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Économie Publié le lundi 30 novembre 2009 | Nord-Sud

Huile de palme raffinée : Le Sénégal ferme ses frontières aux produits ivoiriens

Le Sénégal a pris le 1er novembre un décret rendant obligatoire «immédiatement », l'application d'une nouvelle norme qui restreint son marché. Les autres acteurs dont le groupe ivoirien Sifca, soupçonnent la Sunéor, une filiale d'Advens, de vouloir casser ses concurrents et accroître ses profits.

Le marché sous-régional de l'huile de palme bouillonne. Les «larves» parties de Dakar, causent des dégâts sur son passage et menacent dangereusement Abidjan et la sous-région. Aussi bien les entreprises sénégalaises que le groupe ivoirien Sifca, sont en alerte et font tout pour éteindre l'incendie. L'étincelle, c'est le décret pris par le président Abdoulaye Wade (n°2009-87) qui impose désormais des normes strictes pour l'importation d'huile de palme raffinée. Le texte invoquant des motifs de santé public, fixe un taux d'acides gras saturés de 30%. Les stocks des importateurs ont aussitôt fait l'objet de blocage dans le port de Dakar et toutes les importations en provenance de Côte d'Ivoire ont été stoppées. Mais, pour la plupart des acteurs, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une mesure de restriction commerciale non-tarifaire que l'Etat sénégalais a prise pour favoriser un opérateur économique, en l'occurrence la Sunéor, au détriment d’éventuels concurrents.

Une norme édictée sans l'Uemoa

Le Groupement ivoirien des transformateurs de l'huile de palme (Githp) a saisi les autorités ivoiriennes ainsi que la commission de l'Uemoa. Il dénonce une entrave à la libre circulation des produits de la zone de libre échange qu'est l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). «C'est bel et bien un barrage qui a été placé aux importations d'huile de palme puisqu'elles sont naturellement composées de plus 30 % d'acides saturés. Toutes les huiles végétales ont leurs caractéristiques. Celles-ci donnent à l'huile de palme sa résistance à la chaleur et fait donc d'elle la meilleure pour les fritures et autres usages à chaud », explique le directeur général de Sifca, Yves Lamblin, au terme d'une visite des unités de production organisée mercredi à l'intention du ministre de l'Intégration africaine et des instances communautaires sous-régionales. Selon le ministre Amadou Koné, après les enquêtes nécessaires, une mission va se rendre incessamment au Sénégal. «Les instances vont rendre des décisions impartiales », assure le représentant résident de l'Uemoa, Sow Guidado.

N'empêche ! Aussi bien à Abidjan qu'à Dakar, la polémique continue d'enfler. Les opérateurs sénégalais ont sollicité l'expertise de spécialistes. Pour le scientifique français, Jean Graille, par ailleurs professeur de biochimie, l'huile de palme ne peut avoir moins de 50% d'acides gras saturés. Selon le quotidien «Le Soleil », M. Graille, explique, à coups de graphiques, que non seulement l'huile de palme est loin d'être nocive, mais qu'elle est même la meilleure pour l'organisme humain. Elle comporte, dit-il, 80% d'acides gras insaturés, qui sont bons, notamment, pour la production du bon cholestérol. Le secrétaire général de la Sunéor, Mbaye Guèye, affirme qu'après avoir consulté le moteur de recherche Google, il a découvert que l'huile de palme était beaucoup plus adaptée pour produire du carburant. «Mais nous ne sommes pas des voitures, nous sommes des êtres humains », ironise-t-il.

Une procédure engagée contre l'Etat sénégalais.

«Nous avons toutes les raisons d'être très inquiets pour notre pays, sur les conséquences de l'application d'une telle norme, qui ne répondrait pas à un souci de protection de la santé des consommateurs, mais constitue une grave violation des engagements du Sénégal à l'Omc, et vis-à-vis de nos partenaires, en particulier les pays membres de l'Uemoa et de la Cedeao», soulignent les industriels sénégalais. L'essentiel de l'huile de palme importée au Sénégal, provient, on le sait, de la Côte d'Ivoire, qui a développé une forte industrie autour de ce produit. La collusion de la Sunéor avec les autorités se fait pesante depuis l'adoption de la norme. Le 6 octobre dernier, lors de la réunion du Comité technique agroalimentaire, dirigé par le médecin-vétérinaire, Malang Seydi, le directeur de l'Association sénégalaise de normalisation (Asn), chargée d'établir les normes sénégalaises, a expressément indiqué que la Sunéor a demandé la révision des normes sénégalaises, pour faire «face à l'importation massive d'huile d'origine différente, mais principalement de la Côte d'Ivoire….les difficultés induites par cette importation massive d'huiles comestibles mettant en péril la filière arachidière». Au cours de cette réunion, M. Seydi, considérant que cette demande de révision de normes était un cas de figure unique dans l'histoire de son institution, a souhaité qu'elle se base sur un argumentaire scientifique affirmé et irréfutable. La réunion avait pu constater que le dossier de Sunéor, soumis ce jour-là, souffrait d'une «insuffisance d'arguments scientifiques valables, étayés par des données bibliographiques référencées, des données épidémiologiques, des revues scientifiques, des normes internationales». Ces réserves faites, n'ont pas empêché le Comité technique agroalimentaire, ainsi que l'Asn, de recommander l'adoption de mesures de restriction de l'importation des huiles de palme raffinées, en provenance de la Côte d'Ivoire.

Lanciné Bakayoko
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