Les jours se suivent, la crise ivoirienne perdure, mais visiblement, la situation reste en l’Etat. Rien n’a changé encore sous les cieux en Côte d’Ivoire, depuis la double proclamation des résultats du scrutin présidentiel donnant gagnant le président Gbagbo, selon le verdict du Conseil constitutionnel, qui a contrarié le président de la Commission électorale indépendante (CEI) pour qui la victoire revient à l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Confinés à l’hôtel du Golf d’Abidjan Cocody, le président proclamé par la CEI et son gouvernement et le locataire du palais présidentiel, se livrent une guerre impitoyable de légitimité, qui a pris une tournure particulière cette semaine. Alassane Ouattara et son Premier ministre Soro ont décidé d’engager l’épreuve de force et d’installer contre vents et marrées leur régime pour commencer à travailler. Un grand défi qu’ils ont lancé à Laurent Gbagbo et ses hommes, qui occupent déjà le terrain et n’entendent aucunement laisser la place à l’adversaire, malgré les pressions et injonctions de l’opinion internationale. Jeudi dernier, le chef du Gouvernement de Ouattara entendait procéder, lui et toute son équipe, à l’installation des nouveaux dirigeants de la radiodiffusion télévision (RTI), avant de mettre le cap, le lendemain, sur la Primature pour occuper les locaux. Une opération à haut risque, dont l’enjeu présageait un danger pour les pensionnaires du ‘’palais’’ du Golf. Soit ce coup de force réussissait, et Soro et ses hommes prenaient définitivement pied. Avec en soutien la Communauté internationale, à travers l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) qui ne ménage aucun moyen pour leur apporter appui logistique, diplomatique voire politique. Soit, ça cassait pour le gouvernement du Golf et les choses se compliquaient davantage pour le duo Ouattara – Soro. C’est dans ce dernier schéma que se trouve présentement l’équipe dirigeante du Rassemblement des Houphouétistes (RHDP) qui n’a pu installer ses hommes à la télévision, encore moins braver les hommes de Laurent Gbagbo pour prendre la Primature. Finalement, l’action engagée n’aura eu pour effet que de nouveaux morts comptés dans les rues ivoiriennes et l’accentuation de la pression d’une communauté internationale bien connue du locataire du Palais d’Abidjan, qui ne se soucie plus des menaces et autres sanctions brandies contre son régime depuis presqu’une décennie. Aujourd’hui, c’est un Laurent Gbagbo encore ragaillardi, assuré du soutien de l’armée après l’épreuve-test qu`ont engagée Ouattara et Soro, qui observe et évolue avec son gouvernement. Se permettant même de renvoyer l’ascenseur à ses adversaires de la communauté internationale, quand ceux-ci pensent pouvoir l’effrayer avec les déclarations et autres communiqués menaçants contre lui et ses hommes. Une situation qui rend complexe l’équation entre les mains des ``dirigeants du Golf``. Les injonctions de l’extérieur ne pouvant rien changer à la situation actuelle face à l’adversaire apparemment serein et imperturbable. Que vont faire Ouattara et Soro (toujours enfermés dans leur palais-hôtel), à partir de maintenant ? Ont-ils encore une chance de ravir le pouvoir à un Laurent Gbagbo intraitable, visiblement bien préparé à la situation. La tâche devient plus ardue pour ces opposants, pour qui l’issue semble être des négociations pour un nouveau compromis de gouvernance commune avec le locataire du Palais d’Abidjan.
Félix D.BONY
Photos : Ouattara et Soro + Gbagbo
Légende : Le Gouvernement Ouattara – Soro va-t-il opter finalement pour le compromis avec Laurent Gbagbo, après la tentative manquée de jeudi et vendredi pour asseoir sa légitimité ?
Félix D.BONY
Photos : Ouattara et Soro + Gbagbo
Légende : Le Gouvernement Ouattara – Soro va-t-il opter finalement pour le compromis avec Laurent Gbagbo, après la tentative manquée de jeudi et vendredi pour asseoir sa légitimité ?
