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Politique Publié le jeudi 11 novembre 2010 | Partis Politiques

Conférence de presse du candidat de la majorité présidentielle : Echanges entre le Président-Candidat et les Journalistes

© Partis Politiques Par Prisca
Campagne du candidat de LMP : Meeting de Laurent Gbagbo à Yopougon
Samedi 23 octobre 2010. Abidjan. Yopougon, complexe Jesse Jackson
Maxime Zobo (RTI) :

Monsieur le Président, sur quoi repose votre confiance pour ce second tour ? Et, quelles orientations donnerez-vous à vos partisans en vue de gagner dans le bastion de votre adversaire ? Enfin, pourquoi avez-vous manifesté une grosse colère contre le Président sénégalais, Abdoulaye Wade ?

Je ne comprends pas bien le sens de votre question. Vous me demandez sur quoi je me fonde pour avoir confiance en moi ? Mais, c’est moi Gbagbo Laurent ! J’ai toujours eu confiance en moi. Donc, ce n’est pas nouveau. Moi, je n’ai pas de bastion à prendre. On va au 2e tour. Même si j’ai deux voix de plus que mon adversaire, je gagne. Pourquoi vais-je aller prendre un bastion ? C’est pourquoi, je vous dis que je vais gagner. C’est lui (Ndlr : Alassane Ouattara) qui a des voix à rattraper sur moi. Moi, je suis devant. C’est lui qui court pour me rattraper. Sinon, moi, je suis devant. C’est cela l’élection présidentielle, à deux tours. Je n’ai pas de grande colère contre Abdoulaye Wade. J’ai simplement dit que la Côte d’Ivoire est la Côte d’Ivoire, et, il faut qu’on nous respecte. Et que n’importe qui ne peut pas venir jouer dans notre maison.



Frédéric Koffi (AFP) :

M. le Président, l’un des enjeux de cette élection est la sécurisation des électeurs. surtout au Nord. Car, il nous revient que des électeurs ont été l’objet d’intimidation etc. Avez-vous un mot à dire sur ce point ?

La sécurisation n’est pas l’enjeu du scrutin. L’enjeu, c’est d’élire un nouveau Président de la République et de mettre ainsi fin à la crise que certains ont créée. La sécurisation des électeurs n’est même pas un enjeu des élections. Mais, il y a le fait de savoir si les électeurs ont été libres ou pas. A ce niveau, nous avons fait le point avec les Responsables. Nous avons tiré le bilan. Mais, je ne vais pas vous répondre, aujourd’hui (Ndlr : hier). Cependant, des décisions ont déjà été prises et ces décisions-là vont faire en sorte que sur l’ensemble du territoire, le vote suivant se passe avec plus de sécurité que le scrutin passé. C’est cela.



Pascal Soro (Fraternité Matin) :

M. le Président, quelle est votre attitude face à l’appel du RHDP (Ndlr : Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix) pour voter pour le candidat du RDR au second tour ?

Je n’ai pas de lecture à faire. Vous savez, le RHDP a été créé, il y a de cela cinq ans. Donc, l’alliance a été scellée, il y a au moins cinq ans. Et, depuis cinq ans, je vous dis que je vais gagner. Donc, ce n’est pas nouveau que le RHDP lance un appel. Puisqu’ayant signé un accord, c’est normal qu’ils disent cela. Mais, je vous dis que je vais gagner, malgré cet appel.







Norbert Navarro (RFI) :

M. le Président, quel message allez-vous adresser aux 25% d’électeurs qui ont voté Bédié avant le 2e tour ?

Ce que je vais leur dire est simple. Je dis qu’il y avait comme Candidats, Gbagbo, Bédié et Ouattara. Le 1er tour a donné Gbagbo, Ouattara et Bédié. Bédié nous a fait adopter Ouattara. Regardez bien, si vous êtes électeurs de Bédié. Le coup d’Etat de 1999 qui a chassé Bédié, regardez qui est en dessous ? Donc, c’est un message qui est tout simple. Et donc, si vous aimez Bédié, vous devez voter pour celui qui l’a fait revenir d’exil. Plutôt que pour celui qui l’a envoyé en exil.



