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Politique Publié le vendredi 27 février 2009 | Le Repère

La galère des transhumants politiques

Après le coup d`Etat militaire contre le régime Bédié en décembre 1999, l`éclatement de la guerre de 2002 a été comme une vanne ouverte pour la naissance de partis politiques. Ces derniers ont en commun de sortir des entrailles des partis de l`opposition déjà existants, et leur soutien à Gbagbo Laurent. Ils étaient d`abord comme les pions du régime à l`intérieur des différents partis d`opposition. De cette position, ils combattaient de l`intérieur les adversaires de Gbagbo. Pour diverses raisons, ils ont fini pour certains par révéler leur vrai visage. Du coup, ils ont perdu leur efficacité de nuisance à leur parti d’origine et donc ne sont plus intéressants pour le pouvoir qui a besoin de fragiliser ses adversaires. Leur discours est le même. Mais au-delà des discours incendiaires contre les partis de l`opposition, que valent aujourd`hui ces partis politiques ? Sinon que deviennent-ils ?

De 2002 à maintenant, ils ont poussé comme des champignons après la pluie. Les nouveaux partis politiques créés par ceux que les Ivoiriens appellent les transhumants politiques, leurs différents leaders, élus ou cadres des partis de l`opposition (PDCI-RDA, RDR, UDPCI, MFA, PIT) ont brandi et brandissent toujours l`argument de la défense de la République et de ses institutions pour justifier leur retournement de veste pour le compte de Gbagbo Laurent. Selon bien des sources, ces retournements de veste valent à leurs auteurs des enveloppes kaki et parfois des postes bien juteux autour du Palais. Ils sont, aux trois quarts, conseillers de Gbagbo. En pleine crise, Gbagbo avait besoin de leurs coups de gueule pour mettre à mal l`opposition et ses positions. Mais à l`heure de l`application de l`accord politique de Ouagadougou qui a rapproché les rebelles et le clan présidentiel au point de faire du leader de la rébellion le Premier ministre du président Gbagbo, que valent encore ces partis politiques qui n`ont existé que par les sorties de leurs responsables ?


Les partis sortis du PDCI-RDA

-Créé le 30 avril 2003 comme mouvement patriotique de soutien aux institutions de la république et de lutte pour la légalité (en d`autres termes un club de soutien à Gbagbo et au FPI), au plus fort de la crise, le Rassemblement pour la paix (RPP) deviendra, quatre ans plus tard, le Rassemblement pour la Paix, le Progrès et le Partage (RPPP), un parti politique qui "veut se situer au centre par rapport au schéma politique classique. Il veut construire une société équilibrée où on ne confond pas démocratie et désobéissance, liberté et anarchie, le respect de la loi devant rester toujours et pour tous la règle". Dixit Fologo. Mais il est loin du centre. Il est un vassal du FPI de Gbagbo Laurent pour qui Fologo est en campagne avec les moyens de l`Etat. Comme il le dit lui-même : " l`objectif immédiat du RPPP n`est pas le fauteuil présidentiel. Nous estimons que le peuple ivoirien a choisi quelqu`un à qui on n`a pas laissé un vrai mandat. Ceux qui ont amené la guerre, ce sont eux qui ont empêché le président de travailler. Quel bilan voulez-vous qu`il présente ? Nous sommes tous mal placés pour juger un mandat tronqué. Juste un an et demi. Il y a des personnes à qui on a enlevé seulement un an et qui ne sont pas contents. Et celui à qui on a enlevé quatre ans ?",

- Le Parti pour l`unité de la République de Côte d`Ivoire (PURCI) une autre formation politique née de l`acoquinement entre les hommes et femmes politiques des autres bords avec le pouvoir. Il a été créé par Djibo Martine, député de Bouaké, élue sous la bannière du PDCI-RDA et membre du Bureau politique du PDCI-RDA. Son parti créé avec le ferme soutien du Palais, n`est pas allé au-delà des simples déclarations. Quelques mois seulement après sa création, le parti de Djibo Martine connaîtra une crise interne qui oppose la présidente au respondable de la jeunesse du PURCI. Les jeunes accusent Djibo Martine de garder par devers elle l`argent que la présidence donne pour faire marcher leur parti. Ainsi donc, le soutien ferme du PURCI à la réfondation et au régime est monnayé. Pour le reste, les populations attendent toujours le PURCI sur le terrain.


Ceux qui ont viré de l`UDPCI

- L`Alliance ivoirienne pour la République (AIRD) a été créée par l`ancien ministre du Commerce, puis de la Réforme Administrative, Eric Kahé Kplohourou Victor. Ce proche du général Robert Guéi, qu`il a servi avec loyauté et dévouement, a décidé de quitter le parti de son " père spirituel ", l` UDPCI. Eric Kahé s`est donc mis au devant d`un parti dit républicain qui se bat pour la réélection de Gbagbo. " A l`AIRD, nous privilégions, dans notre vécu quotidien, le respect de la dignité humaine, la paix, la justice, la liberté, la solidarité, la tolérance, la démocratie, la bonne gouvernance, l`intégration régionale, la coopération internationale et l`épanouissement des femmes, des jeunes, des personnes âgées ou vulnérables " , affirme le président du parti. Où en est Kahé présentement ? Il est conseiller du Chef de l`Etat, après être sorti du gouvernement. Que dit-il sur les nombreux scandales au Palais et dans toutes les structures et sur les violations flagrantes des droits de l`homme ? Rien du tout. Combien de militants draine ce parti ? Lui seul pourra le dire.

