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Politique Publié le lundi 27 avril 2009 | Le Patriote

Konaté Sidiki (Porte-parole des Forces nouvelles) rassure: “Si Soro s’en va, l’APO s’écroule”

Les Forces nouvelles sont décidées à conduire les Ivoiriens à des élections pour sortir le pays de la crise. Cependant, comme s’ils redoutaient ces échéances électorales, certains partisans du parti au pouvoir s’évertuent à faire savoir à la communauté nationale et internationale que de nombreux obstacles sont à élucider avant toute fixation de la date des joutes électorales. Mieux, d’autres soutiennent que désarmement des ex-rebelles est la condition sine qua non à toute tenue des joutes électorales. Ce sont ces différents sorties des partisans du régime qui ont poussé les Délégués des Forces nouvelles a demander que leur leader, Guillaume Soro quitte la Primature pour retourner à Bouaké. Ainsi, il ne pourra pas se faire complice d’un éventuel échec du processus de sortie de crise. Dans cette interview, le porte-parole des Forces nouvelles, le ministre Konaté Sidiki a tenu à rassurer les uns et les autres : «Les Ivoiriens veulent aller aux élections pour sortir de cette situation. Techniquement, tous les obstacles qui entravent la tenue des élections sont levés.»

Le Patriote : Monsieur le porte-parole des Forces nouvelles, vous sortez d’un conclave d’où devaient sortir des conclusions que vous avez qualifiées d’historiques. Pour certains il n’y a rien eu de nouveau sous le soleil.
Sidiki Konaté: Nous avons tenu un conclave pour faire l’analyse de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Ce conclave s’est tenu à la suite de l’appel des déléguées des Forces Nouvelles qui invitaient le Premier ministre Guillaume Soro, qui est d’abord et avant tout, Secrétaire général des Forces Nouvelles (FN), à regagner Bouaké. Cet appel a été motivé par le fait que les délégués ont constaté qu’au moment où le Premier ministre travaille pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise et à l’amener vers les élections, certains partisans du Président de la République, co-signataire de l’accord de Ouagadougou, créent des troubles dans l’esprit des populations en banalisant les actions du Premier ministre. En phagocytant son travail, en intoxicant la population ivoirienne. C’est dans ces conditions que les délégués se sont réunis et ont estimé que le Premier ministre jouait sa partition. En lui demandant de revenir à Bouaké, peut-être que ceux qui l’attaquent et qui veulent le déstabiliser, vont adopter un autre schéma de sortie de crise. Les Ivoiriens allaient leur laisser le champ libre pour qu’ils expérimentent leur méthode de sortie de crise. C’est suite à cela, que nous nous sommes réunis comme pour apporter tout le crédit à cet appel et témoigner que les délégués font partie des FN et que leurs revendications expriment les sentiments réels des populations. Nous leur apportons tout le respect et tout le soutien que nous apportons à toutes les entités de notre mouvement.


