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Politique Publié le vendredi 13 mars 2009 | Le Patriote

Amadou Soumahoro (Secrétaire général adjoint du RDR): "Il faut absolument des élections en Côte d’Ivoire en 2009"

Le processus électoral se trouve dans une phase décisive, marquée par les opérations d’identification et de recensement électoral. Dans cette interview, le Secrétaire général adjoint du Rassemblement des républicains (RDR) chargé des Affaires politiques, le ministre Amadou Soumahoro, donne son point de vue sur l’évolution de ce processus. Entretien.

Le Patriote : Cela fait aujourd’hui trois bonnes années que l’Accord politique de Ouagadougou a été signé. Et l’impression aujourd’hui pour beaucoup d’Ivoiriens, c’est que le processus de sortie de crise n’avance pas à un rythme souhaité. Les populations attendent en vain les élections. Selon vous, qu’est-ce qui bloque ?
Amadou Soumahoro : Il faut d’abord relever que la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou (APO) a enregistré des aspects positifs pour la Côte d’Ivoire. L’APO a apporté l’apaisement et une relative quiétude. Il a également créé une opportunité qui a permis aux protagonistes de se parler. Cet accord a favorisé la mise en œuvre et la conduite de certaines étapes importantes du processus électoral. Autant d’acquis qu’il ne faut pas à mon avis négliger.
Cependant, à cause des tergiversations et autres manœuvres, les délais que s’étaient donné les signataires n’ont pu être respectés. Ceci crée effectivement un malaise, si les uns et les autres ne se ressaisissent pas ; toute chose qui risque de poser la question de la crédibilité de l’accord de Ouagadougou.
Vous me demandez ce qui bloque. Moi, je pense que chaque structure, Ministère de l’Intérieur, SAGEM, CEI, INS, CNSI, doit accomplir sa mission avec dextérité et sans faiblesse. Mais, aussi longtemps que les unes et les autres n’auront pas le courage de prendre leur responsabilité en communiquant sur les entraves et leurs causes et en attirant dans le respect et sans faiblesse l’attention de la nation sur ces blocages et leurs raisons, il y a des risques que les élections ne soient pas pour demain en Côte d’Ivoire. Ce qui est inconcevable.
Et c’est la crainte que nous avons. Il serait donc souhaitable que chaque structure chargée de gérer le processus électoral puisse, à des moments indiqués, informer les Ivoiriens et la nation des difficultés que connaît le processus et leurs causes. C’est en quelque sorte un monitoring politique de la mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou.
Il est aussi vrai de relever la volonté manifeste du FPI de vouloir bloquer le processus en privant les structures qui en ont la charge des ressources financières nécessaires et conséquentes pour leurs missions. Mais à coté de cela, il faut indiquer que l’essentiel des ressources mises à la disposition de ces structures doit aller plus aux activités de terrain qu’aux besoins de fonctionnement, d’où un impératif de leur utilisation rationnelle. Elles doivent aussi veiller à leur train de vie en le réduisant, si nécessaire.

L.P. : Comment jugez-vous la partition de la Commission Electorale dans tout ce qui se passe ?
A.M. : Son bilan est acceptable. Mais, notre plus grande déception pourrait venir de son attitude attentiste et même souvent défaitiste face à des situations qui l’interpellent. La Commission Electorale dans sa composition et ses missions actuelles ne tombe pas du ciel. Nos leaders politiques se sont battus depuis les négociations de Pretoria pour obtenir qu’elle soit indépendante. Je puis affirmer qu’elle l’est. L’ensemble des partis et formations politiques y ont des représentants. Les institutions de la République et les ministères techniques chargés des questions électorales n’ont pas été exclus. On le voit donc la CEI est indépendante. Cela est traduit dans les textes. Maintenant, il revient au président Mambé et à ses collaborateurs de mesurer à sa juste valeur, le combat qui a été mené. Nous attendons la CEI qu’elle soit vraiment jalouse de son indépendance et qu’elle assume ses responsabilités qui sont de conduire en toute objectivité et impartialité le processus électoral. Nous avons vu récemment, des cas suffisamment graves comme à Saïoua où des populations veulent empêcher l’identification dans certaines zones. La CEI n’a pas réagi. Il lui revient en tant que maître d’œuvre depuis le processus de taper souvent sur la table à gauche comme à droite, afin de remettre dans les rangs tous les vents contraires qui se forment contre la transparence du scrutin. Elle doit veiller à ce qu’aucun Ivoirien ne soit exclu de l’enrôlement. J’ai quelque fois le sentiment que les responsables de la CEI ont peur de prendre leur responsabilité. De qui ou de quoi, peut-on avoir peur lorsqu’on a prêté serment au nom du peuple de Côte d’Ivoire ?

