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Société Publié le jeudi 23 décembre 2010 | Le Mandat

L’Editorial de Georges Amani : Du chemin de je m’en fous au village de si je savais

Dans son pays comme à l’étranger, il est estampillé boulanger, roublard toutes catégories
Comme les chansonniers traditionnels Baoulé et du Touhourou au pays Bété savent le faire, les artistes du zouglou lui rappellent souvent, quelques tirades de nos espérances. M. Laurent Gbagbo qui aime bien danser connaît certainement cette chanson, qu’il doit être en train de méditer. A moins que les vingt ans de combat qui ont précédé son arrivée au pouvoir présidentiel n’avaient pour objectif que de réduire la Côte d’Ivoire en lambeau au plan politique, diplomatique, humain et moral… Même si cette vision civique était la sienne, avait-il aussi prévu que les mercenaires libériens et angolais allaient être repérés et identifiés par les Ivoiriens et la communauté internationale ? En tout cas, comme aurait dit Venance Konan, l’aîné est mal barré. Après dix ans de règne, la tête de l’économie la plus florissante de l’UEMOA, les paradis fiscaux lui ont fermé portes et fenêtres pour sa période de retraite au même moment que l’histoire lui a retiré son billet du panthéon. Ainsi, pendant que la Cour Pénale Internationale fait le compte des cellules disponibles, les anges du purgatoire se saisissent de leurs plumes pour l’inscrire. Une si triste fin pour un homme que ceux qui ne le connaissent pas avaient investi tant d’espérance dès son arrivée au pouvoir. N’avait-il pas promis monts et merveilles à ses militants et à la population qui cherchaient comment expédier le Général Guéi loin de l’arène politique ? Nous allons énoncer juste quelques faits pour témoigner du pourquoi et comment cet homme est parti de rien pour marcher sur tout et se retrouver au néant aujourd’hui.
En arrivant au Palais présidentiel au Plateau, à la suite d’une victoire calamiteuse, Gbagbo s’est trouvé doter de nombreux atouts. Les militants avaient causé tellement de désordres et de drames que tout le monde était décidé à aider le nouveau Président à remettre la Côte d’Ivoire au travail. Les syndicalistes lui ont décrété un état de grâce en terme de trêve sans grèves ni de manifestations ni de revendications durant une année. La classe politique surtout le parti démocratique de Côte d’Ivoire, lui a donné carte blanche en lui laissant la présidence de l’Assemblée Nationale et même en s’alignant parfois sur une même liste électorale comme lors des élections des Conseils Généraux dans le District d’Abidjan. Dans l’euphorie née de ces tolérances et de ces complicités, Gbagbo a organisé le Forum de réconciliation nationale. Mal ficelé sous forme de mauvaise foi, ce Forum sera un échec. Laurent Gbagbo n’en a cure et s’est inscrit en plein, dans une politique de tribalisation dans tous les secteurs de l’administration tant dans les nominations que dans les concours et examens d’entrée à la Fonction Publique. Même dans le secteur économiquement stratégique comme le café-cacao, mamelle de l’économie de la Côte d’Ivoire, il y a placé des individus aussi incultes qu’intrus dans le secteur. On connaît la suite. Jamais, un pays au monde n’a enregistré un tel niveau de gabegie et d’irresponsabilité dans le secteur pourvoyeur de son budget. Au plan diplomatique, les fonctionnaires de carrière ont dû céder leurs postes à des recrues sans expérience aucune ni dans l’administration générale, ni en diplomatie. Certains ont même occupé des postes aussi aigus que complexes ou honorifiques. Ce sera le cas en France et au Mali par exemple. Quand déclenche la rébellion dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, cette guerre dont il est à cent pour cent responsable, il choisit de la gérer comme un amant fait chanter la femme infidèle. Résultat, la Communauté internationale vole à son secours, parfois à son appel, parfois sur proposition déguisée de celle-ci. Là aussi, il s’illustre dans le reniement de sa signature et le non-respect de sa parole si bien que dans son pays comme à l’étranger, il est estampillé boulanger, roublard toute catégorie. Le bilan négatif du Président Laurent Gbagbo peut donner lieu à plusieurs livres de millions à payer sans interruption dans la vie d’un individu. Le délabrement des infrastructures existantes et l’inexistence de réalisation ne sont que la partie visible de l’iceberg. Au plan moral et civique, le régime de Gbagbo est le champion mondial de la dépravation, loin devant le Cuba de Batista. Il a fait tout à la ‘’je m’en fous’’. Le peuple lui, attendait les échéances pour lui rendre la juste récompense. Tout le monde se disait : ‘’laissez-le, on verra aux élections’’. On a pensé que ce serait l’opportunité pour qu’il médite ses méfaits. Et contre toute attente, il joue le surpris et tente de s’accrocher au pouvoir par tous les moyens illégaux et immoraux. Il avait pourtant plus d’atouts qu’un régime n’en n’avait à ses débuts. Il n’avait que très peu à faire dans un pays où les fondements édités par le Père-Fondateur facilitaient plus la réussite que l’échec. Lui qui lit beaucoup, semble-t-il, il n’a pas lu Lao-Tseu qui dit ‘’Le plus grand conquérant est celui qui sait vaincre sans bataille’’. Il s’est offert deux mandats de jouissances gérés à la je m’en fous et comme répond le chanteur ‘’si tu empruntes le chemin de je m’en fous, tu te retrouveras au village de si je s’avais’’. Il va bientôt méditer tout ça dans un endroit que son destin lui aura choisi.
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