L.P: Le Conclave a ouvertement accusé le camp présidentiel et même le chef de l’Etat d’être à l’origine de certains blocages du processus de sortie de crise. Ce que rejettent des responsables du FPI et les partisans de la mouvance présidentielle.
S.K:Le conclave a clarifié les choses. Cette communication a constitué en deux étapes. Dans la première, nous avons démontré par A + B que les actions du Premier ministre,-actions incontestables et incontestées-,sont à l’épreuve de la réalité du terrain. Nous mettons quiconque au défi de nous dire le contraire. Quand on constate, malgré toutes ces actions, que le mensonge est en train de prendre le pas sur terrain à des fins que seuls ceux qui le font connaissent, il est bon de dire aux Ivoiriens ce qui est.
La deuxième étape à consister à situer les responsabilités. Dans cette phase nous avons démontré que nos adversaires utilisent des concepts qui n’ont rien à avoir avec l’accord. Il fallait démontrer que le travail que le Premier ministre fait depuis deux ans en Côte d’Ivoire, est contenu exclusivement et inclusivement dans l’APO. C’est le seul repère qui nous indique comment aborder toutes les étapes de la sortie de crise. Toute autre voie, autre que celle indiquée par l’accord, est pour nous, une voie d’incitation au désordre.
Nous avons aussi démontré que les accusions de nos adversaires sur le désarmement, l’identification n’avaient rien avoir avec l’identification et le désarmement tels que voulus par l’APO. Il faut que les Ivoiriens comprennent qu’il ne s’agit pas, pour l’une des parties, de faire le désarmement tel qu’il veut, mais de le faire selon les indications de l’APO. C’est important de le rappeler, de protéger l’accord chaque fois que cela est nécessaire. Il est important de dire aux gens que leurs imaginations ne sont pas l’accord et qu’entre leurs imaginations et l’accord, les F N restent dans l’accord. Les Ivoiriens on dû se rendre compte que lorsque certains acteurs du FPI parlent du désarmement, ils n’en parlent pas comme prévu par l’APO. Ils parlent d’un désarment tel qu’ils le veulent. C’est-à-dire un désarmement unilatéral des FN et qui consiste à récupérer un espace qui était hier sous le contrôle des FN.

L.P: Selon le communiqué du conclave, vous indiquez que les accusations portées par certains membres du FPI sont un jeu de rôle. Selon vous, qui distribue ces rôles?
KS: Nous en sommes à la recherche du distributeur de rôle. Nous pensons que le FPI est un parti politique qui a, à sa tête, un président qui est actuellement M. Affi N’Guessan. Nous estimons que le président est comptable de toutes ces actions posées par des militants du FPI. A côté, nous avons la mouvance présidentielle qui est un ensemble organisations hétéroclites, qui disent travailler aux côtés du Président de la République pour l’aider dans sa tâche. Je vais vous dire quand est ce que le feu a été ouvert. A la suite de l’échec des discussions militaires entre les deux Etats-majors des deux, armées à Yamoussoukro sur en schéma de réunification des deux armées, nous avons vu M Attéby Williams, qui a fait une sortie au cours de laquelle, il a traité le Premier ministre de tous les noms. A sa suite, M. Pascal Affi N’Guessan a entrepris immédiatement une tournée à l’extérieur du pays qui l’a emmené en Belgique, en France et qui a repris en échos, les propos de M Attéby. Tous les acteurs se sont déchaînés pour répertorier ce même discours. Et ceux qu’on qualifiait dans cette même presse de ‘’nouveaux partenaires’’ pour la paix, sont devenus subitement ‘’des rebelles’’, des ‘’anti-paix’’, le ‘’danger pour la paix en Côte d’Ivoire’’. Cela, en l’espace de 24 h. C’est de l’orchestration. C’est face au danger que fait planer cette menace sur la paix que nous avons, nous-mêmes, interpellé le Chef de l’Etat en tant que signataire de l’accord. Nous l’avons interpellé pour qu’il puisse voir comment mettre de l’ordre dans son camp. C’est ce que nous avons fait à notre niveau quand des voix discordantes se sont fait entendre. Parce que les premiers responsables assument toujours les propos et les comportements des membres de leurs organisations. Comment expliquez-vous que M Affi N’Guessan ou un autre membre du FPI ne dépende pas du Chef de l’Etat? Ou que tel responsable des FN ne dépende pas de Guillaume Soro? Je pense que les Ivoiriens ne feront pas de la gymnastique intellectuelle pour situer les responsabilités et relier les propos des uns à leurs chefs. De ce point de vue, si le FPI se comporte mal, cela rejaillit sur le Chef de l’Etat. I est interpellé doublement parce que signataire de l’APO et co-gestionnaire de la paix avec le Premier ministre. C’est ce qui nous a amenés à traduire au Chef de l’Etat, notre mécontentement en présence du FPI juste après notre conclave. En Afrique où nous sommes, nous savons comment les partis politiques fonctionnent. On ne croit pas que les membres échappent entièrement au contrôle de leurs responsables.

