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Politique Publié le samedi 30 mai 2009 | Le Nouveau Réveil

Fanny Ibrahima (maire de Bouaké) : “Si Bédié arrive au second tour que les militants du Rdr écoutent les consignes de Ouattara”

Le maire de la commune de Bouaké Fanny Ibrahim, est un maire optimiste quant à l'avenir de sa commune. Pour lui, la période post crise permettra à la capitale du centre, fief de l'ex rébellion de retrouver son passé. Dans une interview qu'il a bien voulu nous accorder dans ses bureaux de la Mairie, le premier magistrat de la capitale du centre explique sa vision d'un Bouaké nouveau .Il exprime également son optimisme quant à la prise du pouvoir du Rhdp. Pour le maire Fanny Ibrahim, la question d'une candidature unique ne se pose pas. Seulement, le meilleur candidat du Rhdp doit être totalement soutenu par les militants du Rhpd.

A un moment donné, on a fait cas de certaines querelles entre responsables du RDR. Notamment entre vous et Djibo Nicolas. Peut-on dire que tout est rentré dans l'ordre, aujourd'hui?
Non, c'est vous qui avez vu de la bagarre. Nicolas Djibo et moi, avant qu'il ne vire au RDR, nous entretenions d'excellentes relations. Aujourd'hui, c'est les mêmes bonnes relations qui existent entre nous. Nous avions d'excellents rapports. Il y a eu un problème de terrain. C'est donc dans le cadre du travail qu'on a eu un point de divergence. La tutelle a tranché. J'ai suivi les instructions du ministre. Et pour moi, cette affaire n'est pas allée au-delà du cadre du travail. Chaque fois que Nicolas est à Bouaké, il vient au bureau ou à la maison pour me saluer. Nous l'avons encouragé à nous rejoindre. Je ne vois pas pourquoi on peut envoyer quelqu'un dans une maison et avoir des problèmes avec lui.

Au fait, n'y a-t-il pas un problème de leadership au RDR dans le département ?
Je ne pense pas qu'il y ait un problème de leadership. Je suis au niveau du parti, la première personnalité dans la mesure où je suis secrétaire national. Et, il y a le secrétaire départemental avec qui nous travaillons en symbiose. Il n'y a pas un problème de leadership, ici. Le départemental et moi avons d'excellentes relations.

Monsieur le maire, vous êtes le premier responsable du Rdr à Bouaké. Je voudrais savoir à ce niveau, quels sont vos rapports avec le Pdci et les autres partis du Rhdp ici à Bouaké ?
Nous avons des instructions formelles de notre direction. Nous évoluons dans le cadre du Rhdp. A Bouaké, ce n'est pas très actif. Et, c'est à cause de la nature des gens du Pdci. Mais, même si de ce côté-là, nous pensons qu'il n'y a pas le même engouement que Abidjan, je pense que le RHDP est une structure qui a été décidé par nos partis. On est donc tous dedans.

Autrement dit, entre vous et les élus du Pdci de Bouaké, il y a problème
Ah ! Non. Le patron du Pdci ici est un ami d'enfance. Entre Kra et moi, il ne peut pas avoir le moindre nuage. Mais, je sais que lui et moi, on a rarement parlé du RHDP. Il doit avoir ses raisons. Quant à moi, mon patron m'a dit que le Rhdp est notre affaire. Le jour où il décide qu'on casse la baraque je prends un marteau derrière la baraque et je la casse.

Avec les Forces Nouvelles, on sait que par le passé les relations n'étaient pas au beau fixe. Aujourd'hui, quels sont vos rapports avec elles?
Aujourd'hui, c'est le grand amour entre les Forces Nouvelles et moi. Vous savez, il y a des gens dans leur vie qui jouent le mauvais rôle entre les gens. On n'en avait un ici. Il s'est fait démasquer. Les Forces nouvelles ont bien compris son jeu et nos rapports sont aujourd'hui parfaits. Je n'ai aucun problème avec qui que ce soit au sein des Forces nouvelles. Dans ce mouvement, j'ai beaucoup de relations.

Cela va faire bientôt un an que les Forces Nouvelles vous ont rétrocédé la mairie de Bouaké. Aujourd'hui, comment se porte-t-elle ?
Les choses ont beaucoup évolué. Le drame aujourd'hui, c'est que nos agents ne sont pas payés. C'est démotivant. Est-ce qu'une entreprise peut fonctionner sans que les agents ne soient payés ? D'autres ont perdu leurs femmes, leurs enfants et d'autres sont morts. Sur 85 mois de salaire on n'a eu que 5. Je n'ai jamais pu comprendre qu'un régime ait pu se rendre coupable, qu'un régime ait pu être aussi cynique ? Je ne comprends pas. Voila ce que je peux vous dire. La mairie a repris son fonctionnement. Le ministre des finances a reçu l'Uvicoci. Il a promis une garantie des salaires à partir du 1er janvier. Nous sommes au 5ème mois. Et rien n'est encore fait.

