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Politique Publié le mercredi 20 janvier 2010 | Le Patriote

Interview / Konaté Sidiki, à propos de la "crise" de la CEI : "Il n’y a pas péril en la demeure"

L’actualité politique ivoirienne est marquée par «l’affaire» de la Commission Electorale Indépendante qui suscite la levée de boucliers des acteurs du microcosme ivoirien. Dans cette interview, le ministre Konaté Sidiki, par ailleurs porte parole des Forces Nouvelles dit sa part de vérité et réitère la volonté du Premier ministre Guillaume Soro, à conduire le processus de paix, avec sérénité et responsabilité. Il rejette du revers de la main, les accusations de collusion avec le camp présidentiel portées contre Fatoumata Traoré, la vice-présidente de la CEI. En outre, Konaté Sidiki aborde la question de la RTI. Selon lui, il n’y a aucun péril sur le processus de paix.

Le Patriote : M. Sidiki Konaté, en votre qualité de proche collaborateur du Premier ministre, que savez-vous de ce qu’il est convenu d’appeler la crise de la CEI ? Y a-t-il eu vraiment tentative d’ajout de ces 429000 personnes sur la liste électorale par le président Beugré Mambé ?
Konaté Sidiki : Je pense qu’il y a eu déjà assez d’explications, de part et d’autre, sur ce qui s’est passé. Si on peut tous, légitimement, spéculer sur l’opportunité pour la CEI d’avoir fait un croisement interne, il est clair aussi que les 429000 personnes issues de ce croisement n’ont pas intégré la liste établie par la Sagem et l’INS, seules structures habilitées à faire des croisements et à inscrire des personnes sur les listes électorales, selon l’accord de Ouaga. Donc il n’ya pas eu le feu en la demeure même s’il ya eu des frayeurs très vite dissipées par le Premier ministre.
Le Premier ministre Guillaume Soro a pris, en toute responsabilité et en conséquence des mesures qui ont l’avantage de clore le débat, en donnant des gages nouveaux à tous les acteurs politiques et techniques, tout en permettant surtout au processus d’établissement de la liste électorale, de se parachever. N’oublions pas que l’essentiel, c’est de sécuriser ce processus assez important tout en le parachevant dans les normes et les délais établis par les accords politiques. Nous invitons tous les acteurs politiques à prendre en compte les solutions pratiques préconisées par le Premier ministre pour continuer le processus et nous les exhortons à mettre balle à terre afin que cette phase actuelle se déroule dans la sérénité et la paix requises.

L P : Monsieur le ministre, la presse accuse la vice-présidente Fatoumata Traoré Diop, par ailleurs membre des Forces Nouvelles, d’être l’instigatrice de la crise, pour avoir pris langue avec le camp présidentiel. Que répondez-vous, en votre qualité de porte-parole des FN ?
KS : Vous avez quelle preuve ?

LP : Son nom est cité, monsieur le ministre…
KS Vous savez, dans ce pays, il ya des petits malins tapis toujours quelque part dans leur salon, prêts à accuser à tort en mettant en doute banalement la moralité des autres ! C’est un vilain et faux procès et un lynchage médiatique contre une personne qui, pourtant, fait un bon travail à la CEI depuis son élection comme vice-présidente. Pourquoi c’est maintenant qu’elle serait subitement vendue au clan présidentiel ? Arrêtons… ! Je vous invite à échanger directement avec la vice-présidente Dr Fatoumata Traoré
Evitons de juger hâtivement les autres et de les jeter en pâture sans jugements. Dr Fatoumata Traoré est représentante des Forces Nouvelles à la CEI et elle le demeure en tout temps et en tout lieu. Et je pense que quand on regarde tout le film du croisement interne réalisé par la CEI, son nom ne ressort nulle part dans cette affaire qui aurait dû ne jamais se produire à quelque échelle que ce soit.

L P Le ministre Tagro Désiré a diligenté une enquête auprès du procureur. Le chef du gouvernement en était-il informé ? Quelle est la réaction des Forces nouvelles, devant la sortie de Tagro qui a pris le contre-pied du message de Guillaume Soro ?
KS : Je réitère l’appel au calme lancé par le Premier ministre afin qu’on se concentre sur la continuité du processus. C’est cela le vrai gain pour nous tous, si nous voulons sortir de cette impasse. Face à cette situation créée par le croisement interne réalisé par la CEI et les dérapages qui en ont résulté tout en prêtant le flanc à tous les commentaires, les Forces Nouvelles appellent à la concentration autour du processus et des solutions pratiques émises par le Premier ministre, seul garant du processus. J’ajoute que le Premier ministre, fidèle à sa méthode de recherche du consensus, a entrepris des rencontres avec les leaders politiques du RHDP et le président de la République pour présenter son plan de relance du processus. Tous ont reconnu la pertinence des mesures de confiance adoptées par le Premier ministre et tous y ont apporté leur accord sur le fond. Depuis le lundi 18 janvier, ces mesures sont entrées en vigueur. A notre avis, le processus est reparti et plus rien ne devrait le perturber. Dans le cas échéant, l’opinion nationale et internationale en prendrait acte.

