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Société Publié le lundi 3 mai 2010 | Le Mandat

Interview/ Joseph Ebagninrin, Sga de l’Ugtci - « Une promesse faite aux travailleurs doit être tenue »

M. Ebagninrin Joseph est le secrétaire général-adjoint de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (Ugtci). Dans cet entretien accordé à la radio onusienne, il dénonce le retard de la tenue des élections, tout en exprimant les attentes du travailleur ivoirien.

On célèbre aujourd’hui la fête du travail, dans quel état d’esprit abordez-vous cet événement ?
Le camarade secrétaire général avait annoncé, l’année dernière, qu’on souhaitait en 2010, une fête qui soit celle de nos retrouvailles au niveau des possibilités d’emplois, au niveau de la remise en place des activités d’entreprises. Malheureusement, nous en sommes encore à la sortie de crise, à attendre des élections qui, pour l’heure, ne semblent pas poindre à l’horizon.

Vous avez parlé de la crise et cela dure depuis bientôt 10 ans. Cela a-t-il eu un impact véritable sur la situation du travailleur ivoirien ?
Mais effectivement, puisque relativement à cette crise, on a perdu pratiquement de 80 mille emplois. On a 750 entreprises sinistrées. Cela représente 135 milliards de francs de salaire l’année, qu’on a perdus.
Selon vous, quelles devraient être, à l’heure actuelle, les priorités des autorités pour améliorer les conditions de travail en Côte d’Ivoire ?
C’est faire en sorte que les autorités aient l’avantage de se mettre à une même table pour que nous discutions ; que chacun présente ses responsabilités et s’engage à faire en sorte que l’accord politique qu’on a signé, qui a déjà fait chou blanc, puisse trouver véritablement sa raison d’être. Voilà, c’est cela ! Nous attendons des élections et nous en sommes à X reports. Est-ce qu’à la vérité, c’est ce que l’on devrait pouvoir faire pour que l’économie d’un pays, comme le nôtre, qui est pratiquement émergent, puisse sortir de l’ornière ? Quand on parle de cherté de la vie, de sécurité des biens et des personnes, de droit, on a de quoi s’inquiéter. Peut-être saisir l’opportunité de ce 1er mai pour interpeller les autorités sur leurs responsabilités devant l’histoire et ça, c’est important. C’est ce que nous faisons.

Au regard de la cherté de la vie actuelle et de la hausse des prix du carburant, de nombreux travailleurs estiment que c’est leur salaire, en définitive, qui se trouve réduit. Est-ce que les syndicats ont engagé des discussions dans ce sens avec les autorités ?
Il est bon de dire que suite à la grève de 2008, puisque nous en n’avons fait qu’une en juillet 2008 et qui a duré 48 heures, nous avons retenu de mettre en place une commission sur la cherté de la vie et une autre de concertation pour le prix du carburant. Malheureusement, ces commissions n’ont pas fonctionné et de manière unilatérale, on s’est retrouvé avec une augmentation de 30Fcfa sur le litre du gasoil et 40 Fcfa sur celui du super. A la vérité, ce n’est pas qu’on a diminué le prix du gasoil. On a simplement annulé une augmentation de 30F cfa sur le litre de gasoil. Alors, il faut pouvoir se dire fier. Si on a créé un cadre, il faut pouvoir l’animer. Donc, demander aux partenaires d’être ensemble et qu’on puisse véritablement discuter. Sinon, ça ne sert absolument à rien de créer ces commissions. A la limite, on se dit que c’est peut-être un exutoire, une manière de le botter en touffe.

Lors de la cérémonie officielle en 2006, le président Laurent Gbagbo avait demandé une trêve aux travailleurs, le temps pour lui d’aller à la paix. Mais le constat est que les travailleurs n’ont pas tenu compte de ce facteur, vu le nombre de grèves qui se sont succédé dans le pays.
Il conviendrait de se poser une question. Est-ce qu’à la vérité, on a besoin de faire une grève pour se faire entendre alors qu’en face, on trouve une oreille attentive ? C’est cela la réalité. Alors, ne plus permettre que ceux qui ont à charge les départements ministériels n’abusent pas du fait d’avoir les véhicules de fonction et autres bons de carburant qui les dispenserait de fuir la concertation. Mais qu’ils aient la possibilité de défendre sur le terrain. On a annoncé ici que le ministre des mines, lors de la grève des transporteurs, s’est déplacé à la bourse du travail pour discuter avec les acteurs. C’est cela qu’on veut avoir comme exemple.

Alors, il y a eu des aides, des promesses, notamment dans le secteur de l’éducation et de la santé. Des promesses, dit-on, qui n’ont pas toujours été tenues. Doit-on s’attendre à des nouveaux mouvements de grève ? Pensez-vous que l’Etat a des moyens pour satisfaire ces nouvelles revendications ?
Si vous acceptez de faire promesse de mariage à une dulcinée, vous ne viendriez pas dire que vous vous rétractez. Les travailleurs avaient leurs problèmes, des promesses leur ont été faites. Si nous nous trouvons devant un cas de difficultés, ce qu’il faudrait pouvoir faire, c’est de ne pas attendre l’échéance de l’exécution de l’obligation. Mais, de prendre les concernés avant, leur donner l’information pour qu’ils comprennent que l’Etat a des difficultés. Mais la promesse, telle qu’elle a été faite, sera tenue. A partir de ce moment-là, il n’y a pas de raison qu’en face, on n’ait pas d’oreilles attentives. Quand on attend que l’échéance arrive et qu’à la limite, on leur dit qu’on ne peut rien faire. Faites ce que vous voulez. Vous faites quoi ?

Vous insinuez qu’il y a manque de communication ?
Ce n’est pas un manque de communication, mais un manque de bonne foi, de considération. On estime que si on considère l’administration, l’autorité, il faut que ce soit réciproque. On n’a pas besoin de grève pour véritablement se faire entendre, mais il faut qu’on sache qu’on est des personnes, avec une capacité d’être attentives aux préoccupations de ceux que ces personnes gèrent.

Propos retranscrits par
Nathalie Kassi
Ph.Mélèdje
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