x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 13 septembre 2010 | Nord-Sud

Distribution de la zakat el fitr : Dans les coulisses de l’impôt du ramadan

Conformément aux prescriptions de l’islam, de nombreux fidèles musulmans se sont acquittés vendredi matin de la zakat el fitr. A Abidjan, cette aumône change de forme d’un quartier à l’autre.

Konaté Nambé peut aller paisiblement se préparer pour la prière de l’Aïd el fitr. A 7h30, ce vendredi 10 septembre, le vice-président du conseil de gestion de la mosquée Al Oussein d’Angré est au terme d’une mission qui a permis à son équipe de procurer une joie festive à une centaine de familles indigentes. La mosquée leur a distribué des vivres et de l’argent pour se nourrir à leur faim, ce jour de fête. Parce que c’est la célébration de la fin du jeûne obligatoire musulman. A cette occasion, Allah recommande à tout fidèle qui en a les moyens, d’apporter à ses coreligionnaires pauvres, de quoi se restaurer suffisamment. Ce vœu divin de solidarité est traduit dans la prescription de la zakat el fitr. Pour lui-même et pour chaque personne à sa charge (enfant, employé de maison…), le chef de famille doit offrir une quantité de vivres évaluée, aujourd’hui, à 2,5 kg. Au donateur de multiplier par le nombre de personnes sous son toit, les bébés y compris, pour connaître la quantité totale qu’il doit donner. Il peut remettre son aumône directement à un nécessiteux qu’il identifie dans son voisinage.

L’argent rejeté à Abobo

A défaut, il l’apporte aux responsables de sa mosquée, qui se chargent de la redistribuer aux nombreux pauvres qui y viennent en grand nombre très tôt pour demander de l’aide. Dans ce quartier chic de la commune de Cocody, la plupart des fidèles trouvent difficilement des démunis dans leur entourage. Ils s’orientent donc vers la mosquée. Selon le texte islamique, chacun doit faire cette offrande avec la céréale qu’il consomme le plus. A Angré, beaucoup de donateurs ont apporté du riz. Quelques jours plus tôt, les imams avaient pris soin de prévenir les potentiels participants qu’il ne s’agissait pas d’aller acheter, pour la zakat el fitr, du riz de qualité inférieure et peu coûteux. « Nous savons que vous ne consommez pas le riz ‘’déni kacha’’(en malinké : beaucoup d’enfants). Alors, ne venez pas avec ce riz. Vous ne consommez pas, non plus, le maïs au quotidien, alors n’apportez pas de maïs. Apportez le riz que vous consommez chaque jour », avait averti l’imam Traoré.

Ceux qui le souhaitaient, pouvaient honorer la zakat el fitr en espèce, à raison de 1000 Fcfa par personne, prise en charge. Plusieurs fidèles ont choisi cette option à Al Hussein. «Chaque année, nous recevons entre 400.000 Fcfa et 500.000 Fcfa que nous redistribuons », révèle le vice-président du comité de gestion. Chaque demandeur est reparti avec entre 3kg et 5kg de riz, et la somme de 2.000 pour s’acheter des condiments, un peu de viande ou de poisson.

Si à Angré, comme dans beaucoup d’autres mosquées, l’argent est le bienvenu, ce n’est pas le cas à la mosquée sunnite ‘’Imam Ahmad Boun Hambal’’ d’Abobo-Anador. « Lorsque des personnes nous apportent de l’argent, nous leur demandons d’aller acheter des céréales. Le prophète Mohamed ne nous a pas parlé d’argent, mais de vivres », estime Bamba Youssouf, un des responsables du lieu de culte.


Des coupeurs de route à Adjamé

L’espèce n’est pas rejetée à la grande mosquée d’Adjamé. Selon Gaoussou Camara, secrétaire du comité de gestion, si le texte n’a pas cité le payement en espèce, il ne l’a pas interdit non plus. Konaté Nambé de la mosquée Al Hussein est du même avis. « Il est demandé d’apporter à manger aux démunis. Est-ce que l’argent ne permet pas de manger ? », s’interroge-t-il.

A Adjamé, tout un staff a été mis place pour recevoir les dons en espèce que l’on attend d’ailleurs en vain. Les collecteurs rencontrent une difficulté particulière ici. « Il y a des coupeurs de route (resquilleurs) à l’entrée de la mosquée. Quand les donateurs arrivent, ils se présentent comme des représentants de l’imam réceptionnent et disparaissent avec les dons », rouspète Gaoussou Camara. Pour barrer la route aux coupeurs de route, il a mis en place une équipe de veille. Ce sont de jeunes gens dont un des fils de l’imam, arrivés dès l’aube devant la mosquée pour orienter les mécènes. L’astuce est loin de donner le résultat escompté. Les tricheurs, qui sont en général des mendiants, se battent toujours pour être les premiers à aborder les visiteurs qu’ils identifient de très loin. Il faut beaucoup de vigilance à l’équipe de veille pour que la zakat el fitr ne soit pas détournée vers d’autres poches, ou d’autres récipients. En effet, les mendiants réclament tout. Comme à Abobo, la mosquée d’Adjamé reçoit des grains de maïs et de riz de toutes qualités. Mais à quelques minutes de la fin de la collecte, la moisson est bien maigre. C’est un secrétaire général déçu qui nous conduit vers le petit stock qu’il doit remettre à la masse de vrais nécessiteux.

Cissé Sindou
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