x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 26 février 2009 | Le Patriote

Retour en force des coupeurs de route et braqueurs en zone CNO - Les populations inquiètes, les Forces nouvelles rassurent

Un jour de janvier 2009. Il est un peu plus de 20 h sur l’axe Mankono-Sarhala dans la zone 5 des Forces Nouvelles. Le jeune Tiélogo K. n’oubliera pas de si tôt le mauvais quart d’heure qu’il vient de vivre sur ce tronçon généralement tranquille. De retour d’un bref voyage à Sarhala, à 30 km de son village situé dans la commune de Mankono, il tombe sur une bande de coupeurs de route. A l’aide d’une torche, ces derniers lui intiment l’ordre de stationner sa moto de type P125 sur le trottoir après avoir pris soin d’entraver la route avec le véhicule à bord duquel ils opèrent dans la zone, une voiture particulière sans immatriculation. Coup de chance ? Ou simple fruit du hasard ? La scène se déroule dans les environs des plantations familiales des habitants du village du jeune Tiélogo. Pris de peur, il parvient tout de même à garder son sang froid. C’est alors qu’il s’aperçoit qu’ils sont lourdement armés de kalach et autres fusils de chasse. Il refuse d’obtempérer à cet ordre venant d’inconnus planqués dans le noir. Il manœuvre et fait marche arrière, s’engouffre sur les chemins champêtres tous phares éteints et échappe ainsi aux assaillants qui n’ont aucun moyen de locomotion pour le suivre dans les champs. Sans le savoir, ce jeune paysan de 35 ans venait ainsi d’échapper à une mort certaine, s’il n’avait pas eu la baraka de Dieu avec lui. Inutile d’imaginer ce qui aurait bien pu se passer si ces quidams en armes avaient réussi à appréhender le jeune Tiélogo. A la différence de ce jeune homme, bien d’autres paysans de la localité n’ont pas eu de chance. Ils ont payé de leur vie le jour où le sort a voulu qu’ils rencontrent ces coupeurs de route qui sévissent dangereusement dans la région depuis bientôt six mois. En toute impunité !

Le règne de l’impunité totale

C’est le cas, par exemple, du pauvre Soro Drissa, chauffeur d’un mini car de transport en commun de type 22 places, desservant l’axe Séguéla-Mankono. Le jeudi 12 février dernier, alors qu’il roulait en direction de Mankono en provenance de Séguela, son destin croise celui des coupeurs de route armés jusqu’aux dents. Dans l’altercation verbale qui s’en suit, il est tué à bout portant d’une balle en plein cœur, selon des témoignages dignes de foi. Des femmes de l’ethnie sénoufo qui se trouvaient à bord du mini car sont blessées par balle et évacuées dare dare à l’hôpital général de Korhogo pour des soins intensifs. Ce même jour, des pèlerins de la cuvée 2009 qui s’en allaient dans leur village à Mankono, pour des séances de bénédiction sont attaqués, passés à tabac et dépouillés de tous leurs biens. Le 17 février 2009, soit une semaine plus tard, un passant qui s’en allait à moto vendre ses bœufs dans la localité de Kongasso est tué et ses bourreaux n’ont jamais été appréhendés et identifiés. Quatre mois auparavant, précisément le 14 octobre 2008, des commerçants en partance pour le marché hebdomadaire de Bouaké sont stoppés net à l’entrée de la ville juste au carrefour menant à l’usine Gonfreville, toujours par les mêmes coupeurs de route. Selon des témoins de la scène, ces infortunés ont été frappés et dépouillés, eux aussi, de leurs biens. Mais, il faudra attendre une semaine seulement pour voir le pire se produire. Le 21 octobre 2008, un commerçant nigérien de l’ethnie Zamaraman communément appelé Le Gros, a été tué à bout portant d’une balle à la tête, témoignent des occupants du véhicule les transportant. Ce jour là, en effet, le minicar les conduisant à Bouaké, tombe dans une embuscade que les bandits de grands chemins leur tendent entre le village de Brahimadougou et de Djarako en pays Korodougou, non loin de Tiéningbé. Des coups de feu nourris retentissent dans l’air, deux morts enregistrés sur le champ. Le riche commerçant appelé Le Gros et un vieux marabout de l’ethnie Peulh en transit en Côte d’ivoire. Ce dernier a pris une balle dans la tête au point que, selon des témoins, sa cervelle à giclé et s’est répandu sur les fauteuils du mini car. Le chauffeur du véhicule dont l’identité ne nous a pas été révélée a eu plus de chance. Il s’en est sorti, nous dit-on, avec une légère blessure. Dans la même période, le mini car qui fait office de courrier entre Séguela et Bouaké est braqué par des inconnus qui continuent toujours de courir. Le comble dans ces attaques, c’est qu’elles se produisent, toutes, en plein jour ou encore juste à la tombée de la nuit sans que personne ne puisse lever le petit doigt. Tous les témoins interrogés sur place sont unanimes. Ils pointent un doigt accusateur vers les éleveurs de bœufs. Ils les accusent d’être les auteurs de tous ces actes de braquage et de grand banditisme. Sous des dehors de bergers éleveurs de bovins, ces malfrats s’adonnent de jour comme de nuit à des actes criminels sur des braves paysans.

