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Société Publié le lundi 3 mai 2010 | Nord-Sud

50 ans de syndicalisme en Côte d`Ivoire (fin) - Syndicats : l`heure de l`indépendance a sonné

Le vaste dossier sur les 50 ans du syndicalisme ivoirien que nous bouclons, aujourd'hui, a démontré que bien qu'ayant gagné en intensité, l'activité syndicale reste handicapée par les intérêts politiques.

Rester fidèle au seul intérêt du travailleur quel que soit le parti, ou qui que soit l'homme, qui arrive au pouvoir. C'est à ce défi que s'attelle le syndicalisme ivoirien après plus de 50 ans d'existence. Selon le Dictionnaire universel, un syndicat, c'est « une association de personnes ayant pour but la protection d'intérêts communs, spécialement dans le domaine professionnel. » Certes, comme le rappelle le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré (Synesci), les textes internationaux sur les libertés syndicales confèrent aux travailleurs un droit de regard sur la politique de leur pays. « Lorsque la situation socio-politique ne permet plus la satisfaction des revendications corporatistes, les syndicats sont pleinement fondés à proposer des solutions aux politiques pour le retour à la stabilité », affirme Soro Mamadou. Toutefois, ce droit d'ingérence ne doit pas servir de prétexte à une aliénation. Pour ne pas se vider de son principe fondamental, le syndicalisme, en intervenant dans le débat politique, doit le faire par nécessité et avec la plus grande objectivité. Bien comprise, cette politisation ponctuelle de leur lutte, permet aux leaders syndicaux de mettre la politique au service des syndiqués, au lieu de s'en servir pour les détruire comme c'est souvent le cas, ici. Dans une situation comme celle que traverse la Côte d'Ivoire, des responsables syndicaux contribuent-ils à la paix, et donc à la création d'un climat favorable à la satisfaction des attentes des travailleurs, en se rangeant du côté de l'un des protagonistes de la crise ? Non.

Tous politisés !

Mahan Gahé, sécrétaire général de la centrale Dignité, est bien loin de contribuer à une sortie de crise consensuelle en ayant la même intransigeance que le parti au pouvoir. Il ne rend pas service aux salariés, ses syndiqués y compris, en répétant, après le Front populaire ivoirien (Fpi), que les élections passent obligatoirement par le désarmement des ex-rebelles, l'audit de la liste blanche, la reconstitution des Commissions électorales indépendantes (Cei) locales,…Le combat politique de ce syndicaliste aurait été plus justifié et plus judicieux s'il avait consisté à créer une force civile neutre avec les autres centrales. En Guinée, l'arbitre du processus électoral est un leader syndical en la personne de Rabiatou Serah Diallo. Elle dirige le Conseil national de la transition (Cnt), chargé du toilettage de la Constitution. En Côte d'Ivoire, il aurait peut-être fallu que les anciens, notamment les doyens de l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (Ugtci), aient réussi, dans le passé, à montrer la voie de la politique positive à leurs jeunes frères. « Par la faute de l'Ugtci, beaucoup de travailleurs ont été mis à la porte. Le 23 avril 1993, il y a eu 71 morts. Parce que Dignité avait eu le malheur de remporter les élections d'entreprises face à l'Ugtci. Ses militants allaient nous dénoncer (auprès du pouvoir) pour dire que nous voulions tuer Houphouet. Les militants de Dignité étaient considérés comme des rebelles réunis contre Houphouet », accuse, de son côté, Mahan Gahé.
Des querelles qui laissent croire que les regroupements syndicaux sont en réalité des clans de travailleurs, créés par les partis, à des fins politiques ? Conséquence, derrière chaque action syndicale, l'on soupçonne une main politique adverse. Résultat : le travailleur est désemparé. En témoigne la chute du taux de désyndicalisation à 20% ces dernières années. Pourtant, le nombre d'organisations syndicales s'est accru à une échelle exponentielle. On est passé d'une dizaine de syndicats dans les années 1960 à plus de 410 syndicats à ce jour. Mais il n'y a que 560.000 syndiqués pour une population active estimée 9.006.190 personnes en 2000, dont 285.000 fonctionnaires. S'il est vrai que le syndicalisme ivoirien a réussi à réparer des injustices dans différents secteurs, et à apporter un mieux-être à beaucoup de travailleurs, il faut reconnaître qu'il pourrait mieux faire, s'il devient véritablement indépendant.

Cissé Sindou
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