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Politique Publié le vendredi 24 décembre 2010 | Le Temps

Kaléidoscope d’un coup d’Etat planifié / Sarkozy en Afrique : Un voyage des plus suspects

Depuis nos révélations de la semaine dernière sur les préparatifs de la conspiration en vue de déstabiliser le régime Gbagbo, beaucoup, en particulier les commanditaires de l’Hexagone et leurs bras séculiers, déstabilisateurs patentés devant l’Eternel sont en émoi. Nous avons promis revenir sur la question car ils n’ont pas arrêté de jouer leur jeu trouble. Voici quelques interrogations qui prouvent qu’ils n’ont pas renoncé à leur ambition.

1- Le voyage de Sarkozy en Afrique

Selon des sources concordantes recueillies auprès de quelques chancelleries occidentales et amies, le voyage du Premier des Français au Gabon et surtout à Bamako (Mali) n’était pas fortuit. Loin s’en faut. D’abord au niveau du coup d’Etat planifié, l’exécution a foiré la semaine dernière, au grand dam des conspirateurs parisiens qui veulent en finir avec le «rebelle Gbagbo», celui qui tient tête à la «Grande France» comme Um Niobé et Sylvanus Olympio l’avaient fait en leur temps.

Sarkozy et son pouvoir ne peuvent accepter que ce qui fait que la France a encore voix au chapitre au sein de l’Union européenne soit amputé d’une de ses mamelles les plus juteuses.
La Côte d’Ivoire pèse pour près de 47% au sein de l’Uemoa, pire encore pour la France, au sein de la Bceao. Or, la Bceao avec son «compte d’opération » géré par le Trésor français sert aujourd’hui à gérer la catastrophique dette et déficit extérieur de la France. Laurent Gbagbo par son nationalisme intransigeant et sa volonté de faire de la Côte d’Ivoire un pays véritablement libre, indépendant économiquement et financièrement s’entend, risque selon leur calcul de mettre en péril la stabilité du pouvoir Sarkozy qui prend l’eau de toutes parts avec les pressions sociales et syndicales.

Faut-il rappeler que le déficit de la sécurité sociale française a été financé avec l’argent du binôme café-cacao ivoirien déposé à la Caisse des dépôts et de consignation jusqu’en 1980 ? La Côte d’Ivoire est donc un pays qui compte dans le dispositif de domination de la France et de son rayonnement dans le monde. Il est inadmissible pour la France d’être privée d’une telle manne financière par la faute de quelques nationalistes au pouvoir dans son ex-pré-carré. La France n’ignore pas que les potentialités aurifères de la Côte d’Ivoire sont inépuisables selon tous les experts en la matière ; ce qui aiguise évidemment l’appétit de tous les prédateurs des matières premières occidentaux.

L’assurance mâle que la France affiche dans les arènes internationales repose sur deux mamelles africaines aux richesses naturelles très significatives ; la Côte d’Ivoire et le Gabon. Or, si Sarkozy par intrigues a pu «dompter» le Gabon avec l’élection d’Ali Bongo, il éprouve beaucoup de mal à dompter «Gbi la panthère ivoirienne».

Pour que la France compte, il faut que la Côte d’Ivoire existe. Mais comment la vassaliser ? C’est toute la question. Certes le Niger n’est pas négligeable avec son uranium ; mais l’utilisation, donc son avenir semble compromis avec la guerre que l’environnement livre au nucléaire. Sarkozy et la «mafiafrique» n’ont donc pas le choix dans cette guerre. Le temps de la vraie-fausse indépendance de l’ancien pré-carré français continue.

2. le coup d’Etat planifié

Si l’éminence grise de l’Elysée sous de Gaulle, Jacques Foccart est bien mort de sa belle mort, ses successeurs qui sont entre autres Bruno Joubert et Bernard Kouchner (qui a créé au Quai d’Orsay un clan anti-Gbagbo) ont fait leur cette exclamation du Général de Gaulle en février 1960 : «Foccart, il faut réussir la décolonisation». Interprétation de Foccart lui-même : cette injonction terrible ne signifiait pas : «Il faut aider les peuples d’Afrique à prendre un bon départ dans leur indépendance», mais plutôt : «Quelle que soit la formule adoptée pour les divers pays nouvellement indépendants, nous devons préserver les intérêts de la France».

Kouchner, le Foccart de la France de Sarkozy, en est le maître d’œuvre. Cet humanitaire transformé étrangement en gendarme du monde est à l’œuvre. La France des intrigues ne peut changer. N’oublions pas que de Gaulle lui-même est venu au pouvoir en 1958 par un coup d’Etat : L’Opération Résurrection. Depuis Alger, la 5e République est née d’un coup d’Etat.