L.P : Vous accusez le camp présidentiel de faire entrave au processus de paix. Pourtant dans vos zones des problèmes se posent-ils ? Notamment, l’unicité des caisses de l’Etat, la passation des charges entre les ‘’com-zones’’ et les préfets. Qu’est qui bloquent ces différentes opérations prévues pourtant par l’APO ?
K.S : Nous sommes dans un accord politique. Et un accord politique est un arrangement qui se fait souvent entre parties. Il y a des questions qui peuvent bloquer ou retarder la mise en œuvre de cet engagement. Nous avons fait un accord qui traite de tous les problèmes. Dans la mise en œuvre de cet accord, des obstacles politiques ont pu trouver une solution. Aujourd’hui, l’identification est lancée. On a donc trouvé politiquement un mode opératoire pour cela. Maintenant cela peut coincer par endroits. Politiquement, nous voulons une nouvelle armée. Techniquement, il faut la construire. Politiquement, nous voulons aller à des élections libres, démocratiques et transparentes où tous les candidats sont acceptés, où tous les partis politiques sont appelés à exercer de façon libre, sur toute l’étendue du territoire et où toutes les populations doivent avoir leurs cartes d’électeur pour aller voter le candidat de leur choix. Techniquement nous sommes en train de travailler. Il faut faire la part des choses entre la volonté politique qui ne souffre d’aucun doute aujourd’hui et l’aspect technique. L’aspect technique, c’est la mise en forme de ce point de vue. Il faut reconnaître qu’au niveau des FN, certains engagements qui devraient être faits par nous ont été retardés, mais pas refusés. Nous disons oui à l’unicité des caisses ! Aucune voix discordante n’est venue dire le contraire, au même titre que la passation des charges, au même titre que le redéploiement des forces mixtes du Centre de commandement intégré (CCI) sur toute l’étendue du territoire. C’est ainsi que l’Accord 4 a été signé. Politiquement, comment devrait-il être mis en marche? Il s’agissait de déterminer un quota pour les FN. C’est ce qui nous a permis de déterminer 7000 soldats et 4000 policiers et gendarmes et autres forces paramilitaires qui doivent procéder à la sécurisation du processus à travers le CCI. Désormais, l’ensemble des éléments des FN devraient se retrouver dans 4 villes principales que sont Man, Séguela, Bouaké et Korhogo dans des camps qui ont été identifiés comme tels. Cela veut dire de facto que les zones disparaissent.