Une zone sans tête ni commandement

Nos reporters ont appris, récemment, que les agresseurs des pèlerins du 12 février dernier sur l’axe Séguela Mankono, auraient même été arrêtés puis relâchés, aussitôt, moyennant des espaces sonnantes et trébuchantes. Vrai ou faux ? Difficile de se prononcer avec exactitude. Mais, la situation est devenue si alarmante que les autorités militaires des Forces Nouvelles en collaboration avec les préfets et sous- préfets récemment redéployés dans la zone, ont décidé de prendre le problème à bras le corps en vue d’endiguer pour de bon, ce fléau de l’insécurité. Le préfet de Mankono, M’Bassindjé N’Cho Nazaire, a tenu une importante réunion avec les populations et les commandants des Forces Nouvelles. La question fondamentale qui a été se posée, est de savoir qui dotent ces coupeurs de route en armement ? Et qu’est ce qui explique, au juste, cette recrudescence de la grande criminalité d’une façon générale dans la zone CNO et de façon particulière dans la zone de Séguela-Mankono? La raison principale avancée par le préfet lors de la séance de travail qu’il a eue avec le ministre Moussa Dosso sur la question fin décembre 2008, est le manque de moyens logistiques adéquats à la disposition des éléments des Forces Nouvelles : « Nous sommes en plein dans le programme de désarmement. Quand on évoque la question de l’insécurité, l’on vous répond que le pays est sous embargo onusien et que l’accord politique de Ouaga interdit le réarmement et le rééquipement des deux forces en présence. Conséquence sur le terrain, les Forces Nouvelles n’ont pas d’armes ni de véhicules pour opérer contre les coupeurs et autres braqueurs armés jusqu’aux dents », témoigne, ici, le préfet M’Bassindjé visiblement impuissant face à cette situation dramatique. La seconde raison qui pourrait expliquer ce retour en force des coupeurs de route, c’est le fait que depuis quelques mois, les relations entre le Com’zone de Mankono, le commandant Zoua Ouattara et la hiérarchie politique des Forces Nouvelles ne sont pas au beau fixe. Une décision de mutation a été déjà prise et traduit en message radio. Le remplaçant du Com’zone a même été déjà désigné. Mais, contre toute attente, le Commandant Zoua fait opposition. Conséquence logique ? La zone 5 de Mankono est aujourd’hui sans tête ni commandement, à la merci du premier bandit venu du néant. A quand la fin du calvaire que vivent quotidiennement les braves et laborieuses populations des zones rurales ? Des questions, encore des questions.

Khristian Kara, envoyé spécial dans la zone CNO
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