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Politique Publié le mercredi 22 décembre 2010 | Le Patriote

Anne Désirée Oulotto (porte-parole) : “ Gbagbo ne comprend que le langage de la force ”

© Le Patriote Par Prisca
2è tour de la présidentielle 2010: Le porte-parole principal du candidat du RHDP, Albert Mabri Toikeusse face à la presse
Mercredi 17 novembre 2010. Abidjan. Maison du RHDP à Cocody Ste-Marie. Le porte-parole principal du candidat Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse anime une conférence de presse, entouré de son équipe composée de Maurice Kakou Guikahué, Joël N’Guessan et Mme Anne Ouloto (photo)
Suite au discours radiotélévisé de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, nous avons interrogé, à chaud, Anne Désirée Oulotto, porte-parole, du RHDP. La collaboratrice du président Alassane Ouattara dit n’accorder que très peu de considération à ce message et demande le départ pur et simple de Laurent Gbagbo.

Le Patriote : Quelle réaction avez-vous après ce discours de Laurent Gbagbo ?

Anne Désirée Oulotto : Sans risque de se tromper, on peut dire que Laurent Gbagbo a perdu ses repères. Ce qui est dommage, c’est qu’il veut entraîner toute la Côte d’Ivoire dans ses errements. Nous nous attendions à ce que, de façon humble, Monsieur Gbagbo vienne devant les Ivoiriens, admettre qu’il a perdu les élections et qu’il a été peut-être, induit en erreur par ses collaborateurs. Il serait sorti grandi, s’il avait admis avoir fait du tort à ses compatriotes. Nous pensions qu’il aurait fait amende honorable. Hélas, il est resté dans sa logique. La leçon que j’en tire, c’est qu’il est déterminé à se maintenir au pouvoir. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter.

LP : Il a proposé la mise en place d’un comité d’évaluation sur la crise postélectorale. Quelle réaction avez-vous à ce propos ?

ADO : Il n’appartient pas, aujourd’hui, à Laurent Gbagbo de proposer quoi que ce soit. Lui-même a porté les plombs à ce Comité en proclamant au début de son discours qu’il est le Président de la République. Laurent Gbagbo n’est plus Président de la République. Ce n’est pas à lui de proposer quoi que ce soit à la communauté internationale. Il a eu le temps, pendant dix ans, d’être à la tête du pays.

Rarement, il a fait appel à la communauté internationale et à son expertise pour régler les problèmes.

C’est lui qui a combattu le Groupe de travail international (GTI), c’est lui qui a pourfendu les Représentants spéciaux du Secrétaire général de l’ONU. Toute sa politique a été dirigée contre la communauté internationale. Nous ne pouvons pas croire à des promesses de cet homme qui a mis en place plusieurs enquêtes et jamais, les résultats n’ont été connus. Le charnier de Yopougon, la filière café-cacao, les tueries sont autant de rendez-vous manqués qui montrent que nous sommes face à un homme qui n’a pas de parole. Nous lui demandons d’arrêter de tourner en rond et de se plier à la volonté du peuple de Côte d’Ivoire. De façon pacifique, il a encore le temps de faire ce choix.

LP : Le RHDP est-il opposé à toute possibilité de négociation ?

ADO : Pour le RHDP, le préalable est que Laurent Gbagbo doit partir. Alassane Ouattara a donné sa parole à tous ses interlocuteurs au plan national et international, en leur disant qu’il protégerait Laurent Gbagbo, son frère. Nous lui demandons d’avoir l’élégance de savoir s’en aller avant qu’il ne soit trop tard. Nous le savons, dans une situation très difficile. Les salaires ne pourront pas être payés convenablement. L’appel du Premier ministre, M. Guillaume Soro, à la désobéissance civile, sera suivi par les Ivoiriens. La CEDEAO se réunit ce vendredi à Abuja pour envisager d’autres voies de résolution de la crise. Pour elle aussi, la négociation n’est pas possible tant que Gbagbo continue de s’accrocher illégalement au pouvoir. Elle pourrait prendre des décisions vigoureuses. Gbagbo essaie de gagner du temps et de brouiller les cartes. Nous n’allons pas tomber dans son piège, puisque nous savons que c’est un boulanger. C’est peine perdue.

LP : Gbagbo vous a demandé de quitter le Golf. Le ferez-vous ?

ADO : Ce n’est pas à lui de nous dire cela. Puisque ce n’est pas lui qui nous y a amenés. D’ailleurs, à quel titre le dirait-il ? A travers son discours, il transparaît clairement qu’il revendique être le père de toute la chienlit qui a cours dans le pays actuellement. C’est lui qui terrorise la population. C’est une manière, en tout cas, d’avouer ses crimes. Il ne peut pas nous dicter notre conduite. Ce qui est important, nous lui demandons de mettre fin à ce climat de terreur qui traumatise les populations partout dans le pays. Qu’il mette fin aux tueries. Qu’il demande à ses mercenaires de quitter le pays et qu’il parte avec eux. Nous savons qu’il a plus de 3000 miliciens à travers la ville d’Abidjan. Peut-être qu’il nous demande de rejoindre nos domiciles pour nous faire tuer par ses miliciens et mercenaires à la gâchette facile. Nous lui disons merci, mais qu’il sache que nous n’avons plus confiance en sa parole.

