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Santé Publié le vendredi 27 octobre 2023 | Fraternité Matin

Lutte contre la poliomyélite / Sénatrice Marie-Irène Richmond: ‘‘Notre organisation voudrait réaffirmer sa détermination à soutenir les efforts du gouvernement ivoirien’’

© Fraternité Matin Par Serges T.
Côte d'Ivoire/ Rotary: célébration de la journée mondiale de lutte contre la poliomyélite
Abidjan le 24 Octobre 2023. La célébration de la journée mondiale de lutte contre la poliomyélite organisée par le District 9101 du Rotary International a eu lieu ce mardi à l'hôtel Wafou à Biétry

Ce mardi 24 octobre, le monde entier est mobilisé à la faveur de la Journée mondiale contre la polio…pour ‘’en finir’’ avec cette maladie invalidante. Des efforts ont été faits mais des défis restent à relever, à en croire la Coordonnatrice du Rotary pour l’Afrique Francophone, membre du Comité exécutif du Rotary pour le continent africain. 


Qu’est-ce qui justifie votre engagement en faveur de la lutte contre la poliomyélite ?


 Notre engagement en faveur de la lutte contre la poliomyélite remonte à 1979, grâce aux rotariens des Philippines. Depuis le lancement de son programme d’éradication de la polio, PolioPlus, en 1985, le Rotary a contribué à hauteur de plus de 2,7 milliards de dollars, sans compter les innombrables heures de bénévolat. Notre organisation voudrait réaffirmer sa détermination à soutenir les efforts du gouvernement ivoirien dans le cadre de cette formidable et ambitieuse campagne de santé publique sans précédent, dont l’objectif noble est de bouter la polio hors de nos frontières. En 1988, le Rotary est rejoint dans son combat contre la poliomyélite par l’Organisation mondiale de la santé, l’Unicef et le Centre américain pour la prévention et le contrôle des maladies (Cdc). Par la suite, la Fondation Bill & Melinda Gates et Gavi, l’Alliance pour les vaccins, se rallient à la cause. Lorsque l’initiative a été lancée, l’on dénombrait 350 000 cas de polio signalés dans 125 pays, chaque année. Aujourd’hui, le nombre de cas a chuté de plus de 99,9 %. 3 milliards d’enfants sont protégés contre cette maladie. 1, 8 million de cas ont été évités et il ne reste que deux pays où la polio sévit de manière endémique : l’Afghanistan, avec 6 cas signalés et le Pakistan, avec 3 cas de poliovirus sauvage. 



La lutte continue donc... 


Cette aventure passionnante demeure l’une des plus remarquables de l’humanité et nous sommes condamnés à écrire les toutes dernières pages de cette histoire. Nous devons impérativement atteindre notre objectif afin d’honorer la mémoire des agents de santé et volontaires qui ont perdu la vie en voulant sauver celle des enfants, par exemple en Afghanistan, au Pakistan, au Nigeria et même dans notre pays, la Côte d’Ivoire. C’est la dernière offensive, le dernier sursaut et nous n’avons jamais été aussi près du but. C’est le moment de relever le gant et de redoubler d’efforts, car demain, il sera trop tard. Je voudrais ici rendre un vibrant hommage au gouvernement ivoirien pour son engagement à traquer le redoutable virus de la polio. Il apparaît donc judicieux de souligner la contribution significative de l’État de Côte Ivoire dans l’organisation des activités de vaccination. Nos remerciements profonds et déférents à SEM. Alassane Ouattara, Président de la République, pour sa haute compréhension des enjeux majeurs de cette initiative ainsi que pour la mise à disposition des infrastructures, des ressources humaines et financières qui ont facilité la mise en œuvre des journées nationales de vaccination synchronisées avec plusieurs pays de la sous-région africaine, aux fins de garantir un avenir sain aux enfants et aux générations futures. C’est aussi le lieu de saluer la volonté politique et l’engagement profond qui ont conduit l’Oms à déclarer la Côte d’Ivoire, pays libre de polio, le 30 novembre 2015 et à octroyer la certification des 47 pays de la région africaine comme libres de polio le 25 août 2020. Parvenir à éviter aux enfants les affres et séquelles de la polio, maladie très invalidante qui peut s’avérer mortelle, est un défi social majeur que nous devrions tous pouvoir relever par notre implication individuelle et collective. 


En quoi l’éradication de la polio est-elle un bon investissement, comme vous le laissez penser ? 


