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Politique Publié le mercredi 2 décembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Chronique politique… Le deux poids deux mesures des Nations Unies

A la suite des massacres horribles perpétrés par la junte militaire au pouvoir en Guinée le 28 septembre dernier à Conakry, les Nations Unies ont rapidement dépêché dans ce pays des émissaires qui ont évalué la situation et ont conclu à 150 morts. Les Nations Unies s'apprêtent à présent à envoyer en Guinée une équipe d'enquêteurs pour une enquête approfondie sur les causes et les circonstances des tueries et surtout pour situer les responsabilités et adopter les mesures qui s'imposent.
Nous sommes naturellement heureux de cette initiative des Nations Unies qui entendent faire savoir à tous que les crimes gratuits causés sur les populations civiles innocentes par des dictateurs sanguinaires qui se sont érigés en roitelets dans leur pays ne resteront plus impunis. Le mandat lancé contre le président Oumar El Béchir du Soudan qui se livrait par milices interposées à un nettoyage ethnique au Darfour nous comble également d'aise. Nous nous devons tout de même de rappeler aux Nations unies que les 25, 26 et 27 mars 2004 à Abidjan en Côte d'Ivoire, les Forces de Défense et de Sécurité de ce pays, efficacement soutenues par les milices tribales du pouvoir, se sont livrées au pire carnage que la Côte d'Ivoire ait connu de toute son histoire.
Alertées, les Nations Unies dépêchèrent à Abidjan une équipe d'enquêteurs qui, à la suite d'une enquête provisoire, concluait à 120 morts indiscriminés. Tout le monde s'attendait au retour de cette équipe d'enquêteurs pour l'enquête définitive. Il n'en fut rien !
Or les partis d'opposition, victimes de ces massacres, de même les organisations de défense de droits humains ont dénombré plus de 500 morts (le nombre de 518 est généralement avancé) et des centaines de blessés et de disparus. Il se trouve que les tueries de Conakry et celles d'Abidjan ont des similitudes réelles :
-il s'agissait de populations civiles aux mains nues
-en Guinée, regroupées dans un stade pour un meeting qui se sont fait tirer dessus comme des lapins
-en Côte d'Ivoire, la manifestation prévue, ayant été étouffée dans l'œuf, n'eut pas lieu et c'est dans les domiciles et les concessions que les hordes de meurtriers et d'assassins ont accompli leur sale besogne
-dans les deux pays, c'est le déferlement d'une barbarie gratuite où des êtres humains ou se disant tels, parce que portant un uniforme et détenant un fusil, ont décidé de faire d'autres êtres humains, vrais ceux-là, de la chair à canon.
En Côte d'Ivoire, les chars d'assaut et les hélicoptères de combat participaient à la "glorieuse bataille" où des gens surarmés mitraillaient d'autres gens, sans défense et hagards. Pourquoi les Nations Unies n'ont-elles pas jugé utile de renvoyer la commission d'enquête pour qu'elle achève son travail et situe les responsabilités ?
Nul doute que le peuple guinéen trouvera un certain réconfort et une certaine consolation lorsque les enquêteurs venus à Conakry auront rendu leurs conclusions parce que quoiqu'il advienne, ce sera un peu le commencement de la fin de l'impunité de ces roitelets nègres qui exercent sur leur ( ?) peuple "un chimérique empire" Pourquoi a-t-on refusé et refuse-t-on au peuple de Côte d'Ivoire de bénéficier de ce lot de consolation au point que les meurtres et assassinats ont toujours continué dans l'impunité la plus totale, le silence des Nations Unies étant considéré comme un blanc-seing donné aux commanditaires de ces horribles exactions ?
Est-ce parce que nos "120 morts indiscriminés" provisoires ou nos 518 morts définitifs et nos centaines de blessés et de disparus comptent pour du beurre ? A moins que les Nations Unies aient estimé qu'il n'était pas nécessaire de poursuivre les enquêtes pour situer les responsabilités puisqu'il s'est trouvé quelqu'un, au lendemain de ce pogrom effroyable, pour féliciter ces massacreurs qui se sont livrés à cette boucherie, leur décernant la palme parce qu'ils auraient "fait leur devoir".
Dès lors, la cause étant entendue parce que le responsable de ces tueries s'étant ainsi désigné lui-même, il pourrait ne plus être nécessaire de poursuivre une quelconque enquête. Si tel est le raisonnement des Nations Unies, nous osons espérer que le moment viendra où les mesures appropriées seront prises pour consoler et calmer un tant soit peu les victimes et familles de victimes qui pouvaient difficilement imaginer que leur propre gouvernement les truciderait sans état d'âme parce qu'un individu qui a peur de son ombre à cause de ses échecs a cru "son pouvoir et son fauteuil" menacés. Nous osons également croire qu'il en sera de même pour ces personnes de haut rang qui ont donné les ordres assassins allant jusqu'à déclarer un lieu public d'Abidjan zone de guerre alors qu'on ne les a jamais vu briller sur les vrais théâtres où il fallait se battre pour préserver l'intégrité du territoire national.
Il serait en effet intolérable que ces personnes qui agissaient en toute lucidité et responsabilité viennent un jour, le bec enfariné, déclarer piteusement "j'obéissais aux ordres". Dans tous les cas, nous demandons aux Nations Unies et à la Communauté internationale de garder bien au chaud le dossier ivoirien car nous souhaitons tous en toute justice que tous les responsables, à quelque rang qu'ils se situent paient pour la meurtrissure infligée à la Côte d'Ivoire et à son peuple.
Par Doubé Binty



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