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Société Publié le mercredi 14 septembre 2016 | Alerte Info

Côte d’Ivoire: la violence, le moyen d’actions des "microbes" et "gnambros" (PAPIER D’ANGLE)

© Alerte Info Par DR
La Police nationale avec l’appui du CDDO et de la gendarmerie nationale lance l’opération épervier contre les « Microbes » à Abidjan
Mercredi 18 mai 2016. La Police nationale avec l’appui du CDDO et de la gendarmerie nationale lance l’opération épervier contre les « Microbes » à Abidjan. Bilan partiel : 248 présumés délinquants en majorité des mineurs interpellés.
En Côte d’Ivoire, au-delà de certains cas isolés d’insécurité classique: cambriolages, vols de nuit, braquages (...), deux groupes constitués aux traits assez proches,les loubards des gares routières, communément appelés "gnambros" et les "les microbes", les adolescents délinquants des quartiers mènent la vie dure aux ivoiriens par leur caractère violent.


"Armés de couteaux, machettes, lames, ciseaux, bagues pointues, gourdins, ces groupes ont fait de la violence le principal moyen de se faire comprendre et obtenir ce qu’ils veulent", confie sous couvert de l’anonymat un quarantenaire, conducteur de minicar, "gbaka", assurant la liaison entre les communes d’Adjamé, au Nord d’Abidjan à celle de Marcory au Sud.

"Pour garder le monopole des gares routières ivoiriennes et s’assurer une autonomie financière", le phénomène des "gnambros a vu le jour dans les années 90" à l’initiative du vieux "Syndicat national des transporteurs de marchandises en Côte d’Ivoire (SNTM-CI) qui a recruté des loubards pour racketter les conducteurs", révèle le président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire Adama Touré.

La multiplication des syndicats en moins d’une décennie à la faveur d’un climat d’instabilité (coup d’Etat du Général Robert Gueï contre Henri Konan Bédié (1999), la crise post-électorale de 2000, le début de la rébellion armée et la partition du pays en 2002) a fait place à une floraison de ces bras séculiers.

C’est dans un contexte similaire que sont nés les "microbes", ces adolescents armés de machettes et autres armes blanches devenus tristement célèbres aux lendemains de la crise post-électorale de 2010 et la crise militaro-politique qui s’en est suivie.

Comme le "gnambro", le "microbe" ne s’aventure jamais seul sur un terrain. Par petits groupes, en général en gangs, ils règnent en maître dans une zone bien déterminée. Si les "gnambros" sont des spécialistes des gares routières, les "microbes" eux, prolifèrent dans tous les milieux. Autonomes, ils n’agissent que dans leurs propres intérêts et n’obéissent qu’à l’un des leurs qu’ils reconnaissent comme leur unique chef. Une véritable "gangrène" pour la société ivoirienne, selon Adama Touré qui dit "se battre contre ces gnambros".

Aucune population (vulnérable ou pas) ne leur échappe. Pour les plus nantis, les véhicules personnels avec lesquels ils évitent la furie des gares leur permettent de ne pas savoir grand-chose des "gnambros". Mais une fois descendus de leur bulle de sécurité, ils ne peuvent se soustraire au rayon d’actions des "microbes" qui ne font aucune différence entre les individus et n’attendent pas d’être dans un endroit spécifique pour agir. En pleine rue, dans des cérémonies de réjouissance comme dans les circonstances douloureuses, ils peuvent frapper à tout moment, même l’heure importe peu.

La finalité de tout cet acharnement de violence est une pitance de subsistance. Quel que soit le montant, tout est bon à prendre pour ces "gnambros" et "microbes", mais depuis peu, ces gangs réclament toujours plus à leurs victimes, allant jusqu’à les dépouiller souvent de tous leurs biens. Des téléphones et ordinateurs portables, bouteilles de gaz, chaussures, montres, bijoux, téléviseurs (…), qu’ils liquident par la suite sur le marché noir.

Localisés initialement dans les quartiers populaires d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, ces groupes organisés sont désormais perceptibles dans toutes les circonscriptions de la Côte d’Ivoire où ils se retranchent et s’organisent dans les zones défavorisées.

Aujourd’hui, face à une telle situation, "la réponse sécuritaire est (souvent) immédiate, mais il faut aller plus loin et éduquer les jeunes", estime le docteur en science de l’éducation, Zakaria Berté, également directeur de l’Institut pédagogique national de l’enseignement technique et professionnel (IPNETP), pour qui, "une réforme des choix de valeur s’impose dans nos sociétés qui sont devenues des sociétés qui méprisent, qui excluent, où des groupes veulent dominer sans partage".

ATI
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