Fabrice Tété (Le Temps) :

M. le Président, lors de la présentation de votre équipe de campagne, vous aviez dit à vos partisans d’investir le terrain parce qu’une élection n’est jamais gagnée d’avance. Au regard des résultats du 1er tour, avez-vous le sentiment qu’ils ont travaillé comme vous l’auriez souhaité ? Et, vous n’aviez jamais dit également que vous gagnerez au 1er tour, mais, que vous allez gagner. Mais, M. le Président, ne pensez-vous pas que vos partisans étaient trop confiants en disant que vous gagneriez au 1er tour ?

Ecoutez! Vous-même, vous avez contribué à les rendre trop confiants. Parce que je lisais vos articles. Moi, je sais ce que la démocratie veut dire ; je sais ce que les élections veulent dire. J’ai suivi la campagne de nombreux candidats, dans plusieurs pays. Je sais ce que cela signifie. Et, je ne parle pas au hasard. J’ai toujours dit à mes partisans que je vais gagner les élections de 2010 ; et c’est ce que je répète aujourd’hui, encore. Je n’ai jamais dit que je gagnerai au 1er tour. Il y a Mme Bro Grébé qui est témoin. Je lui demandé d’écrire une adresse aux femmes. Elle y avait mis, que nous allons gagner au 1er tour. J’ai biffé cette partie et j’ai écrit que nous allions gagner. Donc, ne mettez pas dans ma bouche ce qui n’en sort pas.

Maintenant, vous me demandez si mes partisans ont bien investi le terrain. Mais, je vous dis que nous sommes quand même premiers. Il ne faut pas faire comme si nous avons perdu. Nous sommes premiers, et celui qui est premier ne peut pas dire que ses partisans n’ont pas travaillé ! Je peux leur dire de travailler plus, mais, je ne peux pas dire qu’ils n’ont rien fait sur le terrain. Nous sommes premiers, on a près de 40% et vous faites comme si on a perdu. Mais, si les candidats qui ont 32% sont contents, à plus forte raison nous, qui sommes en tête. Cette élection fait entrer la Côte d’Ivoire, pour la première fois, dans une élection véritablement démocratique.

Pour la première fois, on n’a pas des scores soviétiques. On a de vrais scores. Malgré les scores fleuves du Nord, nous sommes quand même premiers. Donc, si nous prenons des mesures de sécurisation, vous voyez bien ce qu’on va réaliser comme scores, là-bas ! J’entends les gens dire qu’il faut qu’on recompte les voix. Je leur demande de dire cela au Conseil Constitutionnel qui est seul habilité, en la matière. Sinon, nous, que nous finissions premiers avec 42% ou 38%, nous sommes premiers. Et, nous irons au 2e tour. Donc, ce n’est pas la peine que nous soyons frileux.

Sinon, mon Conseiller juridique avait déjà écrit des réclamations en examinant les listes de certains bureaux de vote.

Je lui ai demandé : « qu’est-ce qu’on va chercher » ? Est-ce qu’il est sûr que si on annule ces bureaux de vote-là, nous allons avoir plus de 50% ? Elle m’a dit non. Je lui alors dit que ce n’est donc pas la peine. Puisque nous sommes premiers. Nous, nous attendions celui qui allait nous accompagner au 2e tour. Il faut comprendre que nous rentrons dans l’ère des élections très disputées. Et que ce sera maintenant très rare d’aller à des élections en espérant avoir des scores soviétiques. Nous allons avoir des scores normaux et nous allons gagner avec un score normal. Un Chef d’Etat, au moment où on sortait du parti unique, me disait : « petit-frère, je me suis donné 51% parce que j’ai compris que quand tu as 51%, c’est la même chose que si tu as 99%. Tu as les mêmes pouvoirs, quelque soit le pourcentage ».



