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Politique Publié le lundi 27 décembre 2010 | Partis Politiques

Contribution du ministre Cissé Bacongo / Confiscation du pouvoir: seule l’option militaire contre Laurent Gbagbo

© Partis Politiques
Le President Laurent Gbagbo donnant une interview exclusive au magazine Le Figaro
On avait espéré, ardemment, il est vrai sans y croire réellement pour beaucoup, que les élections présidentielles des 31 octobre et 28 novembre 2010 allaient permettre à notre pays, la Côte d’Ivoire, de s’engager, enfin, dans la voie de la paix et du développement, après une crise sociale et politique aiguë, qui aura duré plus d’une décennie et dont chaque habitant a pu mesurer les conséquences sur ses propres conditions de vie et de travail et devrait en avoir tiré tous les enseignements. Hélas, encore hélas ! Suite à la décision de Laurent Gbagbo de ne pas se plier au verdit des urnes et de se maintenir au pouvoir, envers et contre tous, notre pays connaît, à nouveau, des moments douloureux et s’achemine vers une tragédie, dont on ne peut prédire, à présent, toutes les conséquences. Face à cette situation, où la désillusion, la détresse, la peur et, dans une certaine mesure, la résignation ne sont qu’à la mesure de l’espoir, qui avait été suscité, l’option militaire préconisée contre Laurent Gbagbo par le Premier Ministre Soro Kigbafori Guillaume est une option politique, comme nous l’enseigne l’histoire contemporaine, notamment en Europe Occidentale.

Laurent Gbagbo, un dangereux dictateur

Sans doute, comparaison n’est pas raison. Mais, il peut être permis de faire un simple rapprochement entre Laurent Gbagbo et Slobodan Milosevic, pour constater, qu’entre les deux personnages, il existe de telles similitudes, qu’on peut préconiser contre le premier les mesures que l’OTAN s’est résolu à prendre vis-à-vis du second lors de la guerre du Kosovo.

Première similitude. A propos de Slobodan Milosevic, Bernard-Henri Lévy, philosophe français engagé a écrit : «Il faut écouter les dictateurs. Ils annoncent toujours ce qu’ils vont faire. Ainsi, Milosevic, cet autre Saddam Hussein, qui a toujours annoncé ce qu’il était prêt, pour récupérer le «berceau
de la Serbie», à déstabiliser l’Europe (…)». A lire ces lignes, on croirait qu’elles visent Laurent Gbagbo.


Directement ou par personnes interposées, l’ancien Chef de l’Etat ivoirien a toujours annoncé ce qu’il allait faire, peu importe qu’il réussisse toujours à faire ou non ce qu’il annonce. Qui ne souvient du slogan peu original «on gagne ou on gagne» lancé par le camp de Laurent Gbagbo, sur son inspiration. Ce dernier dévoilait ainsi, clairement, son intention de confisquer le pouvoir, qu’il y ait des élections ou non.

Sans doute, pour y mettre la manière et préparer, psychologiquement, les ivoiriens au choc de ce coup de force annoncé, il s’était résolu, sur l’insistance suspecte de Conseillers en communication très intéressés, à faire réaliser, par une entreprise clandestine aux ordres, Marketing Field Force, sous
le couvert de la société TNS-Sofres grâcement rémunérée sur le dos du contribuable ivoirien, des sondages complaisants, dont les conclusions étaient fabriquées in vitro. De même, l’appel lancé par Laurent Gbagbo, à Divo, lors de l’installation de la Compagnie Républicaine de Sécurité 3 (CRS 3), demandant aux Forces de Défense et de Sécurité de mâter tous les «fauteurs de troubles», est
encore dans toutes les mémoires. Cet appel n’était que l’annonce de la répression brutale et sauvage de toutes manifestations de protestation organisées par ses adversaires, comme c’est le cas actuellement contre sa tentative éhontée de confiscation du pouvoir en cours.

Il n’est pas jusqu’à la résistance qu’il opposerait à céder le pouvoir, en cas
de défaite, que Laurent Gbagbo ne s’est pas privé d’annoncer, ouvertement, en
déclarant, avant que ses partisans ne reprennent le refrain : «Alassane Ouattara
devra passer sur mon corps pour prendre le pouvoir». On y est. La décision
rendue au forceps par le Conseil Constitutionnel n’a été qu’une modalité de mise
en œuvre de la résistance annoncée.


