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Société Publié le vendredi 20 janvier 2017 | L’intelligent d’Abidjan

Tribune: Plaidoyer pour des débats publics contradictoires

A l’observation, la crise sociale et militaire qui secoue la côte d’ivoire, actuellement, a le mérite de monter, au monde, la nature du système politique ivoirien. Dans une démocratie, par exemple en France ou tout près de nous au Ghana voisin, cette crise aurait donné lieu à des débats publics contradictoires, à la télévision, à la radio, dans la presse écrite ou en ligne, entre le ministre de la fonction publique et les leaders syndicaux, ou entre le chef du gouvernement et les responsables politiques de l’opposition ou encore entre les membres du gouvernement et les intellectuels. Ces différents débats publics contradictoires auraient permis à l’opinion publique ivoirienne d’avoir une lisibilité et une visibilité de la situation et prendre position pour départager les protagonistes sociaux voire politiques.

A quoi sert, dans une démocratie, une déclaration gouvernementale à l’occasion d’une crise sociale ? Ceci relève de la gouvernance à l’ancienne. C’est une conception médiévale de la gestion de la chose publique. Le problème est d’une gravité extrême. Pendant des jours, l’armée est sortie des casernes pour troubler l’ordre public. Les ivoiriens ont le droit de savoir si leur armée est toujours républicaine ou non. Les fonctionnaires observent une grève depuis plus d’une semaine. Les services publics, pierres angulaires de l’Etat, sont paralysés. Les ivoiriens ont le droit de savoir si le service public peut toujours satisfaire les exigences de l’intérêt général. A ces préoccupations, des simples communiqués ou des rencontres avec les grévistes ne suffisent pas. Les deux piliers de l’Etat (l’armée et le service public) sont gravement atteints. La question dépasse le cadre de l’exécutif pour interroger tous les citoyens. Dans l’espèce, seuls les débats publics contradictoires entre le gouvernement, les opposants, les intellectuels et les leaders syndicaux sont politiquement corrects et prennent une valeur, démocratiquement, curative.

Mais pourquoi nos gouvernants ont-ils tant peur des débats publics contradictoires ? Quel est le mérite d’un homme politique en dehors du débat public contradictoire ? Le débat public contradictoire est le seul critère d’évaluation de l’intelligence politique et permet un meilleur casting du personnel politique dans une démocratie.

Je suggère aux journalistes de ne plus donner la parole aux hommes politiques en dehors du débat public contradictoire. Par exemple, si un ministre ou un leader de l’opposition veut parler trouvez lui un contradicteur. Seul le président de la république, parce qu’incarnation vivante de l’unité nationale (article 54 de la constitution), peut s’exprimer sans contradicteur. Cependant, dès qu’il finit de s’exprimer, dans les secondes qui suivent, la parole doit être donnée aux contradicteurs pour éviter la propagande politique et la pensée unique. Et c’est ce que nous voyons tous les jours à la télévision, que nous écoutons à la radio, et lisons dans la presse écrite dans les démocraties occidentales et africaines (Sénégal et Ghana).
Maintenant, j’attends le débat public contradictoire, relativement à la crise actuelle, entre le ministre de la fonction publique et les responsables syndicaux de la fonction publique ; le débat public contradictoire entre le premier ministre et les responsables politiques de l’opposition ; le débat contradictoire entre les membres du gouvernement et les intellectuels. Oui j’attends, parce qu’ainsi fonctionne une démocratie. Oui j’attends, mesdames et messieurs les journalistes prenez vos responsabilités.
Geoffroy-Julien Kouao

Juriste-écrivain
et Analyste politique.
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