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Société Publié le mercredi 9 décembre 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Gnamien David Gole Bi, officier des douanes et écrivain: taxer les douaniers de corrompus, c’est mal connaître l’administration douanière

Gnamien David Gole Bi est officier des Douanes et il a plusieurs arcs à son cou. ‘’Les vers de Corrupthius’’ est sa première œuvre poétique qui lui a valu de remporter la médaille de bronze dans la catégorie innovation stylistique du concours Bissa, en hommage au Professeur Bernard Zadi Zaourou. Dans un entretien qu’il nous a accordé, le douanier-écrivain estime que contrairement à l’opinion publique, l’administration douanière est une administration de mérite très peu trempée dans la corruption.

Il est généralement rare de voir des hommes en tenue s’adonner à l’écriture. D’où vous est venue cette passion?
Vous le dites vous-même, il est rare de voir les hommes en tenue produire des œuvres littéraires, mais ce n’est pas chose impossible. En fait, c’est l’idée que l’opinion publique se fait des hommes en tenue qui vous donnent l’impression qu’ils ne sont pas à même de produire une œuvre de l’esprit. Les hommes en tenue sont généralement perçus comme des individus formatés, aptes pour exécuter des ordres et donc inaptes à la réflexion. C’est une méprise. Si vous côtoyez ceux que vous appeler hommes en tenue, vous verrez que l’on y trouve des juristes, des psychologues, des médecins… bref, des hommes instruits. En ce qui me concerne, je voudrais rappeler, que l’écriture est un art. Et comme tout art, son exercice requiert une prédisposition spéciale. Cette prédisposition s’est révélée au cours de mes années de lycée avec l’étude des auteurs de la négritude comme Aimé Césaire, Léopold Séda Senghor. Il y a aussi le poète français Charles Baudelaire qui m’a beaucoup fasciné.

A lire votre œuvre, on s’aperçoit que toutes les composantes de la société sont gagnées par le démon corrupteur.
Ce n’est pas l’ouvrage ’’ Les vers de Corrupthius ‘’ qui présente notre société comme une société corrompue. Mon œuvre ne fait que faire le constat d’une réalité triste et amère. Et vous qui êtes journaliste, vous ne me direz pas le contraire.

Comment les douanes, votre famille professionnelle ont-t-elles accueilli votre œuvre qui met à nu la laideur de la corruption ?
Taxer les douaniers de corrompus, c’est mal connaître l’Administration des douanes. Cette administration élitiste dont les missions fiscales et économiques sont déterminantes pour l’économie d’un pays ne saurait s’accommoder d’un fléau si grave et dangereux comme la corruption. Je ne dis pas que jamais un ou deux douaniers n’ont succombé à la tentation de la corruption. Mais, ce que je veux dire, c’est qu’au sein de notre corporation, les cas de corruption sont rares et ne sont nullement la norme. Des voix plus autorisées pourront d’ailleurs vous confirmer mes propos. Par ailleurs, s’il y a corruption, dans le milieu douanier, je vous exhorte vivement à regarder du côté des corrupteurs. La solution à la question s’y trouve, incontestablement. Pour ce qui est de l’accueil réservé à l’ouvrage, sachez que les douaniers dans leur grande majorité sont fiers de la publication de cette œuvre qui vient convaincre les plus septiques quant au fait que leur administration est composée par d’élites.

Deux années après sa publication, quel succès connaît votre œuvre ?
C’est à vous, les journalistes, que je devrais poser cette question. N’est-ce pas que vous êtes de ceux qui détiennent les véritables baromètres du succès d’une œuvre ? Pour parler plus sérieusement, je dirais que l’ouvrage a connu un succès non négligeable au point que certains collègues me connaissent plus en tant qu’écrivain que douanier. Mais voyez-vous, le succès d’une œuvre ne se juge pas au bout d’une ou deux années. L’œuvre littéraire est frappée du sceau de l’éternité et c’est dans le temps que l’on jugera le mieux le succès d’une œuvre. Pour nous, la promotion de l’ouvrage continue et nous avons grand espoir, qu’un jour, les gouvernants s’engageront véritablement avec nous dans la lutte contre la corruption. Et, déciderons d’insérer cet ouvrage dans le programme scolaire afin d’inculquer aux dirigeants de demain la culture de la probité et de l’excellence.

René Yedieti, président de l’association des libraires de Côte d’Ivoire dans une récente interview a estimé que le prix de la bière revenait plus cher que le livre. Il donnait une réponse aux tenants de la thèse selon laquelle le livre en Côte d’Ivoire est couteux.
Le livre n’est pas cher. Les Africains pensent que le livre est cher parce qu’ils n’ont pas encore pris la mesure du trésor que peut apporter la lecture. Et puis, il faut dire que le taux d’alphabétisation dans nos sociétés est à prendre en compte dans l’analyse du problème lié au goût et au coût du livre. Goût ne rime-t-il pas avec coût ? Petite anecdote : A la foire du livre de Bruxelles en 2013, mon ouvrage était vendu à seize Euro, l’équivalent de dix mille quatre cents francs Cfa ; mais les livres se sont arrachés comme des petits pains. En revanche, et tenant compte des réalités de nos pays, nous avons procédé à une deuxième édition avec un éditeur local au prix de trois mille francs l’unité. Le succès commercial n’en a pas été plus spectaculaire. Il faut donc retenir que la question de la cherté du livre est une question qui trouvera sa solution dans la prise de conscience des Africains.

Envisagez-vous la publication d’une seconde œuvre ?
Oui ! bien sûr que j’envisage la publication d’une seconde voire d’une troisième œuvre. Des manuscrits sont déjà prêts. Mon souci cependant, c’est de publier une œuvre accessible à tous, après les critiques relatives à la première œuvre jugée hermétique et inaccessible du genre poétique dont je raffole par ailleurs. Je travaille donc dans ce sens et très bientôt, je vous donnerai l’exclusivité de la prochaine parution. Je profite de l’occasion pour remercier tous mes lecteurs, tous ceux qui de près ou de loin ont contribué et contribuent à la promotion de l’ouvrage ’’ les vers de Corrupthius’’ et par ricochet, à la promotion des valeurs éthiques. Je voudrais exprimer ici ma profonde gratitude, à vous en particulier et à vos collègues des média, pour avoir résolument pris, avec moi, le parti des grandes vertus.

Ernest Famin
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