Un interlocuteur peu ordinaire, un terroriste

Deuxième similitude. Encore Bernard-Henri Lévy, qui écrit : «(…) Milosevic n’est
pas un interlocuteur ordinaire. C’est un terroriste (…), un Chef d’Etat qui,
depuis dix ans, se comporte comme un maître chanteur (…), qui se comporte comme
s’il prenait en otage son propre peuple et s’en servait comme d’un bouclier à
l’abri duquel peuvent se tramer les tragédies de pouvoir les plus perverses
(…)». A travers ces lignes, on croirait avoir à faire à Laurent Gbagbo.


Comme Milosevic, Laurent Gbagbo est un interlocuteur pas crédible et peu
ordinaire. Pour preuve, le nombre incalculable d’engagements pris, dans le cadre
du processus de sortie de crise, qu’il n’a pas tenus ou qu’il a remis en cause.
La volte-face à donner le tournis opérée au sortir de la rencontre de Haut
Niveau de l’Avenue Kléber faisant suite à la signature de l’Accord de
Linas-Marcoussis, en janvier 2003, en est une illustration des plus
spectaculaires.


Les entraves mises volontairement, sous les prétextes les plus divers, dans
l’application des différents accords conclus depuis cette date, n’en sont pas
des moindres. Citons, pêle-mêle :


ü la remise en cause de l’engagement consistant à déléguer au Premier Ministre
une partie des pouvoirs de l’Exécutif nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord
de Linas-Marcoussis et des accords subséquents ;
ü le veto posé abusivement à la nomination de différentes personnalités dans le
Gouvernement, notamment pour occuper les portefeuilles de la Défense et de la
Sécurité, en violation de l’Accord d’Accra II ;
ü la paralysie des audiences foraines par des obstacles artificiels ;
ü les arrêts récurrents suivis des interminables prolongations de l’opération
d’enrôlement ;
ü les demandes fantaisistes de radiation visant à «désinfecter» la liste
électorale provisoire ;
ü la suspension, pendant plusieurs semaines, de l’ensemble du processus de
sortie de crise, suite à la double dissolution arbitraire de la Commission
Electorale Indépendante (CEI) et du Gouvernement, etc.

Comme Milosevic encore, Laurent Gbagbo est un terroriste preneur d’otages.
L’interdiction durant une décennie entière et la répression des manifestations
de l’opposition l’attestent, autant que l’exploitation des sentiments
nationalistes des ivoiriens et l’instrumentalisation de la jeunesse ivoirienne
au moyen de la propagande.

A cet égard, la marche pacifique que sept des dix signataires de l’Accord de
Linas-Marcoussis regroupés au sein du G7 avaient décidé d’organiser, le 25 mars
2004, restera, pendant longtemps, dans la conscience collective des ivoiriens,
comme un trou noir.


Plus d’un demi millier d’innocents aux mains nues, qui n’ont même pas eu le
temps de se rassembler pour démarrer la marche programmée, ont été, pour
certains, froidement abattus à domicile, pour d’autres, chassés comme des
fauves, criblés de balles et abandonnés dans les rues. Quant aux blessés et aux
personnes disparues, on n’en connaîtra jamais le nombre réel. Objectif de cette
répression, marquer au fer chaud et terroriser les partisans et sympathisants de
l’opposition, afin de tuer en eux toute volonté de récidive.

De même, de janvier 2003 jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle, en
octobre-novembre 2010, voire au-delà, on a assisté comme à une prise en otage
des populations ivoiriennes par Laurent Gbagbo.

Face à la dégradation de tout ce qui faisait la fierté de ce pays,- ses
infrastructures administratives, économiques, sanitaires, scolaires et
universitaires notamment-, Laurent Gbagbo s’est toujours réfugié derrière le
prétexte facile de la guerre livrée à la Côte d’Ivoire par «l’étranger » et,
tout particulièrement, par Jacques Chirac hier et Nicolas Sarkozy aujourd’hui.
Aux cris d’angoisse, de complainte et de désespoir des populations ravagées par
le chômage, l’insécurité, les grandes pandémies et les pathologies provoquées
par le scandale des déchets toxiques, la pauvreté, la prostitution à ciel ouvert
servant de jauge à la perte des valeurs morales, il est toujours resté
insensible, en prétextant encore et encore de la guerre.


Instrumentalisés ainsi au moyen d’une propagande à faire rougir Joseph Paul
GOEBBELS, orfèvre en la matière, des dizaines voire des centaines d’innocents
ont été sacrifiés, des milliers d’autres marqués à jamais et traumatisés.


