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Société Publié le samedi 12 décembre 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton: dans les bureaux et dans les champs

Selon des statistiques, le continent africain, du moins l’Afrique noire, est le contient où on travaille le moins. L’une des plus grandes causes se situe ou est due à la chaleur, au soleil. Pas à discuter. D’ailleurs tous les pays sous les tropiques ont des faibles taux de rendement. Valable dans les vingt premières années de nos indépendances, est-il possible de parler de chaleur pour expliquer le peu de rendement dans le travail des Africains ? Tous les bureaux, dans tous les pays africains, sont équipés de climatiseurs que des travailleurs n’éteignent même pas avant de rentrer chez eux. Malgré les bureaux qui sont devenus comme des pays tempérés grâce aux climatiseurs, les pays africains continuent de dégringoler dans le rendement et l’assiduité au travail. Des spots, à la télé, produits par le ministère de la Fonction publique, demandent aux fonctionnaires de venir et de repartir à l’heure et qu’après un moment de sensibilisation, des visites inopinées seront faites dans les services. Combien de fois a-t-on annoncé de tels propos ? Quelle année la Fonction publique n’a-t-elle pas diffusé de tels communiqués ? Depuis adolescent, j’entends la radio demander aux fonctionnaires d’arriver au travail et de repartir après l’heure. Mais rien n’y fit. On connaît le refrain. C’est hoba-hoba. « Ils vont parler au début et après plus rien. » Les gens sont habitués, effectivement, à la même rengaine. Une campagne est lancée avec fracas et après, plus rien. Souvent, c’est le ministre qui quitte son poste ou même le gouvernement. Le quotidien, les évènements politiques, sociaux ou sportifs relèguent au troisième plan ou à l’oubli le suivi des horaires de travail. Sans oublier la chanson habituelle des moyens de transport. J’ai eu un responsable de personnel qui venait d’Allemagne où il fit une vingtaine d’années. Il nous a appris à venir avant l’heure. Venir à l’heure c’est bien mais le travailleur doit se trouver à son poste avant l’heure. Dix minutes ou quinze minutes avant. C’est vrai qu’en étant de l’entreprise nous étions formatés à être à l’heure et repartir après l’heure. Et se montrer efficace dans les heures de travail. Et non passer des heures à causer de tout et de rien. Ce problème d’horaire, dans la Fonction publique, se pose dans presque tous les pays négro-africains. Dans certains pays africains, j’ai vu même des travailleurs du privé arriver régulièrement soixante minutes après l’heure. Et pourtant, un seul pays, du moins un seul président de la République, à ma connaissance, a mis au pas les travailleurs de son pays. Comme on le sait, tous, il s’agit du Président Kountché lors de ses années de pouvoir au Niger. Chaque jour, en partant au palais présidentiel, il faisait une visite inopinée dans une administration. C’est vrai qu’étant chef d’Etat il était plus craint et qu’il était aussi un militaire qui dormait très peu. En plus, c’était l’époque heureuse du parti unique. Toutefois, concernant le travail des fonctionnaires, on manque de lucidité. Car la plupart des fonctionnaires sont efficaces comme dans l’entreprise. Les enseignants, les magistrats, les forces de sécurité, ceux des impôts, du trésor, de la douane. Sans doute d’autres corps. Dire que les Africains ne travaillent pas beaucoup c’est ne pas prendre en compte les travailleurs des champs et des forêts. Ils quittent le village, dès l’aube, et marchent cinq à dix kilomètres pour atteindre leurs champs ou leurs plantations dans lesquels ils travaillent sous un soleil pénible et avec du matériel archaïque. On comprend pourquoi Félix Houphouët-Boigny, dans presque tous ses discours, rendait hommage à « nos valeureux paysans et cultivateurs. » Quels sont ceux, dans nos villes africaines et en Europe, peuvent avoir plus d’intensité de travail qu’eux, tout en vivant dans des conditions précaires. On doit les célébrer en masse. Faire en sorte que le citadin, les jeunes désœuvrés comprennent que le chômage n’est pas une fatalité et que la terre n’exige pas de demande d’emploi, encore moins passer un concours ou un test pour s’y approprier. On doit montrer à ces jeunes épris de bureaux que le monde rural peut rapporter plus que la ville. Ils oublient que le transport, le logement, la nourriture dans une ville placent le fonctionnaire, le travailleur, en ville, dans le rôle d’un pauvre modernisé. En tenant compte de ce qui lui reste, après ses dépenses, il peut constater que le paysan ou le planteur gagne largement plus que lui. Tout ce qui crée la réticence d’aller en « brousse », c’est le manque de loisirs à la carte. Plus que jamais on doit multiplier les centres de loisirs dans le monde paysan. Dans ce domaine, on ne peut pas parler de moyens financiers ou matériels. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
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