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Politique Publié le lundi 30 novembre 2015 | Ivoire-Presse

PDCI-Parti unifié, leurre ou réalité (Une analyse de Cissé Bacongo)

© Ivoire-Presse Par DR
Concours de la fonction publique / le ministre Cissé Bacongo rencontre les jeunes en quêtes d`emploi
Le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, CISSE Ibrahima, a reçu le mercredi 14 octobre 2015, à son Cabinet sis au Plateau, la Coalition des Jeunes en Quête d’Emploi (CJQE) conduite par son Président Aimé AMANGOUA.
«Excellence Monsieur le Président de la République, la question du parti unifié n’est pas une priorité aujourd’hui pour nous au PDCI, ni, à plus forte raison, une urgence. Les Statuts et le Règlement Intérieur de notre parti prévoient, en la matière, les règles que nous devons respecter, en vue de la dissolution de notre parti, de la liquidation et de la dévolution de son patrimoine au parti unifié à créer. L’application de ces règles va se traduire par de nombreuses consultations et des réunions de nos différentes instances statutaires ; cela peut prendre plusieurs mois, voire des années. C’est pour cette raison que je n’ai pas jugé nécessaire de traiter de cette question, dans le rapport que je présente, même si notre dernier Bureau Politique conjoint en a parlé, comme vous venez de le rappeler, à juste titre». Telle est la réponse du Pr. Alphonse Djédjé Mady, alors Président du Directoire du RHDP, au Président Alassane Ouattara, sur l’absence de toute référence au parti unifié dans le Rapport d’activités du Directoire qu’il venait de présenter. C’était lors des débats, à la Session Extraordinaire de la Conférence des Présidents du RHDP élargie aux Forces Nouvelles, qui s’est tenue le mardi 29 mars 2011, bien évidemment à l’Hôtel du Golf. N’est-ce pas alors une boutade sinon un simple leurre, de la part du Président Henri Konan Bédié s’exprimant récemment sur cette question du parti unifié, lorsqu’il demande aux autres partis membre du RHDP de revenir au PDCI, sans autre forme de procès !? En tous les cas, la déclaration du «Sphinx» suscite actuellement une montée d’adrénaline dans les états-major politiques. Globalement, la passion semble l’emporter sur la raison, dans les débats qui ont cours, depuis quelques jours, par presse interposée, entre partisans et adversaires. On a l’impression que tout le monde est à la fois pour et contre, chacun avec ses motivations personnelles inavouées camouflées par des considérations généreuses et générales. Aussi, convient-il de rassurer et d’éteindre le feu qui couvre dans la maison du RHDP.

Est-il besoin de rappeler que la création d’un parti unifié entre les partis membre du RHDP n’est pas une fin en soi. Elle vise un objectif, à savoir la conquête du pouvoir d’Etat et son exercice. Tel est également l’objectif qui a été assigné à l’Alliance stratégique du RHDP, à sa naissance.

A cet égard, il serait difficile de nier que le RHDP a tenu toutes ses promesses. D’abord, grâce à sa cohésion et à son unité d’actions, il a arraché, au régime FPI, les conditions d’élections équitables, justes, inclusives, libres et transparentes. Ensuite, aux présidentielles de 2010, il s’est mobilisé pour soutenir, au second tour, le candidat du RDR, avant de l’asseoir dans le fauteuil, après avoir fait échec à l’imposture, dans l’épreuve, la douleur et le deuil. Puis, de 2011 à 2015, l’Alliance a géré le pays, suivant les valeurs d’amour, de fraternité, de dialogue, d’égalité, d’intégrité, d’humanisme, de paix et de tolérance, dans la stabilité et a réalisé un bilan plus qu’élogieux, qui a valu à son candidat unique, le Président de la République, Alassane Ouattara, d’être reconduit aux dernières élections présidentielles du 25 octobre 2015, au premier tour, pour un nouveau mandat de 5 ans, avec le taux de participation et le score qu’on connaît.

