Les marches et autres protestations que le FPI organisait quand il était dans l’opposition, étaient autorisées par les tenants du pouvoir d’Etat. Mais malgré cela, elles étaient réprimées. «Un ancien marcheur qui mate des marcheurs : quelle honte !». C’est le grand titre qui barrait, hier, la Une du quotidien Le Patriote. Dans l’article intitulé «Gbagbo, le bourreau des libertés», l’auteur écrit ceci : «De 1990, date de l’instauration du multipartisme à octobre 2000, où il a accédé au pouvoir, que de marches faites par le séplou et ses partisans. Ils ont pratiquement couvert toute la Côte d’Ivoire, faisant marches et meetings, insultant et vitupérant sans être jamais inquiétés». On se croirait dans un pays, autre que la Côte d’Ivoire. Dire que l’opposant Laurent Gbagbo et le FPI ont organisé des marches de 1990 à 2000, «sans être jamais inquiétés», est archi-faux. C’est un gros mensonge et c’est même donner dans la démagogie et l’intox. Il convient d’abord de rappeler que dans l’opposition, jamais le FPI n’a organisé une manifestation interdite. Toutes les marches et autres manifestations étaient toujours autorisées. Avant l’organisation d’une marche ou de toute autre manifestation de protestation, la direction du FPI adressait une correspondance au gouvernement. Notamment au ministre en charge de la Sécurité intérieure. Une rencontre avec les services du ministère permettait ensuite de voir les modalités pratiques de la manifestation. Notamment le lieu de rassemblement, l’itinéraire et le lieu d’aboutissement. Le ministère pour sa part, définissait les conditions de sécurité. Les manifestations du FPI se faisaient donc dans le strict respect des lois de la République. Il s’agissait donc de manifestations civilisées. Mais malgré cela, la majorité de ces manifestations ont été sauvagement et brutalement réprimées par le pouvoir PDCI d’alors. Aussi bien avec Alassane Dramane Ouattara qu’avec Henri Konan Bédié. En l’espèce, la marche du 18 février 1992 réprimée avec une extrême violence et au cours de laquelle Laurent Gbagbo, ses camarades de lutte, son épouse, Simone Gbagbo, et leur fils Michel, ont été battus et arrêtés par le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, est édifiante. Cette marche était autorisée. En outre, elle avait été organisée pour protester contre le refus d’Houphouët de prendre des sanctions à l’encontre des responsables des exactions sur les étudiants de la cité universitaire de Yopougon. Sur ce point, il convient d’indiquer que c’est Alassane Dramane Ouattara, qui a organisé le complot du 18 février 1992. Les confrères du quotidien Le Patriote écrivent, par ailleurs, que Gbagbo est «le bourreau des libertés». De quel Gbagbo s’agit-il ? De Laurent Gbagbo, père du multipartisme en Côte d’Ivoire et du combat pour les libertés qui a permis l’éclosion de la presse écrite? Même quand on n’aime pas le lièvre, il faut reconnaître qu’il court vite. En effet, si Alassane Dramane Ouattara peut se réclamer président d’un parti politique et prétendre à la magistrature suprême du pays, c’est bien grâce à la lutte, de longue date, menée par Laurent Gbagbo et ses camarades. Pendant plus de 30 ans, il s’est battu contre le régime du parti unique, le PDCI d’Houphouët-Boigny. C’est ce même combat de Gbagbo qui a permis l’éclosion de la presse plurielle. En outre, si les journalistes du journal Le Patriote peuvent se payer le luxe d’écrire des propos malveillants à l’endroit du président de la République, Laurent Gbagbo, sans courir le risque d’être emprisonnés, ils le doivent à ce combat. Au total, Laurent Gbagbo est le père des libertés en Côte d’Ivoire. Cela dit, c’est bien le RHDP qui a envoyé la guerre en Côte d’Ivoire. Cette guerre a divisé le pays en deux. Aujourd’hui, grâce à l’accord politique de Ouagadougou, le président Gbagbo et le Premier ministre, Guillaume Soro, s’évertuent à recoller les deux morceaux du pays. Et c’est ce moment-là que choisit le RHDP pour organiser, malgré l’interdiction qui prévaut en la matière, des manifestations de rue selon le motif fallacieux, que lequel la RTI est prise en otage par le camp présidentiel. Si le RHDP veut avoir un droit de regard sur la gestion de la télévision nationale (ce qui n’est pas dommageable), qu’il ferme sa télévision illégalement installée à Korhogo et qu’il fasse plusieurs activités politiques.
Boga Sivori
bogasivoà@yahoo.fr
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