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Économie Publié le mardi 10 novembre 2009 | Nord-Sud

Production vivrière : Les riziculteurs s’inquiètent des pénuries d’intrants

Plusieurs exploitants agricoles ont écrit une lettre aux autorités pour exiger plus d’attention. Le gouvernement note ses préoccupations.

Le courrier que les paysans des régions du Denguélé et du Bafing s’apprêtent à adresser aux autorités est sans concession. Ils s’inquiètent de divers dysfonctionnements qui risquent de mettre en péril la production rizicole, faisant peser des menaces sur la sécurité alimentaire. En fait, écrivent-ils, les agriculteurs ivoiriens ont besoin d’intrants, notamment de semences, d’engrais et d’outils, pour augmenter leur production. L’écart entre leur rendement réel et ce qu’il est possible d’atteindre devient de plus en plus énorme. La plupart des riziculteurs ne disposent pas d’outils mécaniques. Conséquence, ils doivent préparer la terre à la main. Les autorités admettent qu’une plus grande proportion des fonds publics aurait dû être investie dans l’équipement et le développement du marché. «Au cours de sa visite dans la région, le chef de l’Etat a annoncé un appui de 300 millions de Fcfa.
Semences insuffisantes

Mais, nous avons plutôt besoin de réformes structurelles et de vision», soutient Valoua Bamba, agriculteur à Ouaninou. Ce fermier aurait voulu que le gouvernement subventionne les engrais et autres pesticides comme le font les gouvernements togolais, libérien, béninois et malien. Car, sans engrais, les populations n’ont qu’une solution : agrandir la surface cultivée afin d’augmenter le volume des récoltes. Une vraie menace pour l’écosystème. Une autre difficulté, c’est la pénurie de semences. Cette pénurie empêche d’augmenter la production, la demande étant désormais supérieure à l’offre. Ainsi, les agriculteurs doivent apprendre à produire et à entreposer des semences. « Nous devons créer des banques de semences et des fonds renouvelables pour l’achat de semences. Il n’y a pas de grandes banques de semences ici. Aujourd’hui, les fermiers s’échangent juste des semences entre eux », notent les paysans. Les institutions financières, notamment la Banque africaine de développement (Bad) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, sont intervenues pour apporter leur aide. La Bad a créé un fonds de 35 millions de dollars destiné à augmenter la production de Nerica dans sept pays. L’Adrao se sert de fonds versés par la Bad pour former les fermiers à la production et à la gestion des semences par le biais d’un système communautaire. Mais les investisseurs privés doivent intervenir également pour contribuer à réunir les conditions nécessaires à l’existence d’un marché des semences dynamique. «L’Etat doit les encourager à investir en leur disant que le marché va se développer d’année en année, sur les 10 prochaines années », souligne François Bréka, ingénieur agronome. Un grand nombre d’agriculteurs ont adhéré à des associations de riziculteurs, par le truchement desquelles ils s’aident mutuellement à entreposer et à vendre leurs excédents de semences et, s’ils en ont les moyens, à louer de l’équipement. Selon les membres de la coopérative rizicole Kafo, le rendement relativement plus élevé du Nerica leur permet de vendre leurs excédents à 500 Fcfa le kilogramme. Les bénéfices leur ont permis d’ouvrir un compte bancaire et de mettre en place un système de microcrédit.
L’Etat cherche 16 milliards de Fcfa

« Il y a une grosse différence entre le Nerica et le fluvial, l’autre variété de riz que nous cultivons. C’est pourquoi 85% veulent passer au Nerica», déclare une rizicultrice basée à Guibéroua. Mais selon l’Adrao, il est « bien trop simpliste » de croire que le Nerica peut permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Le gouvernement affirme avoir conçu une série d’actions. Ces actions concernent le renforcement et l’augmentation de la population agricole au titre de la campagne 2009-2010, l’approvisionnement des marchés, l’accès aux aliments etc. Parmi les mesures, on peut citer le Programme d’urgence riz. L’objectif global, selon nos sources, est d’accroître la production rizicole de 200.000 tonnes de riz blanchi, en vue d’atténuer de façon urgente les risques de pénurie de riz et stabiliser la production afin de sécuriser l’approvisionnement du marché. Cela devrait déboucher sur la mise en valeur de 38.900 hectares de riz irrigué dont 33.900 hectares de riz de bas-fonds et 5.000 hectares de plaines inondables. Le programme prévoit aussi l’appui à l’exploitation de 800.000 hectares de riz pluvial, la réhabilitation de 1.000 hectares de périmètres rizicoles irrigués, l’acquisition de semences, d’engrais et d’herbicides pour environ 38.900 hectares. Il y a également l’équipement en petits matériels pour la mise en valeur d’environ 10.000 hectares spécifiquement identifiés dans les régions Nord et Ouest n’ayant pas suffisamment bénéficié de l’appui de l’administration, l’acquisition de 31 unités de décorticages, de 31 magasins de stockage, de 31 tracteurs et attelages, de 325 motoculteurs, de 1.000 bâches, de 93 batteuses vanneuses ainsi que l’installation de pluviomètre. Le coût du programme s’élève à 16 milliards de Fcfa.

Lanciné Bakayoko
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