Seulement en face Gbagbo, un homme qui possède en la matière une expérience des situations en apparence désespérées.

La France toujours soucieuse de ses intérêts idéologiques, stratégiques, commerciaux et économiques a une peur bleue de Laurent Gbagbo, qui risque d’ouvrir la boîte à Pandore pour le réveil d’une nouvelle conscience africaine. Le prima de ses intérêts tant publics que privés commande en très grande partie ses rapports avec ses anciennes possessions. Elle privilégie toujours avec les élites africaines des rapports inégaux et sulfureux marqués du saut de la brutalité et des coups d’Etat. Voici ce qui commande aujourd’hui, leur attitude inadmissible vis-à-vis d’un homme comme Gbagbo, historien de son état et qui a vite compris que la seule indépendance, la vraie, c’est être maître de son destin. Sans brocarder l’hégémonie destructrice de l’Occident, il a su prendre les précautions pour préserver les intérêts de son pays. Pour mettre fin au règne d’une classe aristocratique de prébendiers, formée par Houphouët-Boigny. Gbagbo va donc devoir révolutionner et radicaliser la manière de gouverner. Tant sur le plan politique national qu’international. Face à cette aristocratie du goût qui tend aujourd’hui à se faire appeler opposition significative, Gbagbo oppose un principe de gouvernance qui veut que rien ne soit immuable que les droits inhérents et inaliénables du peuple ivoirien. Il n’en fallait pas plus pour considérer comme un crime de lèse-majesté sa volonté de sortir le pays de la nuit de l’exil.
Or, le pouvoir français atteint d’une infirmité presque naturelle qui explique son impuissance congénitale de faire sa mue. Il doit maintenant comprendre que le 21e siècle n’est pas le 20e siècle. Il ne doit plus continuer de voir l’ex-esclave ou l’ex-colonisé en termes de duplication, de dédoublement ou de vassalisation. Le voyage de Sarkozy en Afrique s’inscrit en droite ligne dans cette vision manichéenne des anciens colonisés. La conspiration préparée contre la Côte d’Ivoire et visant son leader tient à faire aboutir cette vision de la France. Sarkozy n’est pas parti fortuitement au Gabon. Il va pour sceller une amitié compréhensive et neutre vis-à-vis de ce qu’ils sont en train de préparer contre la Côte d’Ivoire. Depuis la fermeture de la base de Dakar, et plus ou moins du 43e Bima de la Côte d’Ivoire, les véritables troupes françaises prêtes à intervenir en Afrique en cas de coup tordu sont pré-positionnées à Libreville au Gabon. C’est pratiquement une tradition ancienne.

N’oublions pas l’aventure-fiasco de la France contre le régime du Béninois Kérékou lorsque les troupes de Bob Denard à l’époque ont décollé de Libreville pour atterrir à Cotonou.

Que Sarkozy dont la destination finale du voyage était Kigali à mille kilomètres à vol d’oiseau de Libreville désoriente son avion pour atterrir à Bamako, cela devait faire réfléchir plus d’un. Car à Bamako, se trouvait déjà Alain Joyandet ministre de la Coopération. Auparavant, Bernard Kouchner était déjà venu deux fois à Bamako en quinze jours. Comme si ce n’était pas suffisant pour l’otage français libéré, le Secrétaire général de l’Elysée, lui-même, Paul Guéant, a dû abandonner les dossiers les plus urgents de l’Elysée pour faire le saut de Bamako. Cela n’augure rien de bon si ce n’est l’achèvement de la planification d’un coup d’Etat contre la Côte d’Ivoire.

Faut-il rappeler que ce Français, dont nous tairons volontairement le nom, jouant le rôle de représentant des services spéciaux français en Côte d’Ivoire, a lui aussi fait le déplacement de Bamako.

Selon des sources concordantes auprès des chancelleries toujours, il a même rencontré le Président Sarkozy. Toujours selon ces mêmes sources, Sarkozy parti de Libreville et survolant les frontières de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso aurait téléphoné au Président Blaise Compaoré, le Facilitateur de la crise ivoirienne, pour aider à la finalisation du coup d’Etat en cour.

