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Économie Publié le mercredi 27 octobre 2010 | Le Patriote

Filière café-cacao - 300 milliards de F CFA volatilisés sous Gbagbo

Les scandales du parti au pouvoir sont légion en Côte d’Ivoire. Et la mamelle nourricière de ce pays, le café-cacao, n’a pas échappé à la boulimie gabégique du Fpi (Front populaire ivoirien). Un audit de la Banque mondiale en 2007 avait révélé un gap de 300 à 400 milliards de Fcfa par an au niveau du secteur du binôme café-cacao. Cela, depuis la libéralisation de cette filière en 2000. Les plus généreux parlent d’un manque à gagner de 300 milliards de FCFA. Aujourd’hui, l’on est sans ignorer que c’est sous la gestion du Fpi (Front populaire ivoirien) que le constat du manque à gagner a été fait. Cette déperdition due à la gestion calamiteuse des pontes du Fpi des structures de la filière café-cacao est la preuve non seulement de l’amateurisme des dirigeants commis à la tâche mais surtout du ‘‘deal’’ passé pour s’empiffrer financièrement sur le dos des pauvres paysans. Aucune trace de cette somme dans les livres comptables des différentes sociétés. Par la faute des bandits à cols blanc. Du côté du FPI, l’on est incapable de dire à quoi à servi cette somme faramineuse de plus de 300 milliards de FCFA. Puisque le prix aux producteurs n’a véritablement pas été soutenu depuis la mise en place de la reforme et cela, malgré le montant contenu dans la réserve de prudence et estimée à 64 milliards de Fcfa depuis 2000 selon certaines sources. Interrogé récemment sur Africa 24, Alphonse Douati, représentant le Fpi et ancien ministre de l’Agriculture au moment de la reforme de la filière n’a pu donner les explications afférentes à la disparition de cette somme. S’en remettant tout simplement à la justice qui devra au cours du procès du 16 novembre 2010, prononcer la culpabilité ou non de la vingtaine de dirigeants emprisonnés à la Maca depuis juin 2008. Pendant que cet argent a pris les méandres de la politique, les producteurs, les vrais, pour qui cette libéralisation et cette reforme ont été pensées, broient du noir. Pansant leurs plaies, ils se souviennent encore de ce slogan de campagne du président Laurent Gbagbo, qui en 2000, dans le but de les charmer s’évertuait à leur répéter : «Donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende». Objectif : le porter à la magistrature suprême lors de l’élection. Et les producteurs ne se sont pas fait prier pour voter massivement pour lui, qui avait également promis à cette frange de la population, l’achat du kilogramme de cacao à 3000 F CFA.
La réforme, la vache à lait du FPI
Mais comment manœuvrer pour faire main basse sur la filière café-cacao ? La parade était toute trouvée. Se servir de libéralisation pour enclencher la reforme de la filière café-cacao en reléguant aux calendes grecques les dispositions techniques issues de la Nouvelle Caistab. C’est-à-dire en occultant les mesures d’accompagnement et en mettant à des postes stratégiques de cette filière, les caciques du FPI. Aussi, la gestion de ce secteur se ferait-elle avec lui et les hommes issus de son parti, le FPI. C’est justement dans cette dynamique qu’ont été mises en place, les différentes structures de la filière café-cacao. A savoir, Arcc (Autorité de régulation et de contrôle), Bcc (Bourse du café et du cacao), Frc (Fonds de régulation et de contrôle), Fgccc (Fonds de gestion des coopératives café-cacao), Fdpcc (Fonds de promotion des activités des producteurs de café-cacao). Des sociétés budgétivores qui devaient faire l’affaire de la refondation. Avec des dirigeants, proches du Fpi. Ainsi, Placide Zoungrana, alors secrétaire général du FPI chargé de l’Agriculture et directeur de campagne du président Gbagbo à Toumodi est nommé Pca de l’Arcc. Didier Gbogou, Directeur exécutif de l’Arcc est un militant actif du Fpi. Angeline Kili et Firmin Kouakou respectivement Pca et Directeur général du Frc. Il est aussi directeur de campagne du président Gbagbo à Bouaflé. Jean Claude Bayou, Directeur général du FGCCC est un militant du. Tapé Do, Pca de la Bcc est un admirateur invétéré de Gbagbo. Rien n’a donc été fait au hasard. Les plus importants portefeuilles ministériels à cette période (2000) sont aux mains du pouvoir FPI. Ainsi Affi N’Guessan, actuel président du parti, Alphonse Douati et Paul Antoine Bohoun Bouabré, deux pontes du Fpi, étaient au moment de la restructuration de la filière, respectivement Premier ministre, Ministre de l’Agriculture et Ministre de l’Economie et des Finances. Tout est donc parti de la dissolution de la Caisse de Stabilisation et de soutien des prix des produits agricoles (Cssppa). Mais c’était une erreur grave de dissoudre ce bel instrument qui, selon les experts, avait la possibilité d'organiser une pénurie artificielle du cacao. Cette rareté artificielle de la production faisait alors augmenter le prix international du cacao, et par conséquent le prix bord champ, en outre stabilisé. Les ventes à terme constituaient une source de recettes sûres de l'Etat. Le prix bord champ payé aux planteurs était stabilisé, rémunérateur et n'exposait pas les producteurs à des revenus erratiques, comme c'est le cas dans le système actuel de libéralisation. Ce constat a même été fait par l’Inspecteur général de l’Etat, François Kouadio, à qui le président Gbagbo avait demandé de faire une enquête sur les flux et la reforme de la filière. Les missions des structures avant les réformes de 2000, 2001 et 2002 étaient entre les mains d'une seule personne morale : la Caistab. La réforme dans sa conception théorique ne présentait pas de danger. C'est dans sa mise en œuvre que les difficultés nées des faiblesses diverses sont apparues au niveau des différents opérateurs économiques de la filière. Par ailleurs, au plus fort de la crise, précisément en 2002 dans le dossier ‘‘Effort de Paix’’, officiellement, la contribution du FRC à l'effort de Paix était de 10 milliards de Fcfa. Mais en réalité, cette contribution avoisinait les 30 milliards de Fcfa, voire 50 milliards de Fcfa.
L’usine de Fulton
L’achat de Fulton aux Etats-Unis a aussi été un bide. Le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly (Rdr) avait opposé son refus à l’achat de cette usine en 2004. Mais il n’a pas été suivi car le ‘‘deal’’ était trop juteux pour le Fpi pour ne pas oser le réaliser. L’on avance la somme de 100 milliards de Fcfa. Un décaissement que le ministre Gon Coulibaly n’a pas trouvé opportun et rentable. Finalement, Firmin Kouakou, Directeur général du Frc et Directeur de campagne du président Laurent Gbagbo, à Bouaflé, a tout orchestré. La suite on la connaît. Aucune tablette de chocolat n’est sortie de cette usine jusqu’à ce jour. Et comme l’a révélé récemment, sur Africa 24, le ministre Gon Coulibaly, ‘‘ il y a eu depuis 2004, transfert de la responsabilité de la gestion de la filière café-cacao, du ministère de l’Agriculture à la Présidence’’. En tout cas, le Fpi avait manœuvré pour contrôler la manne financière de ce binôme. Et ceux qui en pâtissent sont les producteurs de café-cacao. La preuve, ces paysans ont vu leur revenu fondre comme beurre au soleil en dix ans, précisément de 50%.
Jean Eric ADINGRA

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