Monsieur le maire, Que dites-vous des ventes massives de timbres parallèles dont on vous a accusé ?
Non, c'est lui qui a dit (ndlr il a indexé Delmas Abib), c'est votre journal qui a dit. Voilà une mairie où un adjoint a donné sa vie pour sauvegarder les registres. Il y a près de 70 registres. Pensez-vous que c'est ce professeur d'Université qui va descendre dans une salissure aussi dégradante. Que gagne-t-il à donner un de ces timbres ou extraits à quelqu'un qui n'est pas né à Bouaké. ? Seulement, il y a eu deux ou trois cas avant la crise, on avait des timbres. C'est lorsque, il y a eu la rébellion que les gens, des voyous ont attaqué la mairie. Ils ont pris tout ce qu'il y avait dans le coffre. Donc, il y avait 40 millions de timbres qu'on venait d'acheter. Ils sont venus m'en proposer. Comme je ne voulais pas que l'Etat civil arrête de fonctionner, je les ai achetés et mis à la disposition de l'Etat civil. Il s'agissait d'une toute petite quantité. Et c'est ce qui nous a permis de faire les actes de naissance qu'on n'a pu faire pendant la crise. Même, si on ne nous dit pas merci, il ne faut pas qu'on nous blâme. Evidemment, lorsque nous avons eu l'autorisation d'aller chercher les timbres à Abidjan, j'ai fait supprimer tout le reste du circuit. Il y a un ou deux malins qui en ont gardé. Et c'est ce qui a été dramatisé. Au point que la fondation Carter et des personnalités françaises ont été obligées de venir enquêter ici. Ils n'ont rien trouvé. Pourtant, tous les jours, vous en parlez. Il faut qu'on arrête. Vous aurez ma peau, mais pas dans cette affaire, et dans ces choses-là. Je suis venu à la mairie après ma retraite Je suis un homme d'action et je voulais apporter quelque chose à cette mairie. Il peut y avoir de petites erreurs comme dans tous les services. Mais pourquoi cette dramatisation ? Pour moi, c'est une affaire qui est close. Les enquêtes ont été faites et rien n'a été trouvé.

Parlant des activités de la mairie, peut-on dire que le maire de Bouaké à la plénitude de toutes ses fonctions ?
On a aujourd'hui la plénitude de toutes nos fonctions. C'est les recettes de marchés qui n'ont pas encore atteint la vitesse de croisière. Tout le monde accepte de payer sa part d'impôt. Cette commune peut faire 10 milliards de recettes.

Bouaké, au plus fort de la crise, s'est beaucoup vidée de sa population. Aujourd'hui y a-t-il une politique de mise en place pour que Bouaké retrouve progressivement nombre de ses populations parties ?
Bouaké est plein. Il y a même plus de personne qu'avant la guerre. Je vais vous dire pourquoi. Tous ces jeunes qui sont dans la rébellion sont venus de nos villages. Ils sont tous restés. Or, ceux qui sont partis, ce sont des fonctionnaires. On les a réaffectés et ils sont ici aujourd'hui à 86%. Donc, à ce niveau- là, nous pouvons dire que le remplacement a été fait.

Et pourtant, il y a encore des quartiers qui restent encore affectés.
Mais là, ce sont des villas inhabitées. A Air France, je peux dire qu'il n'y a qu'une quarantaine ou une cinquantaine de maisons qui ne sont pas habitées. A Ahougnassou, je n'ai pas vu plus de 30 maisons. Et, là-bas, ces villas étaient habitées par les colonels et capitaines. Ils commencent à venir. Vous allez voir, d'ici quelque 3 à 4 mois, toutes les maisons vont être habitées. On a demandé des maisons pour loger les militaires qui arrivent.

Quel sens donnez-vous au développement des 500 forces de défense et de sécurité à Bouaké ?
Moi je suis heureux. Maintenant, est-ce qu'ils ont commencé à travailler réellement ? Cela reste à vérifier. Vous savez, les problèmes d'hébergement ne sont pas réglés. Moi, je pense que s'ils sont affectés ici, on doit leur permettre de bénéficier des maisons baillées et faire venir leur famille pour leur permettre de fonctionner normalement. Je ne pense pas que ce soit le cas actuellement. A mon avis, c'est ce qui est important et que l'on doit pouvoir régler le plus tôt possible. Car à la rentrée, ces hommes auront besoin d'envoyer leurs enfants à l'école.

