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International Publié le mardi 22 juin 2010 | L’expression

Belgique : Bataille Flamands-Wallons - Guerre ethnique au cœur de l’Europe

Le couple Flamand-Wallon vacille et risque de faire voler en éclat la Belgique. Retour sur une crise ethnolinguistique qui menace l’unité du Plat pays.
La querelle linguistique entre Flamands (Néerlandophones) et Wallons (Francophones) met à mal l’unité de la Belgique, un pays de 30.528Km2 situé en plein cœur du vieux continent. Le triomphe historique des indépendantistes de la Nouvelle alliance flamande (Nva) aux législatives du 13 juin risque de creuser davantage le fossé qui sépare les deux communautés et fait peser une menace sur l’avenir du « Liban de l’Europe ». Cette énième crise entre les Néerlandophones du Nord et les Francophones du Sud parait plus sérieuse que les précédentes. Les voix appelant à une «liquidation » de cet Etat né en 1830 se font de plus entendre du côté de la Flandre, la région la plus riche et la plus peuplée avec 6 millions d’habitants. Cette guéguerre entre les deux groupes linguistiques ne date pas d’aujourd’hui. C’est en 1962 que « les frontières » fondées sur les langues ont scindé la Belgique en 3 régions. Entre la Flandre prospère et la Wallonie moins nantie, se trouve Bruxelles (1million d’habitants, 90% de Francophones), enclavé en territoire flamand, à la fois capitale des Néerlandophones et de cet Etat fédéral. Entre 1968 et 1970, avec la scission des partis, le vote ethnique s’installe. Chaque communauté accorde ses voix à ses partis sans possibilité de voter pour ceux situés de l’autre côté de la frontière linguistique, hormis la circonscription de Bruxelles-Halle-Vilvorde (Bhl), créée pour permettre aux quelque 120 000 francophones de la périphérie bruxelloise de voter pour des partis francophones. Les Flamands, une fois « leur territoire » reconnu, réclament et obtiennent davantage de compétences, déshabillant ainsi l’Etat fédéral au profit des régions. Ils s’opposent aujourd’hui aux « privilèges » accordés aux Francophones installés dans la banlieue de Bruxelles flamande. Ces derniers peuvent voter pour des partis francophones lors des élections européennes et fédérales ; ils peuvent aussi bénéficier de procédures dans leur langue devant les tribunaux. Mais la Flandre voit ces «privilèges» comme une atteinte à son intégrité territoriale et linguistique, d’autant que les électeurs flamands domiciliés en Wallonie ne peuvent voter sur des listes flamandes à Bruxelles. La majorité de sa population voudrait remettre en cause les droits pour l'ensemble des francophones de «Bhv». A terme, une scission de «Bhv» selon les frontières linguistiques serait effectuée. En grande majorité, les francophones refusent cette réforme, faute de contreparties suffisantes. Une telle scission correspondrait à un premier pas vers l’indépendance de la Flandre et « l’implosion » du Liban d’Europe. La disparition de ce pays qui accueille le siège de l’Union Européenne et de l’Otan parait improbable aux yeux de certains observateurs habitués « aux histoires belges ». Ils en veulent pour preuve toutes les épreuves traversées par ce couple depuis la déclaration de l’indépendance en 1830. A titre d’exemple, le Premier ministre démissionnaire, Yves Leterme, a mis neuf mois pour former, en 2007, un gouvernement de coalition qui a su résister aux tempêtes avant de voler en éclat en avril de cette année. Devant cette incertitude, tous les regards se tournent vers le roi Albert II, ciment de l’intégrité du Plat pays. Le sixième souverain est à la manœuvre pour désigner un nouveau chef de l’exécutif qui doit prendre la tête de l’UE à partir du 1er juillet pour six mois. Devant une telle urgence, nulle doute que le successeur du roi Baudouin 1er parviendra à trouver un compromis et désigner un Premier ministre entre le vainqueur du scrutin du 13 juin, le nationaliste flamand Bart De Wever et Elio Di Rupo arrivé en tête en Wallonie. Mais la percée fulgurante des partis indépendantistes flamands aux dernières législatives pousse à croire que la Belgique va évoluer de la fédération vers la confédération. Un contexte qui accordera aux Néerlandophones de réaliser leur vieux rêve d’autonomie à travers une « République de Flandre ». Cette exigence « minimale » n’est pas du goût de leurs « conjoints » wallons attachés à la sécurité sociale fédérale à et à Bruxelles.
Nomel Essis
Légende : Bart De Wever (Leader flamand) : « Mon objectif est que la Belgique disparaisse sans que personne ne s’en aperçoive ».
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