Suite aux accusations portées contre le ministre de l’Intérieur par le président de l’Assemblée nationale, le président de la République a diligenté une enquête judiciaire sur la gestion de son ministre de l’Intérieur. Cette autre enquête judiciaire entre dans le cadre de la moralisation de la vie publique engagée par le chef de l’Etat et qui a débuté dans la filière café-cacao. De retour du Maroc où il était en visite privée, le président de la République, Laurent Gbagbo, a diligenté une enquête judiciaire sur l’organisation du concours de police des années 2007, 2008 et 2009, sur l’organisation du Hadj de la même période, sur l’affaire des déchets toxiques et sur le contrat qui lie l’Etat de Côte d’Ivoire à la société française Sagem Security. Cette enquête judiciaire vise le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro dont le département a en charge la gestion de toutes ces affaires. L’enquête diligentée par le chef de l’Etat fait suite aux graves accusations portées par le président de l’Assemblée nationale, le professeur Mamadou Koulibaly, contre le ministre de l’intérieur qu’il a accusé, au cours d’un colloque tenu le 2 juin, à l’Assemblée nationale, “d’avoir recruté massivement, à l’école de police, les ressortissants de sa tribu d’origine et d’avoir négocié l’Accord politique de Ouagadougou qui aurait échoué”. Reprenant ces accusations à leur compte, certains organes de presse de la place ont également accusé le ministre Désiré Tagro d’avoir détourné une partie de l’argent payé à l’Etat par la société Trafigura pour l’indemnisation des victimes des déchets toxiques et les sommes allouées par l’Etat pour l’organisation du Hadj de la période sus-indiquée. Enfin ces mêmes journaux ont aussi accusé le ministre Tagro d’avoir perçu la somme de 10 milliards de FCFA de la part de la société Sagem Security à titre de commission. En saisissant le procureur de la République en vue de faire toute la lumière dans ces affaires dans un délai d’un mois, le président de la République Laurent Gbagbo reste dans sa logique de moralisation de la vie publique en Côte d’Ivoire. A savoir que cette autre saisine de la justice par le chef de l’Etat fait suite à celle diligentée dans la filière café-cacao et dont la procédure suit son cours depuis deux ans. En effet, alors qu’il était encore dans l’opposition, le président Gbagbo déclarait que si le Fpi arrivait au pouvoir, il ne gouvernerait pas avec des hommes venus d’une autre planète. Mais avec ces mêmes Ivoiriens avec qui le Pdci gouverne. Seulement avec le Fpi, tous ceux qui seraient convaincus de malversation seraient mis à la disposition de la justice contrairement aux dirigeants du Pdci qui protègent leurs amis qui se rendent coupables de détournement de deniers publics. Le président Gbagbo est resté conforme à cette profession de foi qui fait que le Fpi reste une poche de moralité. On constate, en effet, que, dans l’affaire de la filière café- cacao, le président Gbagbo a mis à la disposition de la justice des cadres de son parti, dont certains étaient même considérés comme étant très proches de lui. Il y en a même qui étaient ses directeurs départementaux de campagne. Ceux-là croupissent en prison depuis deux ans que dure la procédure. Aujourd’hui, le président Gbagbo vient d’ordonner une enquête judiciaire sur la gestion de son ministre de l’Intérieur. C`est-à-dire l’un de ses plus proches collaborateurs. Avant d’être nommé ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro cumulait les fonctions de conseiller spécial et de porte-parole du président de la République. C’est dire que, dans sa volonté de moraliser la vie publique, le président Gbagbo n’entend ni épargner, ni protéger personne. En fait, le président Gbagbo veut amener l’Ivoirien à respecter le bien public et à distinguer ce qui lui appartient des biens de l’Etat. En définitive, le président Gbagbo veut opérer un grand changement de mentalité des Ivoiriens en termes de modernisation de la gestion des affaires de l’Etat. C’est une autre révolution qu’il convient de saluer et d’encourager. C’est, en effet, pour la première fois que, dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, une enquête judiciaire est diligentée par le chef de l’Etat sur la gestion d’un ministre en fonction. Et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué par le passé. On se souvient aisément, sous l’ère Bédié, des affaires de détournement des 18 milliards de l’Union européenne par le ministre Guikahué et des 135 milliards de FCFA de dépenses exécutées non ordonnancées. En décidant donc de saisir la justice à chaque fois que de graves soupçons pèsent sur des personnalités qui ont en charge la gestion des biens de la République, le président Gbagbo veut inculquer ses qualités d’homme honnête, au dessus de tout soupçon, au peuple ivoirien. C’est ce qui est le plus important quels que soient les résultats auxquels les enquêtes peuvent aboutir. Car, qu’on se le tienne pour dit, une enquête, qu’elle soit judiciaire, parlementaire ou de quelque nature que ce soit, peut aboutir soit à la confirmation des faits reprochés à la personne mise en cause, et donc à sa culpabilisation, soit à l’infirmation desdits faits visés, et donc au blanchiment de la personne mise en cause.
Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
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