Même un membre éminent du Rhdp se vante auprès de ses militants d’avoir reçu un coup de fil téléphonique express de Sarkozy, l’encourageant à tenir bon dans leur odieuse entreprise.
Selon nos sources, ces différentes pressions exercées par le Premier des Français n’a pas trouvé d’écho favorable ni auprès du Facilitateur ni du Président malien. Si Sarkozy s’est donné la peine de faire le détour de Bamako alors qu’il était à peine à mille kilomètres de sa destination finale, s’il s’est donné la peine de faire en plus un vol de quatre mille kilomètres en plus pour atteindre cette destination, c’est que l’enjeu était sérieux. La seule hyper activité du Premier des Français ne justifie pas ce surplus de périple africain. Qu’il se ressaisisse pour ne pas encore dans quelque temps, dire «nous avons commis des erreurs graves» en se mordant les doigts. Le serpent n’est vraiment pas mort comme vous le dite chez vous.

3. La prise de conscience

Mais que les conspirateurs sachent, malgré leurs ardeurs insensées, malgré leur volonté de saper les fondements encore mal assurés de la paix, les Ivoiriens qui n’ont d’autre patrie que la Côte d’Ivoire ne resteront pas passifs. Ils savent très bien que ne pas se révolter contre ce grand complot serait demeurer des victimes expiatoires. Les Ivoiriens ne sauront laisser les bourreaux d’hier se porter bien, tuer, violer, voler, brûler les symboles de l’Etat impunément. Les innocents d’hier qui sont devenus des insomniaques par leur faute, ne veulent plus dormir mal. S’ils ont pu se débarrasser de la rancœur et pardonner aux bourreaux, en acceptant de souffrir le martyr des grands hommes, ils n’entendent plus continuer de mourir sur l’autel des ambitions personnelles de ces bourreaux. Les Ivoiriens sont toujours à se demander pourquoi on en veut toujours aux personnes qui vous font du bien.

Le sommeil de l’innocence n’est pas une voie ouverte pour assouvir des desseins funestes. Le complot ne passera pas. Malgré l’activisme du directoire.

Les leaders du Rhdp ont une conception très étrange de l’Histoire de la Côte d’Ivoire. Ils fonctionnent comme si l’Histoire de la Côte d’Ivoire commence (y a-t-il un commencement à l’Histoire, voire une fin ?) en octobre 2000. Il y a comme la Côte d’Ivoire n’existe que depuis dix ans, c’est-à-dire avec l’ère Gbagbo ?

Gaillardement, ils se sont libérés du poids de leur malfaisance pour déposer le fardeau sur la tête des victimes d’hier. Dispensés de tout remords, aveuglés par les ambitions personnelles pleines de souffre, ils se sont débarrassés de la nécessité de réparer leurs méfaits vis-à-vis du peuple ivoirien. Voilà de véritables kamikazes qui veulent aller directement au paradis mais en nouant leurs ceintures d’explosifs autour des reins de tierce personne. Pour eux, Gbagbo est l’agneau du sacrifice et la Côte d’Ivoire, le champ de leur expérimentation. Mais au contraire du Christ, qui s’était assumé librement par amour pour les Hommes, Gbagbo, lui, ne devrait pas avoir le choix, il doit être simplement le bouc émissaire qui, en victime expiatoire, doit les débarrasser de tous les péchés d’Israël.

Pas de châtiment pour les bourreaux prédateurs d’hier, pas de haine pour les tortionnaires d’hier, puisque la victime expiatoire est arrivée à l’auto-culpabilité.

Voici ce qu’on demande au leader de la Côte d’Ivoire et à son peuple.

Périls inédits, ils devraient accepter d’être confrontés à des dominations obscures, alarmés des violences insaisissables, embarqués dans des mutations imaîtrisées, des crimes politiques organisés par des réseaux criminels arborescents. Forts de leur certitude agressive, de leur barricadement idéologique, de leur dogmatisme qui sont le lot de leur quotidien, ils se croient en apparence les maîtres d’un jeu funeste dont en réalité ils ne sont que les marionnettes du moment.

Nous demeurons convaincus avec Gbagbo et son peuple, que face au passé, s’élève un avenir plein de lumière.

L’aube d’une nouvelle Côte d’Ivoire se prépare. Laurent Gbagbo refuse de se figer, de se cristalliser, de s’emprisonner dans un monde de perte qu’on veut lui imposer. Gbagbo navigateur parmi les navigateurs saura tenir droit contre vents et marrées la barre du bateau ivoirien qui n’est pas du tout ivre. Loin s’en faut.

Si Ouattara et ses complices pensent que les élections à venir qu’ils veulent à tout prix compromettre sont celles de leur moisson, on est en mesure de leur poser la question de savoir en quels champs ont-ils semé le grain et pour quelle saisons oubliées pour en être si sûrs.
Mais l’adage ne dit-il pas que «les sots ont ceci de commun avec les éponges qu’ils adhèrent toujours ».

Abel Santamaria
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