« Il faut venir voir ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Quand on a vu, alors on prend une décision ». Le président contesté Laurent Gbagbo a lâché cette phrase au cours de l'interview qu'il a accordée, conjointement aux journaux « le Monde » et « le Figaro », deux gros calibres de la presse française. Cette sortie fait partie d'une série de réactions que le camp Gbagbo a décidé de faire faire à son champion pour porter sa voix dans cette crise où il est cloué au pilori par la communauté internationale. Depuis son investiture par le Conseil constitutionnel le samedi 04 décembre dernier, le président Gbagbo a en effet eu quelques faibles réactions -cela pendant des audiences accordées à des populations venues saluer sa victoire - face à la forte pression et au matraquage médiatique tous azimuts dont il a été l'objet. Cela donnait ainsi l'impression, même à certains cadres de son propre camp, qu'il était affaibli et qu'il n'avait rien à dire. En tout cas Laurent Gbagbo paraissait comme un boxeur qui a reçu de violents coups de son adversaire et qui cherchait le meilleur équilibre et l'appui nécessaire pour donner la réplique. Son discours à la nation du mardi 21 décembre dernier est venu rompre avec ce silence et cette impression de défaitiste. Une sortie qui a redonné espoir à ses partisans, et qui se renforce davantage avec la série d'interviews qu'il a décidé de donner. Hier mardi 28 décembre 2010, ce fut le tour de passage de la télévision arabe « Aljazeera ». D'autres médias comme l'Agence France Presse, TV5 et d'autres canaux puissants de communication d'envergure internationale, se trouvent sur la liste. Laurent Gbagbo va ainsi saisir ces différentes tribunes pour s'expliquer et justifier sa position actuelle qui reste encore incomprise. Un bon point pour lui, car au moment où la communauté internationale dans son ensemble l'a déjà jugé, condamné et a décidé de le faire partir du pouvoir, si nécessaire par la force, les médias internationaux lui ouvrent leurs colonnes et leurs micros. Des occasions que Laurent Gbagbo compte utiliser à fond pour freiner toutes les velléités visant à lui arracher le pouvoir, lui qui soupçonne un complot international contre sa personne. Outre le front médiatique, le président proclamé par le Conseil constitutionnel est sur d'autres fronts pour dire sa part de vérité. Il reste évident que face à la délégation de chefs d'Etat de la Cedeao qu'il a rencontrée hier, le président Gbagbo s'est encore expliqué. Une autre délégation, celle-là de l'Union africaine et dirigée par le Premier ministre Kenyan, Raila Odinga, est en route pour Abidjan pour encore une fois entendre Laurent Gbagbo. En appelant les membres de la communauté internationale à venir s'imprégner des réalités ivoiriennes avant toute prise de décision, le leader de la Refondation ouvre les portes du dialogue, tout en fermant celles de l'option militaire. A tout le moins, le candidat de La Majorité Présidentielle veut pouvoir s'expliquer, faire comprendre au monde entier sa part de vérité sur ce qui se passe en Côte d'Ivoire, espérant ainsi faire changer les positions en sa faveur. Dans cette offensive qu'il mène contre la communauté internationale, Laurent Gbagbo va bénéficier du soutien de deux hautes personnalités françaises, bien connues des fichiers de la communauté internationale. Il s'agit du célèbre avocat Me Jacques Verges, et de l'ancien président du Conseil constitutionnel français, Roland Dumas. Ces deux personnalités sont attendues en Côte d'Ivoire dans les heures qui suivent. Elles viendront, à l'invitation du camp présidentiel, s'informer sur la situation ivoirienne, afin de porter la voix de Laurent Gbagbo au-delà des frontières de la Côte d'Ivoire.
Hamadou ZIAO
Photo: Gbagbo
Légende: Le président Gbagbo a décidé de passer à l'offensive
Hamadou ZIAO
Photo: Gbagbo
Légende: Le président Gbagbo a décidé de passer à l'offensive