L.P. : Au niveau du directoire du RHDP, vous avez rencontré récemment les responsables de ces structures pour, justement, exprimer vos inquiétudes. Que vous ont-elles répondu ?
A.S. : Effectivement, le directoire, après une analyse approfondie de la situation, a décidé de faire le tour de l’ensemble de ces structures pour comprendre et ensuite, s’assurer de l’avenir du processus. C’est ce qui nous a amené à rencontrer la Commission Nationale de Supervision de l’Identification (CNSI), le 30 avril et la Commission Electorale Indépendante (CEI), le 4 avril dernier ; et dans les jours à venir, le directoire compte rencontrer les autres structures.
En initiant ces démarches, le Directoire voulait s’informer auprès de chacune d’elles sur les difficultés et sur les raisons de certaines lenteurs. Nous avons été satisfaits des contacts que nous avons eus car elles nous ont fourni beaucoup de renseignements et au moment venu, le Directoire en tirera les conséquences.

L.P. : Mais parlant des difficultés, la CNSI et la CEI vous ont-elles énumérés les leurs ?
A.S : Oui. Entre autres difficultés, l’essentiel reste les problèmes d’ordre financier. Savez-vous qu’une structure comme la CNSI selon ses premiers responsables, n’a pas reçu de financements réels dans le cadre du processus d’identification, pourtant raison fondamentale de sa création ?
La CEI, à un moment donné, avait attiré l’attention des uns et des autres sur les difficultés financières qui étaient la sienne dans la mise en œuvre des missions qui lui sont confiées.
Cependant, je pense objectivement qu’il est temps de situer les responsabilités des uns et des autres face aux blocages et aux manœuvres de diversion. L’enjeu qui se présente à nous à partir de cet instant, c’est de tout mettre en œuvre afin que l’accord de Ouaga ne perde pas sa crédibilité.
C’est pourquoi, je pense fondamentalement que les responsables des structures doivent périodiquement communiquer à la nation pour faire le point d’avancement à mi-parcours du processus.
Que, par exemple, une structure comme la CEI, de manière hebdomadaire ou bihebdomadaire, communique à la nation sur les avancées du processus et les difficultés auxquelles elle est confrontée. C’est en fait accepter « un suivi politique ».

L.P. : Au regard de toutes ces difficultés, les élections sont-elles possibles, selon vous, en cette année 2009 ?
A.S : En tout état de cause, en engageant cette initiative de rencontrer les uns et les autres, le directoire du RHDP et c’est aussi notre avis, voulait réaffirmer aux différentes structures chargées du processus électoral, qu’il faut absolument des élections en Côte d’Ivoire en cette année 2009.
C’est notre désir et notre volonté et nous le dirons haut et fort le moment venu. La question n’est pas de savoir s’il faut des élections. Dans un pays comme le notre, c’est une évidence, une nécessité, mieux un impératif. Il faut faire comprendre à tous que les élections ne sont un luxe pour notre pays. Certes, c’est la porte de sortie pour la crise, mais c’est aussi et surtout, la porte d’entrée pour un repositionnement moral, social, politique et économique du pays.

L.P. : Selon vous, que doit-on faire pour que ces élections se tiennent effectivement en 2009 ?
A.S : Il faut que chacun assume ses responsabilités dans les conditions que nous avons signalées plus haut. Tant que nous restons dans un certain cadre confus, nous continuerons de connaître ces difficultés. A partir du moment où elles seront dites, des pressions pourront être exercées afin qu’elles soient levées.

L.P. : Mais les explications que vous ont données la CNSI et la CEI sont-elles rassurantes pour les ivoiriens ?
A.S : Je ne dirai pas qu’elles sont rassurantes ou quelles ne le sont pas. Mais plutôt, il faut que ces structures aient toujours conscience que les Ivoiriens veulent des élections en 2009.
Nous craignons aussi les risques d’une « fonctionnarisation » de ces structures. Elles ont des missions très importantes pour la vie de la nation.

