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Économie Publié le lundi 21 décembre 2009 | L’expression

Agriculture ivoirienne - Pourquoi les paysans se ruent vers l’hévéaculture

Les paysans se détournent de plus en plus des autres cultures de rente au profit de l’hévéaculture qui assure un revenu mensuel.



Frappés de plein fouet par la misère, nombre de producteurs d’ananas et de palmier à huile de Bonoua, localité située au Sud- Est du pays, dans le département de Grand Bassam, ont décidé de faire de l’hévéaculture. Avec la chute des prix de l’ananas et la mévente de ce produit, certains ont laissé leurs plantations à l’abandon quand d’autres préfèrent les brûler pour mettre des plants d’hévéa. Cet engouement pour la culture de l’hévéa, à en croire le président de la Coopérative des planteurs d’hévéa du Sud Comoé (Cophesud-co), Emmanuel Kadio, n’est pas le seul fait des agriculteurs de la région du Sud Comoé. Nombre de producteurs de café et de cacao ont décidé, depuis quelques années, de s’intéresser à cette culture. Certes, l'hévéaculture, qui occupe 12 mille hectares de terres cultivables en Côte d’Ivoire, est loin d'atteindre la production de cacao estimée à 1,2 million t par an. Mais, la Côte d'Ivoire, avec une production annuelle de caoutchouc de près de 180.000 tonnes, occupe la première place en Afrique et le 7ème rang mondial. Contrairement aux autres cultures de rente qui sont saisonnières, l’hévéa produit 10 à 11 mois dans l’année. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons pour laquelle nombre de producteurs d’ananas, de palmier à huile, de café et de cacao s’adonnent désormais à cette culture.

Une activité rentable

«Le planteur d’hévéa est comme un salarié. Il a un revenu mensuel qui lui permet de vivre décemment durant toute l’année. Il peut planifier ses revenus. Même si les prix bord champ du cacao sont plus élevés que ceux de l’hévéa, sa culture est beaucoup plus rentable », confie le président de la Cophesud-co, également producteur d’hévéa à Aboisso. Le prix Apromac (Association des producteurs et manufacturiers de caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire), structure qui fixe les prix, a oscillé en 2009 entre 194 à 382 Fcfa par Kg, bien loin de celui du cacao fixé à 1000 Fcfa le Kg pour la campagne 2009. N’empêche que le producteur peut réaliser plus de profits que celui de cacao, explique Emmanuel Kadio. «Le cacao n’a que deux saisons par an, le café a en une et la récolte du palmier à huile se fait sur 6 mois dans l’année», indique-t-il. Il fait savoir que plus une plantation d’hévéa est vieille plus elle est rentable contrairement à celle des autres cultures. Selon lui, quand l’arbre après 9 ans d’exploitation, la méthode de saignée employée par les producteurs, la saignée inversée, permet de recueillir plus de latex. L’arbre a une durée de vie 40 à 46 ans. Ainsi, une jeune plantation d’hévéa, mise en saignée depuis 4 ans, peut produire 300Kg de caoutchouc par ha. Entre 5 et 8 ans de saignée, la production est estimée à 500 Kg par ha. De 9 à 11 ans de saignée, la production peut atteindre une tonne. Kattié Etjen, secrétaire général de la coopérative, révèle qu’un planteur qui a une production mensuelle de 500 Kg par ha peut percevoir entre 97.000 et 191.000 Fcfa par mois si l’on tient compte des prix Apromac 2009. La superficie moyenne des plantations au Sud Comoé oscille autour de 5 ha, poursuit-il. Pour une plantation de 5 ha, le producteur d’hévéa peut avoir un revenu mensuel compris entre 485.000 et 955.000 Fcfa. Ce qui correspond à un gain annuel de 5.335.000 et 10.505.000 Fcfa, explique Kattié Etjen. «Nombre de producteurs d’hévéa du Sud Comoé ont une plantation dont la superficie oscille entre 20 et 30 ha. Quand la production par ha est estimée à 1 tonne, le planteur peut facilement peut toucher des millions Fcfa par mois», affirme Emmanuel Kadio.

Une place importante dans l’économie

En outre, raconte le président de la Cophesud-co, après 40 ans d’exploitation, le producteur peut vendre le bois utilisé pour l’ébénisterie. Et les deux premières années, il a la possibilité de faire des cultures associatives, notamment la banane, l’igname, le taro, etc. Non seulement la culture de l’hévéa permet au planteur de faire des profits, mais elle tient également une place importante dans l’économie ivoirienne. Selon Emmanuel Kadio, l’Etat prélève un impôt sur revenu mensuel de 2,5%. Le Firca (Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricole) prélève également 6 Fcfa par Kg. C’est donc près de 1.080.000 Fcfa que le Firca perçoit par an. «L’hévéaculture permet de faire tourner une dizaine d’entreprises de transformation du caoutchouc en produit semi-fini. Ces entreprises emploient des milliers de personnes. En outre, l’hévéaculture est pourvoyeuse d’emplois. Une personne est employée sur une plantation de 3 ha », explique-t-il. Ainsi, ce sont au moins 4000 personnes qui travaillent sur les 12.000 ha de plantations d’hévéa en Côte d’Ivoire. C’est sans compter les emplois indirects.

Nimatoulaye Ba
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