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Politique Publié le mercredi 29 décembre 2010 | Le Patriote

Lettre (de Mauritanie) à Gbagbo - ``La légitimité prime sur la légalité``

Citoyen mauritanien qui croit en la démocratie et qui s'est beaucoup intéressé à la situation politique que vit la Côte d'Ivoire. J'ai été heureux de voir qu'après la guerre, les Ivoiriens se sont retrouvés et ont décidé de mettre fin à la crise, en organisant des élections démocratiques, libres et transparentes, avec l'assistance matérielle, morale et technique de la Communauté internationale et particulièrement des Nations Unies.
Ce processus a duré cinq ans pendant lesquels vous n'étiez pas élu, donc ne disposant pas de légitimité populaire, ni d'ailleurs de légalité constitutionnelle, dans la mesure où la Constitution ne prévoit pas de mandat de dix ans. C'est grâce à un compromis national et international que vous avez passé ces cinq ans à la tête de l'Etat ivoirien et ce serait vraiment affligeant de passer outre aujourd'hui la volonté de la communauté internationale et à celle de vos adversaires politiques qui vous ont donné l'occasion de mener à terme un mandat acquis cinq ans plus tôt dans des conditions pas très catholiques.
La sagesse et le patriotisme dont vous vous réclamez doivent vous amener à méditer sur ces faits et surtout à savoir que la légitimité prime sur la légalité : vous avez la légalité émanant du Conseil constitutionnel et le soutien de l'Armée, mais c'est Alassane Dramane Ouattara qui détient la légitimité populaire. Je dois vous dire que j'ai suivi toutes les péripéties de ces élections qui se sont assez bien déroulées au premier tour, bien que le Conseil constitutionnel n'ait pas voulu prendre en compte la requête du candidat Bédié, prétextant que celle-ci était venue en retard, ce qui reste discutable, et on l'a vu entériner les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) à la virgule. Il annonçait en même temps que le 2ème tour allait avoir lieu une semaine après, délai fixé dans la précipitation, comme si l'objectif était de priver les candidats Bédié et Ouattara du temps requis pour mener à bien leurs négociations. Cette décision avait été prise en Conseil des ministres et le Conseil constitutionnel s'est empressé de la confirmer, au risque d'organiser les élections dans la confusion.
Dans la même lancée, vous avez décidé, à la veille des élections, d'instaurer un couvre-feu, sans avertir votre concurrent et à l'insu même de votre Premier ministre.
Ainsi, l'objectif était sans ambages : il s'agissait de dresser tous les obstacles possibles, afin que les Ivoiriens et le reste du monde ne puissent assister qu'à un scrutin qui vous déclare vainqueur. Le monde entier a pu voir sur les écrans de la télévision ivoirienne comment les résultats ont été arrachés des mains du porte-parole de la CEI par vos commissaires et comment les reporters de la radio et de la télévision ont été sommés de quitter les locaux de la CEI et de revenir plus tard quand les dispositions étaient prises pour empêcher la publication des résultats. Le fait que le président de la CEI soit obligé d'intervenir 30 mn avant minuit pour affirmer que la Commission n'avait pas donné de résultats était visiblement une façon de préparer la décision du Conseil constitutionnel qui avait pour mission d'annoncer les résultats définitifs en quelques heures, après vérification de plus de 20 000 procès-verbaux, ce qui est matériellement impossible. Mais l'instruction lui était apparemment donnée de faire annuler les résultats et de les manipuler de manière à vous procurer plus de 50%, quitte à biffer d'un trait 13% des voix exprimées, correspondant à 600 000 électeurs.
Cela est extrêmement grave et ne s'est jamais vu dans le monde. Nous avons vu des coups d'Etat, des urnes qu'on détruit, mais jamais des voix annulées purement et simplement, au vu et au su de tout le monde. Ce ne sont pas des choses acceptables de la part du premier magistrat de son pays, et même si cela pourrait être compris de la part de quelqu'un qui s'accroche coûte que coûte au pouvoir, on ne pourrait pas l'accepter d'un magistrat qui dirige une institution aussi prestigieuse que le Conseil constitutionnel, ni d'un Général chef d'état-major, lequel n'a pas caché sa partialité en insistant dès le premier tour, dans des déclarations à la radio et à la TV, que la Côte d'Ivoire était en élection, mais qu'il y a un président en fonction. Ignore-t-il que dans toutes les démocraties du monde, le président en exercice n'a autorité que pour les affaires courantes et ne peut pas prendre une décision de nature à le favoriser par rapport à ses concurrents?
Malheureusement, le prix à payer pour cette attitude et cet entêtement au sommet de l'Etat risque d'être trop lourd pour la
Côte d'Ivoire et pour tous ceux qui ont cru à l'aptitude de ce pays à retrouver ses esprits et la place qui doit être la sienne dans la région et le Continent : au mieux, un discrédit de la démocratie ivoirienne, et au pire, une évolution assurée vers la guerre civile. Seriez-vous prêt, Monsieur Gbagbo, à endosser une telle responsabilité
UN CADRE DU PARTI
POUR L'ENTENTE
DÉMOCRATIQUE SOCIAL ELWIAM
(Source : Le Calame)


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