L.P. : Monsieur le ministre, l’on assiste de plus en plus à un rapprochement entre le PIT et le RHDP. Y a-t-il une alliance qui s’annonce à l’horizon ?
A.S. : Je ne sais pas s’il faut appeler cela une alliance. Cependant, le RHDP n’est pas un club fermé.
C’est le lieu de rappeler qu’avant même la création du RHDP par nos présidents, l’ensemble des partis signataires de l’Accord de Linas-Marcoussis étaient regroupés au sein d’un groupe à l’époque appelé le G10. Ce sont les évènements qui nous ont réduits à un G7. Mais comme je l’ai dit plus haut, le RHDP reste disponible. Tous les partis qui épousent, aujourd’hui, les mêmes préoccupations et les mêmes ambitions que nous avons sur l’état de notre pays, sont bienvenus.
Si le PIT estime, comme nous le pensons, que dans l’état actuel des choses, il est impératif de voir organiser cette année dans notre pays des élections transparentes et démocratiques, naturellement ce parti frère est bienvenu pour qu’ensemble nous menions ce combat.

L.P. : Dans ce cas, quel serait l’apport du PIT au combat du RHDP ?
A.S : Son apport sera de joindre sa voix et ses actions à celles des autres partis politiques membres du RHDP et qu’ensemble nous réaffirmions haut et fort que nous voulons des élections en 2009. Parce que le risque que nous courons, s’il n’y a pas d’élection cette année, c’est le risque de dénonciation de l’Accord de Ouaga et celui du retrait à cet accord de certains soutiens politiques importants. Il faut éviter de favoriser l’émergence de tout mécanisme politique aventurier qui exposera la Côte d’Ivoire à des lendemains incertains.

LP : Autre fait, le ministre Désiré Tagro est très souvent cité comme étant celui qui mettrait le processus en retard. Récemment, c’est lui qui a fait reporter la cérémonie de passation des charges entre les commandants de zones Forces Nouvelles et les préfets. N’est-ce pas là une autre manœuvre pour retarder la sortie de crise ?
A.S : En effet, ce sont tous ces agissements qui nous préoccupent. Le Ministre Désiré Tagro est membre d’un Gouvernement qui est dirigé par le Premier Ministre Guillaume Soro. Le Ministre de l’intérieur est du camp Présidentiel, camp signataire de l’Accord politique de Ouagadougou. Nous nous interrogeons parfois sur les raisons de certains ratés comme, par exemple, le tout dernier report de la cérémonie de passation des charges entre les préfets des zones CNO et les commandants des Forces nouvelles, cérémonie placée sous la présidence du Premier Ministre. Report consécutif, semble-t-il, à une réserve du Ministre de l’Intérieur,
Il y a impression de cacophonie et de désordre. Tout cela joue sur les délais. Ce qui nous préoccupe.
Si j’ai cité le Ministre de l’Intérieur, ce n’est pas par pur hasard.
Il nous revient gravement et avec insistance, que certains Sous-préfets sont régulièrement absents de leur poste en cette période de l’identification où ils sont très sollicités et par ailleurs présidents des Commissions locales d’identification.
Les mêmes rapports de nos responsables locaux, nous révèlent aussi le constat de l’accumulation sur leurs bureaux des demandes de copies d’extraits d’acte de naissance.
Certains, selon nos informations refuseraient purement et simplement de signer ces actes demandés par les citoyens pour leur identification et pour d’autres besoins de la vie civile. Ces comportements de ces commis de l’Administration territoriale qui relèvent du ministre de l’Intérieur, jouent non seulement sur les délais mais aussi et surtout sont préjudiciables aux citoyens ivoiriens.

L.P. : Que faites-vous donc pour ramener à l’esprit républicain ces administrateurs ?
A.M. : Nous interpellons vivement le ministre de l’Intérieur mais à travers lui, le Premier ministre et le Chef de l’Etat, afin qu’ils en appellent au sens de responsabilité de leurs collaborateurs ou représentants et les incitent à accomplir avec dévouement leur mission de salut public.
Je reviens d’une visite politique au Nord-Ouest du pays et je sais que là-bas, les populations sont très mécontentes de leur attitude. Elles attendent les préfets et sous-préfets qu’ils soient les relais des décisions prises dans le cadre de la réconciliation et de l’identification. Le RDR met en garde tous ces sous-préfets, préfets et agents de l’Etat quant à toutes tentatives d’empêcher les citoyens d’être identifiés ou enrôlés. Ce n’est pas cela leur mission, bien au contraire.