L.P : Que deviendront alors les ‘’Com-zones’’?
K.S : L’accord ne prévoit pas la survie de commandants de zone dans la dynamique de la nouvelle répartition militaire dans l’espace CNO. A côté de cela, l’Etat devrait déployer son système financier pour commencer à prélever des taxes, à imposer les citoyens qui doivent l’être. A partir du moment où il se redéploie, l’Etat doit prendre en charge la vie des soldats FN qui ne sont plus aux corridors, qui ne sont plus en train de travailler pour l’économie, qui sont exclusivement dans une vie militaire dans les casernes où au CCI pour faire la sécurisation du processus. Nous ne pouvons donc pas nous opposer à l’unicité des caisses puisque les éléments qui seront dans les casernes devront être pris en charge par l’Etat de Côte d’Ivoire ainsi que les éléments qui rejoignent le CCI devant eux aussi être pris en charge par l’Etat de Côte d’Ivoire. L’Etat doit donc pouvoir récolter l’argent dans l’espace CNO pour assumer ses charges. Pour toutes ces raisons, on ne peut pas être contre l’unicité des caisses. L’unicité des caisses est en marche. Je vous invite à Bouaké. Il y a une deuxième phase de l’unicité des caisses qui va permettre aux Ivoiriens de voir qu’elle est en marche. C’est la présence des douaniers. Nous avons dit dans l’accord, que pour que les douaniers viennent, il faut qu’il y ait un nouveau système de sécurité. Le système sécuritaire voulu par le CCI. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est de constituer les forces intégrées au niveau du CCI pour les forces mixtes où nous avons donné 4000 éléments ainsi que le sud. De plus en plus, le CCI doit s’imposer comme la seule force qui doit sécuriser le processus. En filigrane, c’est l’unique force qui va sécuriser même les élections. Ce qui suppose qu’on aura un plan spécial pour la sécurisation des élections. Ce qui n’est pour le moment pas le cas. Mais, laissons cet aspect aux militaires. Si le CCI se redéploie et que les FN sont désormais concentrées dans quatre villes au niveau militaire, il ne restera que des postes de police que devra occuper le CCI qui va appuyer l’appareil judiciaire redéployé en zone CNO. Voilà le nouveau schéma sécuritaire. Ce schéma amène les ‘’Com-zones’’ à changer de fonction. Ils ne disparaissent pas parce que l’accord dit qu’ils existent jusqu’à la fin du processus. Ce qui est nouveau, c’est que les FN sont en train de travailler à créer un nouveau schéma sécuritaire qui absorbe les chefs militaires qui continuent de travailler pour la sécurisation du processus. Nous ne sommes pas attachés au mot ‘’com-zone’’. Parce que quand on dit ‘’commandant de zone’’ c’est quelqu’un qui commande une zone. Ce n’est pas une fonction militaire. C’est comme le préfet de région militaire. Ce sont des connotations de la guerre, alors que nous allons vers la paix. Automatiquement, les préfets militaires, les commandants de zone, les com-théâtres vont progressivement faire place à un schéma sécuritaire normal. Il ne faut pas être choqué quand le mot ‘’com-zone’’ va disparaître. Les deux forces auront des casernes à l’intérieur desquelles va fonctionner le CCI. Voilà donc le désarmement. Dans le désarmement, il y a ceux qui vont dans l’armée et ceux qui vont dans la vie civile. Il s’agit des démobilisés pour lesquels il va falloir aussi trouver de l’argent pour leur réinsertion. Voilà donc comment va se passer l’opération militaire. En aucun cas, les FN, n’ont dit non à ce schéma.

L.P : Il n’y a donc pas de volonté de blocage de la part des FN?
K.S :L’unicité des caisses est une réalité, le redéploiement des caisses est aussi une réalité. Tout ceci doit être inclus dans un schéma sécuritaire qui rassure l’ensemble des Ivoiriens et qui permet d’avoir de la lisibilité d’abord dans les zones CNO et ensuite, sur toute l’étendue du territoire. Voilà pourquoi nous disons que ces retards accumulés sont d’ordre technique. Pour redéployer les soldats dans les casernes, il a fallu réhabiliter les casernes. Il a fallu trouver le système de financement de leur vie dans ces casernes par l’Etat. Il va falloir aussi assurer l’argent pour le redéploiement des forces du CCI. Tout ceci coûte beaucoup d’argent et l’Etat traverse depuis quelques mois une phase de crise par rapport aux échéances à venir. Ce qui retarde ces différentes opérations qui devraient faire sur le terrain. Pendant le conclave, nous avons fait aussi cas de ce que les FN doivent faire. Et nous avons décidé l’ouverture des quatre casernes le plus tôt possible. Le général Bakayoko est en plein travail de recrutement et de boucage de la liste des éléments concernés. Toutefois, il faut reconnaître que ce travail nécessite beaucoup de moyens. Ce travail nécessite de la logistique qui doit être pourvu par l’Etat de Côte d’Ivoire et nous nous retrouvons donc au point de départ de la question financière pour soutenir tout ce mouvement.

L.P : A votre avis, d’où devraient provenir ces ressources?
K.S: Mais l’accord le dit clairement. C’est l’Etat qui pourvoit désormais dans ce cas de figure, aux charges des éléments FN qui ne sont plus des éléments FN en tant que tel. Ce sont des éléments FN inscrits dans le processus de sortie de crise. C’est donc l’Etat qui les prend en charge. Il arrive que l’Etat soit défaillant. Nous l’avons constaté à Bouaké lorsque l’Etat qui devrait payer les primes des démobilisés a été absent. Aujourd’hui, vous avez des démobilisés qui doivent normalement être réinsérés mais, par manque de moyens, ils ne le sont pas. Ce sont des choses délicates qui rendent lourdes les opérations sur le terrain.

