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Politique Publié le jeudi 3 décembre 2009 | Le Patriote

Le Cpc doit accoucher d’une date précise

Rendez-vous déterminant. Aujourd’hui, tous les regards des Ivoiriens et des amis de la Côte d’Ivoire sont rivés sur Ouagadougou. La séance de travail tant attendue des membres du Cadre permanent de concertation s’y tient. Laurent Gbagbo, président en exercice sortant, Alassane Dramane Ouattara, président du RDR, Henri Konan Bédié du PDCI , Guillaume Soro, Premier ministre et maître d’œuvre de l’accord de Ouagadougou et Blaise Compaoré, Président du Faso et facilitateur dans la crise ivoirienne, passeront en revue l’évolution du processus de sortie de crise et surtout l’organisation de la présidentielle. Mais, s’il y a un point sur lequel tous les Ivoiriens attendent une réponse on ne peut plus claire, c’est bien la date du premier tour de la présidentielle prochaine. Personne ne comprendrait – et donc n’accepterait – que cet énième rendez-vous soit une autre porte ouverte à d’autres supputations sur l’échéance maintes fois repoussée.
Pour les Ivoiriens, il ne s’agit pas d’une réunion pour aller sabler du champagne et festoyer des retrouvailles mais d’accoucher d’une date claire et précise. Si le rendez-vous manqué du 29 novembre dernier a été accepté au nom de la paix par le peuple, ce dernier n’acceptera pas que des acteurs prolongent indéfiniment ses souffrances. En outre, la classe politique et singulièrement les membres du CPC devant l’opinion nationale et internationale commencent par perdre du crédit. En première ligne de ce désamour, de cette dépréciation, les signataires de l’Accord politique de Ouagadougou. Les déclarations de Laurent Gbagbo à son arrivée mardi dernier à Ouagadougou laissent croire à la mise en route d’une autre ruse (Il est un abonné).
« Mais ce n’est pas nous qui fixons la date. En la matière, je joue au notaire. C’est la Commission électorale qui fixe une date et la propose au Premier ministre. Et ensemble, ils viennent me la proposer. Evidemment, comme je ne suis pas un simple notaire, avant de signer un décret, je les interroge sur la signification de leurs propositions. Il ne faut pas raisonner en terme de date, mais en terme de masse de travail qu’il reste à faire ( ...) », « plaisante » Laurent Gbagbo. Le quotidien pro-gouvernemental a tiré la conclusion selon laquelle cette sixième édition du CPC fera exclusivement le point du processus sans fixer une date. Les présidents Henri Konan et Alassane Dramane Ouattara qui sont avertis, sont interpellés. Ils devront refuser de se faire complices de ce que l’on annonce et qui est la traduction d’un mépris pour les Ivoiriens.
Coulibaly Brahima

Compaoré doit sauver sa médiation
Il est temps pour Blaise Compaoré, facilitateur de la crise ivoirienne d’exercer une pression conséquente sur son homologue ivoirien, protagoniste de cette crise, pour que celui-ci lâche du lest en vue de l’organisation de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Car, les propos tenus hier, par Laurent Gbagbo sur une radio étrangère tranchent nettement avec ceux qu’il tenait il y a deux ans à Bouaké en invitant la classe politique à aller aux élections « vite, vite, vite ». Sans aller jusqu’à frapper du poing sur la table, il est impérieux que Compaoré dise ses vérités au président sortant ivoirien, qui a réussi à dribbler et à mettre dans le décor plusieurs médiateurs engagés avant lui, dans la crise ivoirien. Feu Gnassigbé Eyadéma, John Kufur, Sassou N’Guesso en savent quelque chose. L’heure de la vérité a sonné. Le président burkinabé doit sauver sa médiation et préserver sa crédibilité. Si, jusqu’à présent, sa stratégie a consisté à ménager un homologue qui est qualifié par ses adversaires de « boulanger » et une opposition politique et militaire qu’il est accusé de soutenir, le médiateur doit réaliser maintenant que le peuple ivoirien n’est plus prêt à attendre encore longtemps, une hypothétique date des élections. Et ce, d’autant plus que plus de 95% des tâches à accomplir sont déjà réalisées. A force d’incertitudes, en effet, sur la date des élections, le numéro un burkinabé pourrait perdre toute crédibilité aux yeux des Ivoiriens qui ne tarderaient pas à l’accuser de complicité avec Gbagbo dans cette situation dommageable de ni paix ni guerre. L’influence sous-régionale dont il jouit depuis la mort d’Houphouët dont il est considéré comme le meilleur élève, pourrait en prendre un sérieux coup. Pour ainsi dire, le natif de Zignaré ne peut et ne doit se permettre la langue de bois au risque de provoquer un enlisement de la situation d’une part et d’autre part, d’être otage du « jeu subtil avec le temps » de Laurent Gbagbo. « Le chef de l’Etat ivoirien n’organisera d’élection que lorsqu’il sera sûr de gagner », a prévenu depuis des mois Christian Bouquet, politologue français et spécialiste de la Côte d’Ivoire. Un homme averti en veut deux, dit l’adage.
Ibrahima B. Kamagaté

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