LP : Il se raconte que vous vivez dans des conditions extrêmement difficiles et que vous seriez au bord de la dépression, à l’hôtel du Golf. Qu’en est-il ?

ADO : Beaucoup de choses se disent. Nous ne sommes pas du tout déprimés. Vous voyez la vitalité dans ma voix. Nous avons le moral très haut. Le Président de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement et tous leurs collaborateurs qui sont ici, réfléchissent à l’avenir du pays.

Par contre, il est vrai que les autorités du pays, parce qu’elles aiment la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens souffrent d’entendre toujours les appels de détresse de leurs compatriotes livrés à eux-mêmes et qui se sentent abandonnés aux escadrons de la mort et miliciens de Laurent Gbagbo. Ce qui nous fait souffrir, ce sont ces charniers qu’on découvre un peu partout, ces centaines d’enlèvements, ces morts un peu partout dans les rues et cette violence inouïe. Nos conditions de vie sont très négligeables à comparer aux drames que vivent les populations. C’est pour cela, que nous disons à Laurent Gbagbo d’arrêter de défier le monde entier. Son jeu est désormais connu. Nous ne lui demandons pas de se préoccuper de nos conditions de vie au Golf, mais plutôt d’avoir du cœur et de se soucier lui-même de son propre avenir et de celui de ses proches. Ces agissements conduisent aujourd’hui la Communauté internationale, l’Union Européenne et les Etats-Unis en tête, à sanctionner tous ses proches. Voyez-vous dans quelques jours, d’innocentes personnes seront expulsées de certains pays, à cause de l’irresponsabilité de leurs parents. Beaucoup de torts leur seront causés parce que, pour la plupart, elles y mènent des études paisibles. Les Ivoiriens ont besoin de quiétude, ils ont besoin de leur salaire. Que Gbagbo parte du pouvoir afin que le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara, se mette au travail et trouve les solutions aux problèmes sociaux et économiques qui se posent à ses compatriotes. Les Ivoiriens ont besoin de réapprendre à vivre ensemble, ils ont besoin de prospérité. Ils ont besoin d’un nouveau départ. Trop c’est trop. Que Gbagbo arrête de sacrifier le peuple.

LP : Les Chefs de l’Etat de la CEDEAO se réunissent en sommet extraordinaire le vendredi à Abuja. Le RHDP pense-t-il qu’ils doivent aller un peu plus loin que les condamnations verbales ?

ADO : M. Raila Odinga, le Premier ministre kenyan, à mon sens, a fait une excellente proposition. Il connaît certainement Laurent Gbagbo et sa soif du pouvoir. Il a lui-même vécu une situation de partage du pouvoir qui ne tourne pas bien. Il connaît mieux que quiconque, les conséquences d’une compromission alors qu’il avait gagné les élections. M. Odinga sait que le RHDP a, face à lui, quelqu’un d’entêté, qui est pris en otage par des groupes d’intérêts, des gradés de l’armée, de grands lobbies financiers et ethniques qui ne voient que la fin de leurs privilèges, mais pas l’intérêt général de la Côte d’Ivoire. Les sanctions, c’est bien. Mais, nous avons peur qu’elles ne soient pas efficaces, ici et maintenant. Nous avons entendu Emile Guiriéoulou, collaborateur de Laurent Gbagbo, dire que les sanctions ne leur disent rien et que son patron ne voyage pas. C’est un discours de démagogue et d’orgueilleux. Les sanctions sont une étape dans le processus de soutien de la Communauté internationale au peuple de Côte d’Ivoire. Cependant, pour l’urgence, elles ne sont pas de nature à faire plier Laurent Gbagbo qui est devenu un véritable dictateur. Il ne comprend que le discours de la force.

Il faut le faire partir par la force. Nous sommes d’accord avec le Premier ministre kenyan qui dit qu’il faut employer tous les moyens pour faire partir Gbagbo, y compris la force. C’est à ce prix que la communauté internationale se fera respecter. La Côte d’Ivoire doit être le point de départ de la fermeté, sans complaisance, contre ce qui existe comme dernières dictatures en Afrique. C’est pour cela que nous saluons les pays membres du Conseil de sécurité, en particulier les cinq membres permanents qui ont endossé, les résultats du scrutin sorti des urnes. Les schémas kenyans et zimbabwéens n’ont pas permis à la démocratie de s’exprimer dans ces pays. Laurent Gbagbo doit partir. Et nous espérons que si jusqu’à vendredi il reste dans sa logique, les Chefs d’Etat de la CEDEAO décideront de le faire partir par la force.

Réalisée par Charles Sanga
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