LP. Dans votre déclaration, vous avez rassuré les Ivoiriens de ce que les élections sont possibles cette année. D’où tirez-vous cette assurance ?
KS. Nous avons dit cela à la suite de l’évaluation rigoureuse du processus d’identification. Pour aller aux élections, il y avait deux choses. Il y avait d’abord les audiences foraines et l’identification pour établir une nouvelle liste électorale consensuelle, acceptée par toutes les parties et certifiée par les Nations Unies. Nous avons fini la première partie. Aujourd’hui quand on prend le volume du travail, nous sommes à plus de 6 millions d’enrôlés. Il était attendu 8 millions. En l’espace de deux semaines, si on déploie les machines sur ces zones, on aura bouclé le travail. La première grosse étape d’avant élection (audiences foraines et identification) est achevée. Nous allons avoir une petite phase pour vérifier toutes ces données. Même là aussi, nous sommes conscients que ça va aller vite. Ce ne sera pas la phase de chaos comme le pensent certains. Si elle se fait aisément, cela veut dire qu’en l’espace de deux mois, d’ici au mois de juin, nous pourrons sortir une liste électorale définitive. Si nous avons cette liste, et que la phase sécuritaire qui est déjà bouclée, se met en place, avec la présence des forces impartiales, on a ce qu’il faut pour sécuriser les élections. Ce qui va permettre de rassurer tous les acteurs, de rassurer la population. Aucune force ne voudra s’opposer au processus. Qu’aucune cause ne sera utilisée par un acteur pour remettre en cause le processus. Nous ne sommes plus seuls. Le temps où il y avait une seule force n’est plus de mise. Le temps où une seule force pouvait décider seule de tout est révolu. Nous avons en Côte d’Ivoire, quatre forces pour sécuriser les élections. Ces forces travaillent en commun. Elles sont appuyées par une Commission électorale qui joue sa partition. Il y a aussi le lot des observateurs et la présence des Nations Unies. C’est un cadre original. Et c’est la première fois que les élections vont se tenir en Côte d’Ivoire dans un tel conteste. Il ne faut pas s’effrayer. Il ne faut pas être paranoïaque. Nous demandons aux Ivoiriens de faire leur carte d’identité et d’électeur pour aller voter pour leur candidat. Aujourd’hui, les candidats sont connus d’avance. Il y a quelques années c’était impensable. Aujourd’hui, on sait qui organise les élections et on y apporte du crédit. On sait comment les élections vont être sécurisées. On a de la lisibilité sur un processus transparent. C’est ce qui est important. Nous sommes dans un cadre nouveau. Il faut donc travailler à aller préparer les élections. Chaque parti politique doit quitter les schémas malsains pour se rassurer. Tout va se dérouler dans la transparence. C’est pour cela que nous ne sommes pas d’accord avec certains militants du FPI qui viennent brouiller l’horizon. Nous disons non à ceux qui veulent noircir ce processus qui est pourtant en marche. S’ils le font, c’est qu’ils n’aiment pas la paix. Les Ivoiriens veulent aller aux élections pour sortir de cette situation. Techniquement, tous les obstacles qui entravent la tenue des élections sont levés. Si les élections ne se tiennent pas cette année, ce serait pour des raisons politiques. Alors cela change tout.