L'actualité politique, c'est aussi la fixation de la date de l'élection présidentielle le 29 novembre. Pensez-vous que cette date sera respectée ?
Le président du Rdr m'a dit que les élections présidentielles, c'est le 29 novembre prochain. Il m'a confié des tâches que j'exécute. Je pense qu'aujourd'hui, tout le monde a intérêt à ce que l'élection se déroule. Il faut la tenue des élections pour que le président élu soit respecté de tout le monde et ait la légitimité devant la communauté internationale pour qu'elle le prenne au sérieux. C'est de cette façon que nous pourrions repositionner notre pays. Regardez autour de nous, tout le monde a renégocié le problème de l'immigration en direction de l'Europe. Il est vrai qu'on a eu d'excellents ambassadeurs français ici qui nous ont aidés dans la crise. Mais les problèmes sérieux comme l'immigration où les ivoiriens sont chaque fois humiliés à l'ambassade de France pour les problèmes de visas demeurent.

La question de désarmement avant les élections a fait l'objet de polémique. Quelle est votre position là dessus?
Ce n'est pas un acte obligatoire, c'est volontaire. Celui qui veut vote. Pourquoi alors on veut nous faire croire que c'est obligatoire ? On nous a donné un délai. Celui qui veut avoir une carte d'identité, il n'a qu'à entrer dans ce délai. Après les élections, on ne va pas arrêter d'établir les cartes dans ce pays. Que les gens arrêtent de jouer avec les autres et qu'on aille à l'essentiel.

Le non respect des dates a toujours été le fait du pouvoir. Pensez-vous que le président Gbagbo soit sincère concernant la date du 29 novembre ?
Il a signé un décret, non ? Lorsqu'un président de la République signe un décret, je ne sais pas comment il peut se dédire.

Il y a des décrets qui n'ont pas été exécutés…
Ah oui. Vous avez raison aussi. Alors là, je ne sais pas comment je dois vous répondre. Je souhaite que celui-ci soit exécuté.

On parle aussi de désarmement avant les élections. Quel est votre avis ?
Ecoutez, j'ai étudié l'histoire à l'école. J'ai enseigné l'histoire. Dans tous les pays du monde où il y a eu la guerre, c'est après la normalisation qu'il y a eu désarmement total. Vous croyez que quand il y a eu la seconde guerre mondiale, on a réussi à désarmer tout le monde avant la normalisation ? En Irak, on a voté pendant qu'on tuait par centaines. C'est une question de volonté. Et puis, ici à Bouaké, les armes ne se baladent plus comme par le passé. Sauf quand des éléments sont de service. C'est un faux débat. On dit qu'ils vont en caserne, c'est à dire qu'ils vont être mis tous dans un camp militaire et on crée une poudrière où les armes sont déposées. A Akouédo, il y a des armes. La question est de créer les conditions pour gérer les armes comme dans tous les camps.

Quelle pourrait être, selon vous, la stratégie du Rdr et du Rhdp pour remporter la prochaine élection présidentielle ?
Je crois que nos présidents l'ont déjà définie en signant le document à Paris. Je peux en parler parce que j'ai eu l'avantage d'être présent. Ce qui a été retenu, c'est que tous les partis envoient un candidat aux élections. Le meilleur des quatre candidats est le candidat du Rhdp au second tour. C'est tellement simple. La seule difficulté, c'est l'honnêteté qu'il faut dans ce cadre-là et jouer franc-jeu.

C'est-à-dire ?
Si effectivement, c'est Bédié qui arrive au second tour, il faut que les militants du Rdr suivent les consignes du président Ouattara. Si c'est le président Ouattara, il faut que tous les militants du Pdci suivent les consignes de Bédié. Même scénario pour Mabri ou Anaky. C'est à ça que nous demandons de veiller au lieu d'aller demander une candidature unique.

Pensez-vous dans ce cas que le Rhdp a les chances de prendre le pouvoir ?
Il est clair que si on est ensemble, Gbagbo ne verra que du feu. Le Rhdp constitue 80%. Gbagbo a été élu avec 36% des Ivoiriens qui ont voté. A peine deux (2) millions de voix. Les militants du Pdci, du Rdr, les gens de la société civile, l'ont soutenu parce qu'on ne voulait pas du pouvoir militaire. Mais quand on retranche tout cela, les militants du Fpi ne représentent plus rien. Peut-être que 400 mille militants du Fpi qui ont voté. Le reste, ce sont les gens des autres partis et de la société civile. C'est cette équation qu'il ne peut pas résoudre. C'est pourquoi, il complique les choses. Dieu merci, il a signé un décret. Apparemment, cela veut dire qu'il est dans le ton des élections.


Interview réalisée par De Bouaffo
et Delmas Habib
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