LP. La crise de la CEI a valu une rencontre au haut niveau des FN le samedi dernier. Quelles décisions avez-vous arrêtées ?
KS : Je sais que la presse s’est fait l’écho de notre réunion extraordinaire tenue le samedi 18 janvier à Abidjan. Au cours de cette réunion, nous avons analysé la situation sociopolitique en écoutant la version de nos représentants à la CEI que nous ne divulguerons pas ici. Aussi, le Premier ministre nous a présenté son plan de sortie de l’impasse actuelle. Nous avons perçu la haute portée de ces mesures et nous y avons souscrit tout en exhortant le Premier ministre à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs pour ramener tous les camps dans la continuité du processus. En aucun moment, nous n’avons analysé les déclarations qui fusent ça et là et qui sont légitimes ou illégitimes.
Les arbitres que sont le Premier ministre et son organisation (les Forces Nouvelles) doivent prendre en compte tous les doutes et toutes les supputations qui pourront venir de quelque camp que ce soit, en y apportant des solutions apaisantes. C’est le prix à payer pour un processus de sortie de crise apaisé dont nous sommes tous bénéficiaires.

LP Le processus de paix et les élections ne sont-ils pas en danger, avec la guerre des déclarations entre les partisans du chef de l’Etat et ceux de l’opposition ?
KS : Pour qui sait dans quoi nous sommes, il faut s’attendre à ces frénésies à cette étape cruciale du processus. Les attentes sont nombreuses et l’inquiétude est là, visible dans chaque camp en cette phase préélectorale. Heureusement que jusque-là, c’est la guerre des mots. Et nous prions Dieu qu’on en reste là ! Car tout dérapage physique est une menace pour la paix et nous éloigne des élections.

LP Un confrère de la presse a annoncé le samedi dernier, une tentative de coup d’Etat impliquant des militaires en rupture de ban avec le régime. Des menaces planeraient-elles sur le processus de paix ?
KS : Nous n’avons pas encore entendu ni vu à l’œuvre le procureur de la République ou le commissaire du gouvernement. Donc, ça reste des propos de la presse. Il faut qu’on arrête de s’effrayer et qu’on se concentre sur la sortie de crise qui est le seul gage contre toutes les rumeurs avérées ou non. S’il y a des menaces contre la paix en zone sud ou au nord, ces menaces sont souvent traitées autrement et sérieusement dans d’autres cercles. Et nous savons de quoi nous parlons.


L P Vous parliez tantôt des rencontres que le Premier ministre a eues avec le chef de l’Etat et les leaders de l’opposition. Que doit-on en retenir ?
KS : Nous avons eu la chance de suivre certaines de ces rencontres et nous avons les échos des autres auxquelles nous n’avons pu prendre part. Je peux vous dire que tous les candidats font confiance au Premier ministre et à sa stratégie de gestion des crises qui sont nées ou qui naîtront au cours de ce processus. Nous nous en réjouissons en tant Forces Nouvelles. Nous sommes fiers du Premier ministre dans sa capacité à amener ce pays à une paix profonde par la grâce de Dieu.

P Un autre os dans la gorge du processus de paix reste la RTI qui ne finit pas de donner dans la partialité pour le camp présidentiel et de véhiculer des messages de haine et de menaces contre la cohésion nationale. Face à cette situation, l’opinion ne comprend pas le silence des forces nouvelles.

KS : Certes, la situation est délicate mais il ne faut pas désespérer des efforts immenses qui sont déployés par le ministre de la Communication et l’ensemble des structures de régulation. On ne peut pas dire aussi objectivement que rien n’a changé à la RTI depuis des années. L’objectif immédiat est de préparer la presse publique à supporter la phase de la campagne lorsqu’elle sera lancée. Nous pensons que beaucoup de choses s’amélioreront d’ici là. Les Ivoiriens ont le discernement et sauront dénoncer et même taxer les excès en temps de campagne ouverte.

L P. Récemment encore, les jeunes du RHDP manifestant pour la libération des médias d’Etat ont été gazés par les forces de l’ordre. On n’a pas entendu les Forces Nouvelles décrier cet état de fait…
KS : Mais vous sous estimez la voix des partis politiques ? Je crois que d’autres initiatives politiques, en dehors de la rue seule, sont en train d’être prises pour faire évoluer les choses qui bougent déjà. Les forces Nouvelles ne sont pas aussi sans reproche. Nous devons aussi faire des efforts conformément aux recommandations des organes de régulation qui dénoncent les télévisons et radios qui émettent dans les zones CNO. Face à ces recommandations, nous sommes en train de prendre des mesures conformément aux accords politiques signés.

L P Lors des fêtes de fin d’année, le Premier ministre Guillaume Soro a réuni à Odienné toutes les composantes des Forces Nouvelles. Quels ont été les grands axes du conclave ?
KS : C’était une occasion de retrouvailles pour statuer ensemble sur les avancées notables et aussi les retards du processus de sortie de crise. Nous avons tous salué les actions du secrétaire général des Forces nouvelles à la tête du gouvernement. Nous avons aussi adopté le plan de déploiement de nos Forces dans les casernes de Séguéla, Man, Bouaké et Korhogo. Cette opération commence cette semaine (ce mercredi) par le lancement officiel à Bouaké, du recrutement des 5000 volontaires FAFN pour l’armée nouvelle. Ensuite suivra dans une seconde phase, le déploiement des 5000 soldats recrutés dans les casernes des quatre villes sus-citées.

Interview réalisée par Bakary Nimaga
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