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Politique Publié le vendredi 8 janvier 2010 | Nord-Sud

Après le discours du chef de l’Etat mercredi : Pourquoi Kouchner a changé de decision

Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, attendu à Abidjan, le dimanche 10 janvier, ne viendra plus. Selon une déclaration de Bernard Valéro, le porte-parole de ce ministère : «Compte tenu de cette annonce (le report de la consolidation des listes électorales, ndlr), Bernard Kouchner a décidé de reporter la visite qu’il avait prévue de faire à Abidjan dimanche prochain. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous souhaitons, comme les autres membres de la communauté internationale, que la préparation des élections intervienne dans les meilleurs délais et que la date du scrutin puisse être rapidement confirmée. Bernard Kouchner se rendra à Abidjan dès que les listes électorales définitives seront publiées.» La venue du chef de la diplomatie française en Côte d’Ivoire était prévue de longue date. En effet, initialement, il devait se rendre, dans la période du 8 au 11 janvier, à Kigali, Kinshasa, Libreville, Abidjan et Brazzaville. La veille de son arrivée, lui-même était persuadé que, malgré la proposition de Laurent Gbagbo de rallonger la période de traitement du contentieux des inscriptions sur la liste électorale, il viendrait en Côte d’Ivoire. Certains journalistes français qui l’accompagnaient dans son périple avaient même pris attache avec nombre de leurs confrères locaux pour les aider à traiter un ou deux bons sujets vendables. Puis à moins de vingt-quatre heures de son décollage, l’Elysée l’a appelé pour lui demander de sauter l’étape d’Abidjan. Nicolas Sarkozy a estimé que venir à Abidjan, sans avoir rien obtenu de concret sur le processus électoral, était un jeu sans enjeu pour lui. Cette attitude du président français à d’abord amusé puis choqué le sommet de l’exécutif ivoirien. Paris a alors décidé de faire venir Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, ami intime de Nicolas Sarkozy et un de ses nombreux gourous politiques africains. Guéant devrait, selon nos sources, venir en Côte d’Ivoire vers le 23 janvier pour amorcer des discussions avec les responsables gouvernementaux ivoiriens pour aplanir les incompréhensions qui pourraient naître. Mais il faut savoir que, bien avant l’arrivée de M. Kouchner, les autorités ivoiriennes et les diplomates français à Abidjan, ont eu à gérer une mini-crise. En effet, Kouchner avait fait dire au Premier ministre ivoirien, qu’il voudrait le recevoir à la résidence de France, le même jour à 10h. Colère dans l’entourage du Premier ivoirien, qui a rétorqué : «pour qui se prend M. Kouchner pour demander un rendez-vous et fixer lui-même l’heure et le lieu de ce rendez-vous ? Ce rendez-vous n’aura pas lieu ! » Il a fallu tout l’entregent de l’ambassadeur Jean Marc Simon pour que Soro accepte de recevoir le «french doctor», mais dans les locaux annexes de la Primature, situés à la Riviera Golf et non pas à la Primature située au Plateau. C’est dire ! Claude Guéant a l’oreille du président Sarkozy. Qui lui laisse bien volontiers la gestion des affaires africaines, que lui, n’aime pas beaucoup. Guéant a pour ami Robert Bourgi, un solide connaisseur de l’Afrique. Bourgi est un ami de Pierre Fakhoury l’architecte-confident de Gbagbo. Donc quand Fakhoury demande quelque chose à Robert Bourgi, ce dernier l’obtient facilement de Claude Guéant. C’est ainsi que l’axe Fakhoury – Bourgi – Guéant a mis Abidjan dans le périple de début d’année de Kouchner. Cet incident vient ternir le début d’un dégel amorcé entre Abidjan et Paris. En effet, pour soigner ses nouvelles relations avec la Côte d’Ivoire, Paris a décidé de multiplier les gestes de bonne volonté. Ainsi le mercredi 9 décembre, la France a signé avec la Côte d’Ivoire, un important accord de restructuration de la dette publique ivoirienne vis-à-vis de la France. En arrondissant les chiffres, la France a annulé pour plus de 200 milliards de francs Cfa de dette ivoirienne. Et en a rééchelonné pour plus de 300 autres milliards de francs Cfa. Toute chose qui a abouti à une réduction de 90% du service de la dette due par la Côte d’Ivoire à la France jusqu’en 2012.

Avant cela, il y avait eu le coup de fil Nicolas Sarkozy à Laurent Gbagbo, qui avait sonné le début du dégel. Puis avait suivi cette phrase-choc de Bernard Kouchner devant The European-American Press Club. Le ministre français des affaires étrangères a dit précisément ceci: « je pense que le chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo devrait le gagner (le scrutin) ». Cette visite devrait venir couronner tout le processus de normalisation, d’autant plus que les entreprises françaises en Côte d’ivoire contribuent pour près de 25% au PIB national.
En attendant, le retour de Bernard Kouchner, Gbagbo reçoit ce mercredi en visite d’Etat M. Ali Bongo Ondimba, président du Gabon.

Touré Moussa
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