Eric Agnéro (CNN):

M. le Président, si jamais, le vote au Nord n’était pas l’objet de manipulations, est-ce que vous considéreriez cette position des partisans de votre adversaire comme un point de départ pour un travail de resoudage de la Nation pour les cinq ans à venir ? N’est-ce pas, en d’autres termes, un défi à relever dans la consolidation de la paix ?

Le Président de la République élu, est élu pour tout le monde, pour toute la Côte d’Ivoire. Il est élu pour protéger de façon égale, tous les Ivoiriens, et leur procurer, la paix, la sécurité, le bien-être, l’emploi, l’eau, l’électricité, l’instruction, la santé etc.



On parle du Nord comme si c’était une zone à part. Parce que quand on fait une carte avec un dessin, naturellement avec les couleurs, elles sont globalisantes. Mais, il y a beaucoup de villages et de Sous-Préfectures au Nord, où j’ai gagné. Et largement. Notamment à Niéllé, chez mon ami Ouattara Gnonzié, à Sempiengo, dans plusieurs coins, nous avons gagné. D’abord, ce qui nous réjouit, c’est que nous sommes les seuls à avoir un électorat qui s’étend sur l’ensemble du territoire ivoirien. C’est le début de la construction nationale, ce vote-là. En outre, ceux qui n’ont pas voté pour nous, ce n’est pas seulement les gens du Nord. Il y a même beaucoup d’endroits où les gens n’ont pas voté pour nous. Nous devons aller leur porter le message suivant : « Gbagbo vous tend les mains, Gbagbo veut être le Président de tous les Ivoiriens. Gbagbo veut faire pour vous, des écoles, des dispensaires, des hôpitaux. Gbagbo veut faire l’Assurance-Maladie Universelle pour vos parents, vos femmes et enfants. Gbagbo veut électrifier vos villages. Gbagbo vous attend à la porte du bonheur. Venez avec Gbagbo ». C’est ce message que nous devons leur lancer.



Si, demain, nous faisons voter la loi sur l’école gratuite et obligatoire, croyez- vous que ce sera pour une catégorie d’Ivoiriens seulement contre une autre catégorie ? Tous les enfants vont aller à l’école. Et, d’ailleurs, pour cela, nous devons recruter 8000 Enseignants pour le primaire et 4000 pour le secondaire. Rien qu’avec les écoles qui existent actuellement. Il nous faut donc multiplier par trois les écoles, parce qu’il y a de nombreux enfants qui ne sont pas à l’école.

Et, il faut les mettre à l’école. Mais, il faut dire à ceux qui n’ont pas voté pour nous que ces mesures-là, les concernent pleinement, aussi. Donc, ce n’est pas une question du Nord.

Si quelqu’un n’a pas voté pour moi, à Yopougon, à Ouragahio, on ne le voit pas parce qu’il est perdu dans le grand bleu. Mais, toujours est-il qu’il n’a pas voté pour moi. A lui aussi, il faut qu’on parle comme aux gens du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Centre. Il faut parler à tous. C’est pourquoi, j’ai lancé un appel à mes partisans, à mes amis, à ceux qui animent ma campagne, pour dire : « allez partout, tendez la main à tout le monde. Montrez surtout la main tendue du Président de la République ».



Reuters :

Pendant la campagne, vous aviez dit qu’il y a des candidats de l’étranger, qui veulent vendre la Côte d’Ivoire aux étrangers. Est-ce à dire qu’ils ne sont pas Ivoiriens ?

