les illustrations de ses propres œuvres. Le titre de ce livre inspire une énigme qui motive à n’avoir de paix qu’après l’avoir lu. Les interrogations se multiplient sur le titre de l’œuvre : « Gouzou » a une onomastique africaine. Et le vocable « prophétie » est un référentiel religieux. Qu’est-ce que cet auteur qui semble être en apparence « un blanc peint en noir » plus rationnel que superstitieux et fondamentaliste, peut vouloir transmettre comme message dans ce volumineux livre au titre et paratexte qui créent des démangeaisons de curiosités ? N’est-ce pas une sorte de « Ainsi parlait Zarathoustra » du philosophe Nietzsche ?
C’est en le lisant que l’on découvre que Guy Amou a certes vécu la plus grande partie de sa vie à l’étranger, mais ses racines pour sa terre d’origine sont d’une solidité incorruptible. Il le dit dans l’une de ses œuvres poétiques intitulée « Les racines du bonkul rêvent de silence » :

« Si le baobab refuse de s’émouvoir
Des états d’âme de ses branches
C’est que, depuis toujours,
Ses certitudes sont aliénées
Au silence de ses racines ».

L’auteur a une plume « artistique » : il sait créer le beau, c’est un architecte initié des belles phrases. Il met un soin exquis sur ce détail avec un vocabulaire opulent. L’oralité dans cette œuvre est orfèvre, et elle s’emploie avec une maîtrise innée, empruntée aux mythiques griots de l’Afrique originale et originelle. Tout cela lubrifie la lecture dans l’esprit du lecteur, la rend digeste et dynamique. Le récit de cette œuvre se déroule entre le Canada et le « Goukan », un pays imaginaire d’Afrique. C’est l’histoire de trois jeunes hommes qui font des études universitaires à Montréal. Les exigences de l’insertion professionnelle les séparent un moment et permet à deux d’entre eux Edem (le personnage principal) et Daniel dit le Gaucho de se retrouver dans le Goukan, (le pays d’Edem) pour la mise en œuvre d’une industrie de transformation de matière première de la région. La réalisation de ce projet est délicate. Il fait l’objet d’appétits malsains des dirigeants politiques avec la complicité de la Chine. Le retour d’Edem au pays natal le guidera vers son destin messianique pour son peuple. Il était le messie attendu par le prophète Gouzou pour la réalisation de sa prophétie : celle d’un Goukan démocratique exorcisé des démons spirituels et physiques qui œuvraient à contre courant. Edem ne connut pas le prophète Gouzou qui était déjà mort lorsqu’il fit son retour au pays. Mais, les œuvres héroïques de ce prophète en faveur du bien- être de son peuple lui donnèrent une mémoire vénérée et mystique. Bien qu’étant dans le monde des morts « l’ébrô » pour pasticher Jean-Marie Adiaffi, le prophète Gouzou intervenait quotidiennement dans le monde naturel. C’est en cela qu’il a pu aider Edem à réussir la mission que les ancêtres lui avaient destinée pour le salut de son peuple.

La lecture de « la prophétie de Gouzou » fait rappeler une expression chère au professeur Dailly Iroko Christophe : « la totalisation » ; mais encore plus ce que l’écrivain Wole Soyinka a appelé « totalisme cosmique » qui est l’existence de l’interaction entre le monde des vivants et celui des morts « les ancêtres », qui veillent sur les vivants. Il le montre à la page 297 : « l’arbre dont l’ombre nous repose le mieux des émois de midi est celui qu’ont planté nos ancêtres ».

Dans ce livre, tous font référence au prophète Gouzou, même le président de la république. Cela pourrait donner l’impression d’une sorte de superstition anachronique dans une communauté qui aspire au modernisme. Mais, quelle est la position de l’auteur quand il oriente sa plume ainsi ? En fait, il insiste sur l’importance et la défense de « la terre ». C’est un appel au patriotisme. Il ne s’agit nullement d’un patriotisme populiste utile pour des démagogies électorales, mais d’un patriotisme au prix du sang utile pour le développement et le progrès de tous. Ce patriotisme qui motive à défier les tyrans qui font de la pratique exécrable de la démocratie, une seconde nature africaine. Ce patriotisme du « crépuscule des idoles » (titre d’une œuvre de Martin Heidegger) des régimes dictatoriaux de l’Afrique.

Si la colonisation nous enseignait le mépris de notre culture comme le disait Frantz Fanon dans son œuvre « les damnés de la terre », cela a créé chez plusieurs, « le mal-être spirituel du noir » pour reprendre l’expression de Tiburce Koffi, qui est le titre de l’un de ses ouvrages. Le choix pour l’auteur d’un immigré qui revient sur sa terre natale pour contribuer à son développement au prix de son sang sans aucun complexe spirituel et culturel n’est pas fortuit. Le personnage principal n’eut pas besoin de « retropicalisation » ni d’adopter devant quiconque un complexe de supériorité comme c’est le quotidien. Le message de l’auteur est fort : « Nous nous sommes levés afin que demain soit guéri des chancèlements d’hier » : page 323.

En somme, « la prophétie de Gouzou » à travers les actes et l’œuvre d’Edem est celui « de l’Africain désaliéné qui réinventera l’œuf de sa propre modernité » comme le disait Jean-Marie Adiaffi. Edem, est chacun de nous qui vivons sur notre terre comme loin de notre terre, et qui devons répondre à l’appel des ancêtres pour la mission patriotique d’œuvrer réellement à la défense et au développement de nos terres, et à l’entretient des valeurs qui leurs sont chers.

Yahn AKA
Ecrivain –éditeur
yahn@yahnaka.com
www.yahnaka.com
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