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Art et Culture Publié le mardi 12 janvier 2010 | L’expression

Dessins, caricatures : La bande dessinée

La bande dessinée est un média encore nouveau en Afrique. Si l’on est encore très loin de la taille des marchés européens ou japonais, de belles réussites permettent d’espérer que la bande dessinée peut avoir une viabilité économique sur le continent africain.

La bande dessinée ivoirienne est aujourd’hui une réalité. Elle se vend, elle se lit et possède, comme partout ailleurs, ses héros. En Côte d’Ivoire, l’un des journaux les plus lus est un journal de…bandes dessinées. « Gbich ! », c’est comme cela qu’il s’appelle, est un mélange de textes caustiques, humoristiques et de dessins qui mettent en scène des personnages désormais familiers des Ivoiriens. Mais le 9ème art ivoirien n’a pas toujours été ce qu’il est aujourd’hui. Des indépendances jusqu'en 1970, il n'existait pas de bandes dessinées faites par des Ivoiriens. En 1970, avec la grande époque du défunt hebdomadaire « Ivoir Dimanche » ou « Id », on assiste à une naissance de la bande dessinée. C’est à cette période que naquirent les personnages de « Dago », d'abord puis de « Zézé » ensuite. Deux personnages nés respectivement sous la plume de Maïga (Laurent Lolode de son vrai nom) et de Bernard Lacombe. La bande dessinée « Dago » mettait en scène un villageois perdu dans la sphère abidjanaise. Cette bande dessinée, nouvelle dans le genre à l'époque, connut un franc succès. « Dago» s'arrêta quelques années plus tard pour céder sa place à « Zézé » qui racontait les aventures du personnage éponyme, citadin naïf qui commettait des gaffes. Elle caracolera en tête du hit des personnages de bandes dessinées ivoiriennes jusqu'en 1990, année de l'arrêt brutal de « Ivoir Dimanche ». Comme partout en Afrique, le dessin n’a jamais été très valorisé en Côte d’Ivoire. Après un passage à vide d’environ dix ans, la bande dessinée revenait sur le devant de la scène avec la naissance du journal Gbich ! « A l’époque, on nous prenait pour des fous ! Personne n’y croyait et ne comprenait pas pourquoi je quittais un emploi dans la Fonction publique qui m’assurait un salaire régulier », témoigne Mendozza, l’un des aventuriers de Gbich ! En 1999, les fondateurs de ce journal satirique jettent aussi les bases d’une association, « Tache d’encre », destinée à animer des ateliers pour former de nouveaux dessinateurs. Puis a suivi « Coco Bulles », le premier festival de BD, organisé tous les deux ans. « Mais depuis la crise, nous avons beaucoup de mal à trouver des financements, confie Mendozza. Depuis, la bande dessinée connaît un vrai succès.

De nombreux autres journaux calqués sur le modèle de Gbich font leur entrée en scène quelques années plus tard. Toutes font la part belle au dessin. Le 9ème art en Côte d’Ivoire sait parler à son public des thèmes qui le touchent, la pauvreté, les politiciens, avec une dose d’humour qui les détachent de la réalité. La santé (sida, excision, toxicomanie), l’éducation, les difficultés conjugales sont aussi des thèmes de prédilection. Aujourd’hui, les imaginaires africains ne s’épargnent aucun tabou, aucune forme de procès, aucun renoncement. Malgré cette pente ascendante, la bande dessinée n’a pas encore atteint son âge d’or. Ses difficultés sont les mêmes que celles de la presse généraliste. C’est ce travail d’éditeur, en particulier dans sa dimension commerciale, qui fait cruellement défaut et qui limite aussi bien la production que le nombre de lecteurs sur le continent. Les réalités commerciales des journaux de bande dessinée permettent de mettre en lumière les spécificités de ce média et de vérifier que des logiques d’industrie culturelle peuvent efficacement se mettre en place. La bande dessinée a longtemps été considérée, au mieux comme un genre réservé aux enfants, au pire comme une sous-littérature, mais force est de constater qu’elle s’impose aujourd’hui à un public de plus en plus large, de plus en plus exigeant.

M’Bah Aboubakar
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