En renonçant à tout, y compris leur vie, -éducation, emploi, logement, loisirs,
santé, sécurité, etc-, tous ces innocents croyaient servir une cause exaltante
et noble : la défense de la mère patrie. Or, Laurent Gbagbo n’a jamais fait que
se servir d’eux, tantôt comme preuve vivante de sa légitimité pour couvrir ses
errements et conserver (son) pouvoir, tantôt comme bouclier humain pour se
préserver contre les conséquences des tragédies dues à sa gestion de l’Etat. En
ce sens, la tempête provoquée, en novembre 2004, par sa tentative foireuse de
sortir de la crise par la guerre est un exemple de triste mémoire. Il est de
même du scandale de déchets toxiques.

Ecoutons à nouveau Bernard-Henri Levy, à propos de Slobodan Milosevic : «Que se
passe-t-il dans la tête d’un homme qui sait que (…) sa capitale sera bombardée
et qui, pourtant, s’obstine ? Bravade, sans doute. Mais aussi calcul. Milosevic
a calculé que les Occidentaux étant ce qu’ils sont, c’est-à-dire, dans son
esprit, des lâches (…)», ils n’oseront pas.




Faire payer cash son arrogance à un cynique calculateur et maître chanteur

Comme Milosevic encore et encore, Laurent Gbagbo est un cynique calculateur et
un maître chanteur. Malgré la pression qui continue d’être exercée sur lui,
aussi bien au plan national que par l’ensemble de la Communauté Internationale,
il persiste et signe dans son refus de céder le pouvoir au vainqueur de
l’élection présidentielle, Alassane Ouattara, sans doute par bravade, mais aussi
et surtout par calcul.


Par bravade, Laurent Gbagbo a dit et redit qu’il était prêt à mourir pour
conserver le pouvoir. Ce faisant, il n’a jamais fait mystère de son intention de
s’appuyer sur les Forces de Défense et de Sécurité dont il a mis en garde les
chefs de «tomber eux aussi» s’il lui arrivait de tomber. Quels effets peuvent
avoir de simples déclarations d’intention ou menaces de sanctions sur un tel
psychopathe ? Peu de chose.

Par calcul aussi et surtout, Laurent Gbagbo continue de résister, jusqu’aux
menaces de sanctions et d’utilisation de la force, parce qu’il a appris et
retenu que les «pays n’ont pas d’ami, mais des intérêts». Surtout, il reste
convaincu que la Communauté Internationale a de tout temps été velléitaire et
qu’elle n’est jamais allée au-delà des menaces dans les crises internes aux
Etats. Aussi, ne s’est-il pas encore privé de la moindre occasion pour déclarer,
haut et fort, d’être le seul vainqueur de l’élection présidentielle
«conformément à la Constitution» et de ne céder à aucune pression, ni devant
aucun sacrifice, y compris celui d’éviter à la Côte d’Ivoire de sombrer dans le
chaos d’une guerre civile.


Une telle disposition d’esprit vient d’être confirmée, autrement et de manière
encore plus pathétique, par le porte-parole de son Gouvernement fantoche, Ahoua
Don Mello. Cet admirateur écervelé de Lev Davidovitch Bronstein TROTSKI, chargé
probablement comme celui-ci de conduire la guerre civile plus énoncée
qu’annoncée, en l’occurrence, pour dissuader de toute utilisation de la force,
vient de dénoncer sur les ondes des médias internationaux ce qu’il a appelé un
«complot international (…), très injuste et inacceptable, dirigé par la France
contre la Côte d’Ivoire» (sic).

Laurent Gbagbo fait ainsi un calcul sur l’incapacité de la Communauté
Internationale à aller au-delà des déclarations votives et des menaces, calcul
qui est aussi un pari basé sur le facteur temps et comportant des risques réels
et sérieux pour lui.

Ainsi que Milosevic a payé cash son entêtement, par l’intervention militaire de
l’OTAN au Kosovo, il faut souhaiter que la CEDEAO fasse payer comptant à Laurent
Gbagbo son arrogance, par l’utilisation de l’option militaire qui est aussi,
dans les circonstances actuelles, une option politique. Justement, pour éviter
une guerre civile. Mais aussi, pour la paix, la sécurité et la stabilité de la
Côte d’Ivoire et de la sous-région ouest-africaine.

CISSE Ibrahim Bacongo
Juriste-Conseil d’Entreprise
Enseignant,
Docteur en Droit
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