LP. Pendant que vous réclamez les élections pour cette année, le camp présidentiel vous demande de désarmer vos hommes que répondez vous?
SK. Non, le Président de la République qui a signé l’accord avec le secrétaire général des FN est d’accord avec notre vision du désarment tel que je l’ai décrite plus haut. C’est après les élections, que le Président élu va consacrer l’unicité de l’armée. Ceux qui ne seront pas retenus vont être démobilisés et réinsérés. Ceci est valable et pour les miliciens et pour les démobilisés. Toute proposition en dehors de celle que j’ai décrite, n’est pas le désarment, comme le veut l’APO. Tout ce qui est FN aujourd’hui travaille pour la paix. Chacun a son rythme. Il y a une dynamique d’apaisement entre nos hommes et les hommes du sud. Nous demandons aux uns et autres de garder leur sérénité. Pour nous l’essentiel, c’est de conduire l’accord jusqu’à son terme. Nous pouvons dire aux Ivoiriens que nous ne sommes pas loin de la fin de cette crise. Dans quelques semaines, nous rentrons de plain pied dans les élections. Le débat devra donc plus porter sur les élections et non sur autre chose. On aura une date. C’est cette année et tout concourt à cela. On aura un schéma clair par rapport à la sécurisation de ces élections et on aura une liste électorale transparente avec une distribution transparente des cartes d’identité et des cartes d’électeur. Tout ceci sous la supervision de la CEI, de la CNSI. Déjà, la sortie des candidats malgré la dureté de leur propos rassure les Ivoiriens. Ces élections seront paisibles. Elles vont consacrer la réunification du pays, avec la réintégration de tous ses enfants dans le jeu politique. Ce qui va nous permettre d’annoncer l’ère électorale nouvelle pour la Côte d’Ivoire. Les FN continueront d’être vigilantes. Mais en même temps, elles sont à la tâche et ne se laisseront pas distraire.

LP. L’APO, au départ, nous avait donné 10 mois pour aller aux élections. Ce délai est largement dépassé. Quelle explication?
KS. L’APO a donné des indications de 10 mois. Mais, un processus marche avec plusieurs paramètres. Le plus importants aujourd’hui pour nous en Côte d’Ivoire, ce n’est pas de compter les années. Depuis 2002, nous signons des accords. Ces accords avant l’APO n’ont même donné un bout de papier à quelqu’un. Ces accords nous créaient des angoisses chaque octobre. Depuis l’APO, nous avons l’apaisement. Nous avons de la confiance qui renaît. Il faut effectivement aller aux élections. Le Chef de l’Etat le pense. Les acteurs politiques majeurs pensent la même chose. Nous avons écouté le président du RDR. Nous avons écouté le président Bédié. Tous reconnaissent avec nous que, techniquement, les élections sont possibles cette année. L’année dernière, ils n’ont pas tenu le même discours parce que techniquement, ce n’était pas possible. Peut être que ces deux ans nous ont permis de raffiner la sortie de crise. Et puis, n’oubliez pas que ce pays est en crise depuis une dizaine d’années. Nous avons pris deux ans pour bien négocier cette sortie de crise. C’est mieux que d’avancer de façon rapide, en brûlant des étapes importantes et en phagocytant l’accord. C’est vrai qu’il y a eu du retard, mais ce retard se justifie par des problèmes qui naissent et qui sont souvent indépendants des acteurs.

L.P : M. le ministre, l’actualité à Bouaké, c’est le retour du commandant Shérif Ousmane après une longue période d’absence. On a remarqué lors de son accueil, l’absence des dirigeants des FN. Y a-t-il problème à Bouaké?
S.K : Non, il n’y a pas de problème à Bouaké ! Shérif Ousmane est l’un de nos responsables militaires qui est commandant d’une zone. Il a été malade. Il est revenu. Il n’avait pas voulu un accueil grandiose. Et son vœu personnel a été de ne pas créer un évènement. Voilà ce qui s’est passé. Les FN étant dans un processus, il faut donner toutes les chances à ce processus. Le plus important est que quand il est revenu, il a repris le commandement. Il faut reconnaître que depuis que nous existons, il y a eu tellement de montage. On a dit qu’on se regardait en ennemis. Il n’en est rien. Malgré tout, la dynamique est restée, l’équilibre est resté maintenu. Il y a une hiérarchie dans la zone. Il y a une volonté aussi de continuer ensemble. On n’oublie jamais que ce pour quoi on est là. Nous sommes là pour permettre au pays de se réconcilier avec lui-même.

Bakary Nimaga et Yves-M. Abiet
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