- L`Union républicaine pour la démocratie (URD) a été créée et est présidée par Mme Akissi Danièle Boni-Claverie, transfuge du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI), puis de l`Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (UDPCI). Elle aussi a prôné la défense des Institutions de la République, avec en premier lieu, Gbagbo Laurent. Après moult ballets politiciens au Palais, la réalité semble être un os pour cette dame. Il y a peu, elle est accusée par les responsables locaux du FPI de jouer sur leur terrain. Dans une interview qu`elle a accordée au confrère, elle a montré un certain agacement en déclarant " qu`il faudrait plutôt que les dirigeants FPI de Tiassalé, s`ils estiment qu`il y a trop de militants de leur parti qui viennent à l`URD, se demandent pourquoi leurs militants vont ailleurs ". Ce conflit sonne sans doute le glas de ce parti qui a du mal à avoir des militants à lui. De fait, ses entrées au Palais en sont très réduites.
-L`Union pour la démocratie totale en Côte d`Ivoire (UDTCI), est aussi sortie des entrailles de l`UDPCI et présidée par Mme Tia Monné Bertine, présidente du Conseil général de Biankouma, sous la bannière de l`UDPCI, du vivant du général Guéi Robert. Après le lancement fort médiasé, et quelques sorties sporadiques, çà et là, le parti de Madame Tia Monné Bertine ne fait plus signe de vie. Sauf que sa présidente peut aller voir qui de droit au Palais et en ressortir heureuse. Son parti n`a d`autre candidat que Gbagbo. Et il faudrait que le régime le lui retribue.

- Le Rassemblement pour la Démocratie et la Paix (RDP) a été lancé le 13 Janvier 2006. C`est en grande partie, des membres et autres élus de l`Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (UDPCI, parti du Gl Guéi) qui en sont les membres fondateurs. Oulé Tia Séraphin, député de Danané-Mahapleu, responsable du défunt Mouvement des Guéistes de Côte d`Ivoire, en est officiellement le président. Mais selon des sources concordantes, le véritable patron du RDP et inspirateur de ce parti, n`est autre que l`actuel président de la Cour suprême, le magistrat hors hiérarchie, M. Tia Koné. Vrai ou faux ? Toujours est-il que ce parti a tout d`un parti de la gauche, inspiré pour la propagande et la campagne de Gbagbo Laurent. Oulé Tia et ses camarades ont décidé, à l`unanimité, de créer le Parti pour la Démocratie et la Paix comme ``un creuset d`échanges, de solidarité et de participation au développement de la Côte d`Ivoire et du mieux-être de la population ivoirienne``. Mais depuis, plus rien. Tia Koné est quasi irremplaçable à la tête de la Cour Suprême et Oulé Tia est à tout moment le bienvenu dans les couloirs du Palais.
Les déserteurs du RDR, du MFA et du PIT

-Enise Kanaté, député-maire de Makono, était, jusque-là, l`une des proches collaboratrices du président du RDR, le Dr Alassane Dramane Ouattara. Elle a décidé, contrairement aux autres, de quitter ses compagnons et de rejoindre les rangs du parti au pouvoir, le FPI. Elle a commencé par prendre des distances vis-à-vis de la vie politique en Côte d`Ivoire puis au cours d`une conférence de presse, elle annonce son départ pour le Front populaire ivoirien (FPI) dont les dirigeants, dit-on, n`ont pas hésité à lui ouvrir les portes. Pourquoi le FPI ? Elle expliqua les motivations de son choix par le combat que mène le parti au pouvoir, notamment le président Gbagbo qu`elle présenta comme un symbole de liberté pour l`Afrique, mais aussi de dignité pour les Ivoiriens. Depuis, elle est entrée dans les bonnes grâces du Palais, mais sur le terrain, elle ne peut décider les militants RDR de Mankono à aller au FPI.

- L`Alliance nouvelle pour la Côte d`Ivoire (ANCI) : Le secrétaire général adjoint du RDR chargé des Relations extérieures a porté sur les fonts baptismaux un nouveau parti politique: l`Alliance pour une nouvelle Côte d`Ivoire. Avec lui des hommes et femmes bien connus du RDR, dont Mme Koné Bintou, présidente des femmes républicaines d`Anyama, Jean-Jacques Béchio; Khalil Ali Kéita. Au nombre des membres fondateurs du parti, on compte notamment Mme Oulaï Philomène, Béhi Bernard, Amidou Sylla, ancien maire RDR d`Anyama, et Bamba El Hadj Sowaliho. Après l`euphorie de la création du parti, la réalité est plus qu`amère pour beaucoup d`entre eux. Aujourd`hui, l`ANCI est en proie à de profondes dissensions. Qu`à cela ne tienne. Si Zémogo n`a pas été nommé Premier Ministre du Gouvernement Gbagbo avant Ouagadougou, comme il se racontait, il est quand même bien accueilli au palais.

- Le MNC Alternative a été mis sur pieds par le député Kabran Appia. Elu sous la bannière du parti ivoirien des travailleurs (PIT), le député Kabran, quand il était au gouvernement, a commencé par apporter sa voix à celle des refondateurs pour défendre et promouvoir la vision du clan présidentiel. Puis, dès sa sortie du gouvernement, il franchit le rubicond en créant ce parti politique d`idéologie très proche du FPI, il rappelle à tout le monde que son parti est pour l`élection du candidat Gbagbo pour un second mandat. Pour le MNC Alternative qui est membre du Congrès national pour la résistance et la démocratie (CNRD), il n`y a d`autres alternative que Gbagbo. Pour qu`il puisse compter sur lui, le régime est tenu d`aider le député Kabran qui n`est plus ministre, ni militant du PIT.

Eddy PEHE
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