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Économie Publié le vendredi 10 décembre 2010 | Nord-Sud

Refus de quitter le pouvoir : le camp Gbagbo lance des études sur l’embargo

Les pressions internationales s’accentuent sur le gouvernement de Gilbert Aké N’gbo qui s’achemine vers un isolement à la fois diplomatique. Le camp Gbagbo réfléchit à un éventuel embargo.

Laurent Gbagbo a beau défier la communauté internationale avec la formation de son gouvernement et faire mine de négliger les sanctions que celle-ci envisage de lui imposer, les dirigeants d’Abidjan se préoccupent néanmoins depuis quelques jours des conséquences des mesures coercitives qui pourraient leur être infligées. Selon des sources proches du camp Gbagbo, des experts analysent les conséquences à la fois économiques, sociales et politiques de sanctions internationales. Ils ont conclu à la vulnérabilité de l’économie ivoirienne face à des restrictions touchant en particulier les secteurs agricoles.

Le blocus se dessine

«Il faut faire tous les efforts politiques pour empêcher l’imposition de sanctions, tout en préservant les intérêts du pays et l’honneur national», fait observer Pamphile Goba, économiste et spécialiste des relations internationales. Un embargo, résume-t-il, affaiblirait la relative stabilité économique du pays, tout en affectant l’investissement privé. Ainsi, la Côte d’Ivoire serait forcée de modifier ses priorités nationales, et de consacrer l’essentiel de ses ressources à empêcher un important bouleversement social, qui pourrait causer une détérioration des conditions de vie pour une portion importante de la population.
Toutefois, M. Goba rappelle que la Côte d’Ivoire peut se servir à la fois des relations de dépendance économique qu’il a nouées avec un certain nombre de pays, et utiliser «une dissuasion politique» avec d’autres. Quant à Godefroid Coulibaly, membre de La majorité présidentielle (Lmp), il présente un tableau optimiste sur l’improbabilité de sanctions, sur les précautions prises par le gouvernement pour les anticiper et sur la capacité de la Côte d’Ivoire à les supporter. Il insiste sur la nécessité de continuer à menacer l’opinion occidentale d’un «hiver peu chocolaté», une manière de souligner qu’une dérégulation des exportations du cacao aurait de lourdes conséquences pour les ménages occidentales. Cependant, il émet un avertissement déguisé au régime qui, de son point de vue, ne serait pas capable de résister à d’importantes pressions économiques, en raison des faiblesses structurelles de l’économie et de la fragilité de sa situation financière. «Toute aggravation de la situation économique pourrait causer des troubles sociaux pouvant conduire à une détérioration et à un affaiblissement de la stabilité intérieure», explique-t-il. L’expert insiste sur la nécessité d’une diminution des charges de l’Etat, notamment par l’élimination de certaines dépenses et le réaménagement de l’assiette fiscale. Une telle politique aurait des conséquences politiques dangereuses pour un gouvernement attentif à son image sociale. (Laurent Gbagbo a fait la promesse d’aider les plus pauvres). L’autre option est le rationnement et l’augmentation du prix du carburant et du gaz. Jusqu’à présent, toutes les tentatives du gouvernement en ce sens ont été suivies de grèves. Par crainte de mouvements sociaux, le gouvernement Aké N’gbo préfère, pour l’heure, maintenir les subventions. Jusqu’à quand ? En effet, la fragilité de l’économie ivoirienne face aux conséquences de sanctions est illustrée par le fait que la moitié des importations proviennent des pays occidentaux : 40 % de l’Union européenne, notamment de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, du Japon et de la Corée du Sud.
Or, plus de 60 % de toutes les importations de la Côte d’ivoire concernent des équipements industriels, notamment dans les domaines de l’électricité et de l’automobile, qui sont indispensables à l’expansion économique du pays. En cas de sanctions, l’essentiel des importations serait paralysé après utilisation des stocks existants de pièces détachées importées (suffisants pour tenir trois à quatre mois), et la Côte d’Ivoire perdrait des revenus importants.

Anticipation !

Outre un embargo international sur l’exportation d’équipements industriels, l’on envisage le scénario de sanctions à l’encontre des banques ivoiriennes, en particulier la Banque nationale d’investissement (Bni) et Versus Bank, qui sont soupçonnées de jouer un rôle dans le financement des projets soutenus par l’Etat. S’agissant du cacao, un embargo imposé par la communauté internationale sur les importations des fèves aurait des effets dévastateurs, quoique décalés dans le temps. La Côte d’Ivoire exporte la quasi-totalité de sa production estimée à 1,2 million de tonnes par an. «Il est important de retarder toute mesure qui pourrait affecter la population en raison des risques d’instabilité», note-t-il. Par ailleurs, il conclut que la combinaison d’un gel des réserves des institutions, de l’imposition d’un embargo sur les importations et d’une interdiction des exportations de produits agricoles vers la Côte d’Ivoire accélérerait les conséquences économiques et sociales négatives. A première vue, un pays qui possède la moitié de la production du cacao ne devrait pas être si fragile, mais la Côte d’Ivoire est un colosse aux pieds d’argile, dont 60 % des revenus d’exportation proviennent du café-cacao.

Lanciné Bakayoko
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