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Politique Publié le samedi 25 décembre 2010 |

En Suisse, la vente d`une villa par Laurent Gbagbo intrigue

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Le President Laurent Gbagbo
La Croix - En mai, le président sortant ivoirien a cédé une propriété de son pays située à Genève pour 12 millions d’euros. Cette somme aurait été versée sur un compte bancaire français

Laurent Gbagbo (ci-dessus au Palais présidentiel, à Abidjan, le 17 décembre) est soupçonné par ses opposants de vouloir «brader le patrimoine immobilier» de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny. (AFP photo/Kambou Sia)

Vandœuvres, banlieue huppée de Genève. Une maison de maître, mal entretenue, trône au cœur d’un vaste parc ouvert sur le golf très sélect de Cologny. Son prix : 15,3 millions de francs suisses (12 millions d’euros).

Le 4 juin, la Feuille d’avis officielle du canton de Genève informait que la Côte d’Ivoire venait de céder cette propriété des bords du Léman, sans faire de vagues, à La Capite 110 SA, une société de promotion immobilière créée quinze jours auparavant par des hommes d’affaires libanais, dont un important négociant de café ivoirien.

La vente de cette villa, acquise par l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, a de quoi intriguer. Dans un « mandat spécial » daté du 25 octobre 2007, dont la presse ivoirienne a récemment publié la photocopie, on apprend que Laurent Gbagbo a demandé à l’avocat franco-ivoirien Yaya Sanogo de s’assurer que ce bien appartenait à la Côte d’Ivoire.

Et d’en effectuer la vente « pour le compte de l’État ». Puis, dans le paragraphe suivant, Laurent Gbagbo indique que « les fonds desdites ventes [deux parcelles] seront reversés sur le compte (…) Présidence de la République, ouvert dans les livres de la Société générale-Paris porte Maillot, sous le N°30 003 44 000 50 34 28 34 63 ».
"Procuration de M. Gbagbo"

Si l’on ne peut affirmer que Laurent Gbagbo aurait pu utiliser ce compte à titre personnel durant son mandat, il semble étonnant qu’il n’ait pas indiqué le Trésor public ivoirien comme destinataire de la vente de cette villa suisse.

Du point de vue juridique, le registre foncier du canton de Genève assure que l’acte de vente répondait aux conditions requises pour son inscription, « notamment pour ce qui est de la procuration de M. Gbagbo dont la signature a été légalisée par le directeur de cabinet adjoint au ministère des affaires étrangères, dont la signature a elle-même été authentifiée par l’ambassade de Suisse en Côte d’Ivoire ».

Le cabinet suisse Goerg, qui s’est occupé de la vente, n’a pas souhaité donner d’informations sur ce sujet. Selon une source politique ivoirienne à Genève, « ce n’est pas à un directeur adjoint des affaires étrangères de signer l’autorisation d’une vente de 12 millions d’euros ».
Compte français alimenté par l’héritage « houphouétien »

Tout en refusant de se prononcer sur les détails financiers de la vente de la maison, la société La Capite 110 SA affirme que « la maison a été estimée par un expert et que cette transaction a été effectuée dans les règles ».

Déjà, entre 2005 et 2008, les opposants de Laurent Gbagbo l’avaient accusé de vouloir « brader le patrimoine immobilier d’Houphouët-Boigny » en France. L’avocat Yaya Sanogo avait alors rétorqué que ces biens étaient « dans un état de délabrement avancé » et qu’au contraire, le président souhaitait les rénover.

Une douzaine d’appartements parisiens et de pavillons de banlieue auraient déjà été cédés, toujours « pour le compte de l’État », avec le même numéro de compte de la Société générale. À l’heure où la communauté internationale cherche à bloquer l’accès de Laurent Gbagbo aux comptes de l’État ivoirien, l’existence de ce compte français alimenté par la vente de l’héritage « houphouétien » intrigue.

Laure de GONNEVILLE, à Genève
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