Non, c’est faux. J’ai dit que ce sont des candidats de l’étranger. Je n’ai pas dit qu’ils ne sont pas de vrais ivoiriens. Ce n’est pas la même chose. Vous n’êtes pas dans les têtes des gens ; laissez les têtes des gens tranquilles. Et, expliquez ce que vous vous avez compris sur ce que j’ai dit. Et puis, à peine les résultats du 1er tour proclamés que Ouattara, à qui on envoie un avion, s’en va à Dakar, au Sénégal. C’est ce que j’appelle un candidat de l’étranger. Et, aujourd’hui (Ndlr : hier) où je vous parle, il est à Ouagadougou. C’est ce que j’appelle un candidat de l’étranger. Les gens qui écoutent ce qu’on dit à l’étranger pour faire la politique en Côte d’Ivoire, c’est ceux-là que j’appelle candidats de l’étranger. Donc, il ne faut pas dire n’importe quoi. C’est moi qui ai signé les papiers pour que Ouattara soit candidat. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit! Mais, je ne suis pas le seul homme politique à utiliser cette expression. Jacques Chirac, dans son appel de Cochin, quand il était à l’hôpital avait dit, en parlant de Giscard d’Estaing, que c’est un candidat de l’étranger. Mais, Giscard d’Estaing, c’est un français comme lui. Quand on dit candidat de l’étranger, c’est celui qui travaille pour les intérêts étrangers. Cela ne veut pas dire que vous êtes étranger.



Ouraga De Ouragahio (Télé canada-Afrique info) :

M. le Président, les Télévisions et Radios dans les zones CNO (Centre, Nord, Ouest) continuent d’émettre illégalement. Quel est votre commentaire sur cet aspect ? Il y a des mamans qui demandent à être impliquées davantage dans la campagne, au 2e tour. Que pouvez-vous leur dire pour les rassurer ?

Abdoulaye Villard Sanogo (Notre Voie) :

M. le Président, peut-on avoir aujourd’hui, le coût de la guerre et le nombre de morts qu’elle a causé ?

Sur l’implication de nos mamans dans la campagne, je crois que c’est surtout au Directeur National de Campagne qu’il faut s’adresser. C’est lui qui organise la campagne. Mais, si vous êtes pour la réélection du Président Laurent Gbagbo, là où vous êtes, vous vous organisez pour battre campagne pour lui. C’est tout. Pourquoi voulez-vous que le candidat vienne vous impliquer ? Qu’est ce que cela veut dire ? J’ai dit à tous ceux qui veulent s’impliquer dans la campagne, de la faire là où ils ou elles sont et de se battre.

Il y a des gens que je ne connais pas du tout et que j’ai découvert sur le terrain. Les jeunes filles et garçons de Bouna qui m’ont donné 700.000 FCFA, je ne les connaissais pas du tout. Je ne suis même pas sûr de les reconnaitre actuellement.

Mais, je les inviterai après les élections. Ils se sont impliqués eux-mêmes. En soutenant un candidat. Il faut que nous tous, nous fassions des efforts pour soutenir notre candidat, sans attendre qu’on nous implique. Le candidat, lui, connaît quelques personnes seulement. Nous sommes 20 millions en Côte d’Ivoire et je ne connais pas tout le monde. Nous avons eu plus d’un million sept cents mille voix, mais, je ne connais pas 1,7 millions de personnes. Il faut que chacun s’implique, et cela est important.

Concernant les médias dans les zones CNO, je voudrais ne pas m’étendre sur cela. Mais, allez posez la question au Ministre de la Communication. Nous avons discuté ce matin, en Conseil des Ministres. Il a reçu, à un moment donné, l’ordre de les fermer. Mais, il dit qu’ils ont été de bons relais pour la RTI (Ndlr : Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) et que sans eux, les émissions de la RTI n’auraient pas été reçues. Moi, tant que cela ne modifie pas profondément les résultats, ça ne me gène pas. La guerre nous a fait perdre plus de 3000 milliards de FCFA. Mais, il faudra faire un jour, le vrai point pour indiquer les secteurs qui ont été touchés par la guerre. Concernant le nombre de morts, je ne sais pas. Mais, il y a dans la salle, Philippe Duval, qui a écrit sur la guerre, et qui a dit au moment où il écrivait, que la guerre a fait environ 5000 morts.

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