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Politique Publié le vendredi 31 décembre 2010 | Notre Voie

Résultats électoraux annulés par les institutions suprêmes / Les cas Burkinabé, américain, français et malien qui confondent les malfaiteurs

Ils y étaient habitués depuis qu’ils ont pris le pouvoir en octobre 2000. Mais ces derniers temps, le président ivoirien Laurent Gbagbo et son régime sont attaqués de toutes parts, de façon désormais insupportable, par une coalition malfaisante dirigée par le président français, Nicolas Sarkozy. La faute du chef de l’Etat ivoirien, c’est d’avoir été déclaré vainqueur de élection présidentielle par le conseil constitutionnel, suite à l’annulation de résultats dans des départements frappés de fraudes massives. Or des cas similaires existent partout autour de nous et dans le monde entier. En voici. Dès le premier tour de l’élection présidentielle de novembre 2010, Blaise Compaoré, président sortant, a été proclamé réélu président du Burkina Faso par la Cour suprême burkinabé à plus de 80% des suffrages. Mais, le fait auquel personne ne semble accorder la moindre importance, c’est que, en donnant ce résultat verdict sans recours, l’institution judiciaire suprême du Faso a annulé le résultat du scrutin dans une vingtaine de bureaux de vote, à la requête de l’opposition burkinabè qui réclamait l’annulation totale de l’élection en raison, avaient affirmé les opposants à Blaise Compaoré, de «fraudes massives avérées». Quelle que soit l’issue de cette plainte des opposants, l’on remarquera que la Cour suprême du Faso a annulé le résultat de 20 bureaux de vote. Cela est de sa compétence exclusive et personne n’a vu les opposants s’enfermer dans un hôtel pour lever une rébellion. La communauté dite internationale n’a pas crié au scandale, ni pour un camp ni pour l’autre. Des péripéties maliennes…

En mai 2002 au Mali, à la suite du 1er tour de l’élection présidentielle, la Cour constitutionnel avait annulé, au regard des requêtes déposées par plusieurs candidats, 541.019 bulletins de vote et a tenu en compte 1.564.576 voix sur 2.201.154 votants, selon une dépêche de l’AFP en date du 9 mai 2002. Et pourtant, d'après les résultats provisoires proclamés par le ministère de l’Administration du territoire, l'ancien président malien Toumani Touré avait été crédité de 602.998 voix, soit 27,98% des suffrages exprimés, et le candidat de l'ADEMA, M. Cissé, de 489.957 voix soit 22,74%. Selon les mêmes chiffres, Ibrahim Boubacar Kéita avait obtenu 445.030 voix (20,65%). Malgré tout, Maliens et Communauté internationale ont tous attendu le verdict de la Cour Constitutionnelle malienne. Et cette Cour, par la voie de son président, Abdourahmane Baba Touré, avait justifié sa décision par le constat "des compositions irrégulières, la distribution des cartes d'électeurs de manière frauduleuse, la non sécurité des urnes, le vote par procuration illégal, le vote de personnes non inscrites, l'absence de signatures sur les procès verbaux, l'influence sur le vote, l'existence de bureaux fictifs, et le fonctionnement irrégulier de bureaux de vote itinérants". Cependant, la Cour a estimé que ces "irrégularités" n'entraînaient pas l'annulation totale du scrutin.