L’initiative contribue à résorber la pauvreté, aux Objectifs de développement durable. Elle procure aux enfants et à leurs familles de grandes chances de mener une vie saine et productive. L’éradication de la polio est un bon investissement, car dans la plupart des pays, elle a permis de développer des moyens de lutte contre d’autres maladies infectieuses comme la grippe aviaire ou la fièvre hémorragique à virus Ebola, la Covid-19, en établissant des systèmes efficaces de notification et de surveillance; en formant les épidémiologistes locaux et en constituant un réseau mondial de laboratoires. Ces capacités ont également été déployées lors de situations d’urgence consécutives à des catastrophes, comme le tsunami survenu en 2004 en Asie du Sud-Est et dans d’autres contrées. L’éradication de la polio est un bon investissement, au regard des services de vaccination systématique qui ont été renforcés grâce au développement de la chaîne de froid et des systèmes de transport et de communication. L’amélioration de ces services a favorisé la mise en place de campagnes très efficaces de vaccination anti-rougeoleuses qui ont permis de sauver des millions de jeunes vies. L’heure est venue de renouveler notre engagement et de stopper la polio une fois pour toutes. Fort heureusement, grâce aux gros efforts fournis par nos autorités et la volonté politique, cette maladie a été vaincue. Cependant, de nombreux défis tels que les infrastructures de santé insuffisantes, l’isolement géographique, les conflits armés ou la mauvaise perception des campagnes de vaccination ne sont que des contraintes dans certains pays, en plus des États endémiques que représentent l’Afghanistan et le Pakistan. Au regard des progrès notables enregistrés dans les pays endémiques, nous devrions pouvoir atteindre notre objectif à certifier bientôt le monde exempt de polio, car la volonté politique existe, les partenaires sont mobilisés et le vaccin s’avère très efficace. De plus, des stratégies pour des interventions sanitaires bien planifiées ont été élaborées afin de couvrir les régions les plus isolées et accéder à tous les enfants, car chaque enfant compte, chaque vaccinateur compte, chaque goutte compte... 


A quand la certification mondiale de l’éradication de la polio ? 


La certification mondiale de l’éradication sera prononcée par une commission indépendante, trois ans après le dernier cas de poliovirus sauvage, dans le cadre d’une surveillance conforme aux normes de la certification et avec le confinement approprié des stocks de poliovirus. Après la certification de l’éradication du virus, le confinement approprié des stocks de poliovirus et des réserves suffisantes de vaccin, l’utilisation du vaccin antipoliomyélitique oral (Vpo) pourra être interrompue. Cela interviendra progressivement en continuation de l’opération initiée en avril 2016, consistant à remplacer, en deux semaines, le vaccin Vpo trivalent par le vaccin bivalent dans 155 pays, en même temps. Cette opération de remplacement a été la plus étendue et la plus rapide jamais menée. 


Quel type de poliovirus sauvage circule actuellement ? 


Il y a trois types de poliovirus sauvage. Le poliovirus sauvage de type 2 n’a pas été détecté depuis octobre 1999 et son éradication a été certifiée en septembre 2015. Aucun cas de type 3 n’a été signalé depuis novembre 2012 et son éradication a été certifiée le 24 octobre 2019, ce qui signifie que seul le poliovirus de type 1 continue de circuler. La route qui a mené à la certification de l’éradication du poliovirus sauvage dans la région africaine a été marquée par la volonté des gouvernements, le dévouement des professionnels de la santé, des bénévoles, des rotariens, l’implication effective de tous les partenaires, se déplaçant à pied, en bateau, à vélo et en bus, pirogue, vélo, sous le chaud soleil ou la pluie... Trouvant des stratégies innovantes pour vacciner les enfants, en plein conflit et en situation d’insécurité; réalisant des activités de surveillance des maladies à l’effet de tester les cas de paralysie et vérifier l’absence du virus dans les eaux usées ainsi que l’implication des dirigeants des 47 pays de la région africaine. Heureusement, des stratégies pour des interventions sanitaires bien planifiées ont été élaborées en vue de couvrir les régions les plus isolées et accéder à tous les enfants ... Et les gouttes de vaccin dans leur bouche leur permettront de grandir, marcher, courir, contribuer à la construction de leur pays en prenant la relève dans quelques années. 


Ce sera votre grande satisfaction... 


Notre plus grande satisfaction, le sourire d’une maman juste après que son enfant a été vacciné. Mon expérience personnelle dans la conduite de ce projet au plan national, sous-régional et continental s’est avérée fructueuse, inspirante, motivante, pleine d’espoir et de réalisations et nous pouvons être fiers de nos succès. Cette performance est l’action conjointe de tous. J’avoue que cette expérience, unique et exceptionnelle, m’a personnellement formée et a renforcé le sens du service dans ma vie. L’éradication de la polio a changé des vies, ramené de l’espoir et impacté profondément et durablement d’innombrables personnes issues de nos pays respectifs. C’est grâce à l’engagement, aux efforts fournis, à la mobilisation massive ainsi qu’à l’authentique don de chaque rotarien pour stopper la circulation du poliovirus sauvage que le Rotary est ce qu’il est aujourd’hui et continue de faire la différence dans nos pays respectifs, en Afrique et dans le monde depuis 118 ans. Les efforts de vaccination contre la polio dans toute la région africaine doivent se poursuivre. La vaccination de routine est cruciale et doit être renforcée pour maintenir des niveaux d’immunité élevés, afin que le poliovirus sauvage ne revienne pas et que les enfants soient protégés contre les rares cas de poliovirus d’origine vaccinale. Le virus sauvage continue de circuler en Afghanistan et au Pakistan et tant qu’il circule quelque part, il reste une menace pour les enfants du monde entier. 


Interview réalisée par GERMAINE BONI (Fraternité Matin) 

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