LP : Monsieur le ministre, il y a une rumeur de remaniement ministériel qui circule présentement. Selon vous, une recomposition du gouvernement est-elle opportune aujourd’hui ?
A.S. : Il s’agit pour l’instant de rumeur. Et en tant que chargé des Affaires politiques de mon parti, le RDR, il est inopportun à ce stade, que je fasse des commentaires sur des rumeurs.

LP : Mais si le débat se posait, quelle serait votre position ?
A.S. : Vous savez très bien que le gouvernement actuel repose sur l’Accord de Ouaga. Ce gouvernement est l’émanation des différents accords. Ce n’est ni le gouvernement d’un parti politique ni celui d’un courant. C’est un gouvernement de consensus issu de l’Accord politique de Ouagadougou, comme nous en avons connus en d’autres temps depuis le déclenchement de la crise. Je pense qu’il faut attendre que ceux qui sont signataires de cet accord puissent d’abord en parler. A ma connaissance ni ma formation politique, le RDR, ni le RHDP auquel nous appartenons, n’ont encore été saisis d’une telle éventualité. Comme il s’agit de rumeurs, attendons de voir qu’elles deviennent réalité et à partir de ce moment, nous réagirons.

LP : Des militants de votre formation déplorent l’absence de votre président sur le terrain. Selon vous, qu’est-ce qui explique ce silence du Dr Alassane Dramane Ouattara ?
A.S. : Je voudrais rassurer nos militants et leur dire que le Président travaille. Le Président travaille avec acharnement à la victoire de notre parti aux prochaines élections. Que les militants observent leur parti sur l’échiquier national. Le RDR est présent partout et avance. Je peux caricaturer que notre président est au laboratoire. Il ne sert à rien de se livrer en spectacle alors que le discours est creux. Alassane Ouattara passe des nuits entières à travailler sur son programme qu’il va soumettre à ses compatriotes. C’est juste un aperçu qu’il a montré à la convention nationale du RDR à Yamoussoukro le 4 octobre dernier. Laissons à toute chose son temps. Il y a un temps pour réfléchir et il y aura un temps pour parler. Et après, il y aura une période pour gouverner parce que nos compatriotes auront compris la pertinence de notre programme. C’est ça l’essentiel et rien d’autre.
Le RDR est le plus grand parti de Côte d’Ivoire si nous nous référons à ses résultats et à ses performances aux différentes consultations électorales auxquelles il a participé. Je rassure nos militants, sympathisants et l’ensemble de la communauté nationale qui veulent voir et entendre le Premier ministre Alassane Ouattara. Il sortira. Mais pour l’instant nous sommes mobilisés autour de lui afin qu’au soir de la prochaine élection présidentielle, nous puissions installer Alassane Ouattara à la tête de ce pays. Je demande donc à nos militants de se mettre au travail comme nous le recommande le Président lui-même ; parce que le plus important, c’est de gagner la bataille de l’enrôlement et de l’identification de nos militants. Il faut que tous nos militants figurent sur la liste électorale. C’est donc une question de priorité.
Dès que possible le Président sortira. Il sillonnera le pays et il visitera villes, villages, campements et hameaux. Vous conviendrez avec moi que chaque fois qu’Alassane Ouattara sort, c’est la Côte d’Ivoire qui bouge. Pour l’heure, que nos militants se mobilisent, chacun à son poste, afin que nous gagnions cette autre campagne qui est celle de l’identification et de l’enrôlement électoral. Après cette phase, ils auront le Président Alassane Ouattara partout où ils le souhaiteront. Ils vont échanger sur tous les problèmes essentiels de la nation.

LP : Vous êtes également Directeur régional de campagne (DRC) du Dr Alassane Dramane Ouattara pour les régions du Denguélé, du Bafing et du Worodougou. Comment vont les préparatifs de cette campagne ?
A.S : Les préparatifs vont bon train. Acceptez que je ne rentre pas dans les détails, pour des raisons de stratégies. Les militants sont sur le terrain. Nos responsables politiques sont sur le terrain. En ce qui concerne les régions dont j’ai la charge, nous sommes sûrs de la victoire de notre candidat, mais le défi que nous avons à relever, c’est l’enrôlement de tous les militants de la région Nord-Ouest sur la liste électorale. Et, croyez-moi, nous sommes à pied d’œuvre.

Interview réalisée par Diawara Samou
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