Dans ces conditions, la volonté de créer un parti unifié ne peut viser qu’à renforcer et à couler dans du marbre l’Alliance du RHDP. Elle doit reposer sur une construction et non partir d’une donnée. Et pour cause !

Les partis sortis des entrailles du PDCI, à partir de 1994, certains par césarienne et d’autres par accouchement normal, ont construit leur propre histoire faite d’affinités de pensées, de camaraderies militantes, de connivences et de souvenirs heureux et douloureux entre leurs militants. Ces partis ont cristallisé les espoirs et porté les rêves de milliers d’ivoiriennes et d’ivoiriens. Ils se sont forgé une identité et une personnalité, pour s’imposer sur l’échiquier politique national et la scène internationale.

Aussi, la création du parti unifié va-t-elle consacrer, entre les enfants du même père, des retrouvailles, qui ne peuvent pas s’accommoder d’amertumes, d’appréhensions, de préventions, ni, encore moins, de ressentiments. Ces retrouvailles doivent se faire dans la confiance réciproque, la légèreté d’âme et sans aucun traumatisme, ni quelque trouble de l’esprit. C’est pourquoi, il y a lieu de donner raison au Pr Alphonse Djédjé Mady.

Le parti unifié devra être construit sur les cendres de tous partis existants. Ses règles d’organisation, de fonctionnement et de gouvernance doivent être définies, sur le socle de l’Idéal de l’Houphouëtisme, de façon consensuelle, avec lucidité, sans passion ni précipitation, sous l’éclairage des leçons du passé douloureux commun et en ayant pour seule préoccupation l’exercice du pouvoir dans la durée. Pour ce faire, il convient de mettre à contribution toutes les compétences et tous les sachant. Faute de quoi, il y a de lieu de craindre que le bébé soit un mort-né, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Ainsi, la déclaration du Président Bédié ne saurait être analysée comme la chronique d’une alternance avant l’heure annoncée, à cause de la dénomination du parti unifié qu’elle suggère, simplement parce qu’il ne peut avoir d’alternance, au sens démocratique, au sein d’un même parti. Cette déclaration ne peut qu’être un leurre. Il faut en donner acte à son auteur.

Car, a priori et seulement a priori, il importe peu que le nouveau parti s’appelle PDCI, PDCI-RDR, PDCI-RDR-UDPCI, PDCI-RDR-UDPCI-MFA, PDCI-RDR-UDPCI-MFA-UPCI ou RHDP. Sans doute, la dénomination retenue pourrait susciter des crispations, sinon des frustrations ou des rancœurs. Mais, ces états d’âme pourront être tempérés par la confiance dans l’organisation, le fonctionnement et la gouvernance, qui seront mis en place.

Concluons. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La création du parti unifié procède d’une vision, celle d’une Côte d’Ivoire qui se réconcilie avec ses fondamentaux que sont sa devise «Union-Discipline-Travail», son hymne national, l’Abidjanaise «Salut, ô Terre d’espérance (…)», en somme la vision de donner à notre pays une nouvelle chance de redevenir une terre d’espérance et la patrie de la vraie fraternité, après tant d’années d’égarements et d’errements, qui ont failli avoir raison de ses ambitions et de ses rêves.

La réalisation de cette vision n’est pas au-dessus de nos forces, si nous le voulons. Chacun doit apporter sa contribution intellectuelle, matérielle, morale et politique à l’effort nécessaire. En tout état de cause, il nous faut faire confiance à l’intelligence et au sens élevé de l’Etat et de l’intérêt national des leaders des formations politiques concernées, pour trouver les meilleurs compromis possible, afin de bâtir le parti unifié sur du roc, faute de trouver d’autres moyens permettant de renforcer davantage l’Alliance du RHDP, qui a fait ses preuves.

Alors, nous mettrons, durablement, sinon définitivement, notre pays à l’abri de tous les périls auxquels pourraient l’exposer les divisions et les querelles intestines nées des petits calculs de sérail et de l’expression des ambitions personnelles mal maîtrisées.



CISSE Ibrahim Bacongo
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