En 1997, la même Cour constitutionnelle du Mali avait aussi annulé 257.300 bulletins pour les mêmes raisons qu’en 2002. Lors des législatives de la même année, cette même cour avait annulé plusieurs voix, ce qui a permis à la coalition Espoir d’IBK de l’emporter. Alors que le ministère de l’Intérieur donnait l’ADEMA en tête. Bien entendu, toutes ces annulations ont lieu dans un mécontentement général des vaincus mais tous ont accepté les résultats. En hommes et femmes civilisés et aimant leur pays. …au loufoque bourbier américain En novembre 2000, dans cette vieille démocratie taxée de parfaite, celle des Etats-Unis, entre le président sortant, le républicain George W. Bush et le candidat démocrate, Al Gore, l’élection présidentielle avait pitoyablement coïncé sur une honteuse affaire de manipulation des chiffres. Pendant deux mois, à la requête du candidat Al Gore, les bulletins de vote ont été comptés et recomptés ; encore comptés et recomptés. Sans aboutir à une issue acceptable des deux camps en compétition. Au bout de 60 jours, l’Amérique fatiguée de cette arithmétique électorale interminable dans le pays le plus puissant du monde s’en est remise à la Cour suprême américaine. Le président de cette Cour est un haut magistrat auquel George Bush père, alors président des Etats-Unis, avait offert la chance de devenir président de l’institution suprême, tenez-vous bien, contre l’avis défavorable de M. Al Gore, alors président du Sénat américain. Vous avez bien compris : Pour trancher le contentieux électoral entre Bush fils et lui, Al Gore s’est retrouvé nez-à-nez avec le magistrat qu’il avait persécuté auparavant. De plus, au moment où la Cour suprême se saisissait du dossier, Al Gore devançait George Bush Junior dans les chiffres. Et pourtant, le candidat démocrate s’aplatit tout net lorsque le président de la Cour suprême des Etats-Unis proclama son adversaire vainqueur. Personne, en dehors de quelques observateurs pervers et friands des ragots, n’a osé évoquer les relations du président de la Cour suprême américaine avec la famille Bush pour plaindre Al Gore.

Faut-il souligner qu’en avril 2007 en France, lors de la compétition présidentielle entre la candidate de la Gauche Ségolène Royale et le candidat de Droite Nicolas Sarkozy, le Conseil constitutionnel français a eu à annuler le résultat de certains bureaux de vote de quelques départements français d’Outre-mer ? C’est bien au bout de ce décompte que Nicolas Sarkozy a été proclamé élu, sans que le ciel ne tombe sur la tête des Français. La Côte d’Ivoire, un cas banal mais criminalisé

Le 3 décembre dernier, en annulant le résultat du scrutin dans les départements de Côte d’Ivoire où des fraudes massives ont été avérées, le Conseil constitutionnel ivoirien n’a fait que faire son travail d’institution suprême, juge des élections en Côte d’Ivoire. C’est ainsi que les choses se passent à travers le monde entier, dans les pays civilisés à démocratie occidentale. En Côte d’Ivoire, le seul problème que l’on devait déplorer et vite oublier se trouve dans la sorcière composition de l’institution administrative chargée de l’organisation des élections, la Commission électorale indépendante (CEI). Ainsi, sur un présidium de 5 membres, le RHDP (opposition coalisée autour de la rébellion) détient 4 postes ; Sur 22 membres à la Commission centrale, le RHDP se taille 16 membres, les 19 membres de chaque représentation régionale sont tous du RHDP ; Enfin, sur 415 membres de commissions locales, 380 sont du RHDP. C’est cette CEI déséquilibrée en faveur de l’opposition mais surtout polluée par le Rassemblement des Républicains d’Alassane Ouattara et ses rebelles qui a fini par être paralysée par sa tare congénitale : A cause de ses dissensions politiques internes, elle n’a pas pu proclamer, dans ses délais, composition et dans son cadre (siège) constitutionnels, le résultat provisoire. Il revenait donc de plein droit au Conseil constitutionnel de se saisir du dossier. Même si la CEI avait pu proclamer les résultats à temps et dans les normes, la procédure n’aurait pas varié d’un iota.

La preuve ? C’est que, après s’être retranché dans un hôtel pour discréditer la juridiction suprême de « son » pays, Alassane Ouattara a fini par réclamer le secours du même Conseil constitutionnel en lui transmettant une « prestation de serment » par écrit pour être déclaré ou reconnu comme président de la République. Rien que du ridicule et de l’enfantillage criminel !

Il est peut-être grand temps que les opposants ivoiriens se ressaisissent. Car, dans tous ces exemples burkinabé, maliens, américains et français, la décision finale de la présidentielle revient, sans appel, à l’institution suprême. La différence se trouve dans la réaction des citoyens d’un même pays. Quand ils sont civilisés et veulent de la démocratie, ils acceptent le jugement (bon ou mauvais) de leurs institutions suprêmes. C’est à ce prix que la paix sociale est garantie et que les institutions rendent le pays solide et respecté. Mais quand certains de ces citoyens ont des arrière-pensées criminelles, quand ils sont portés par des forces étrangères et par des sectes occultes, les perdants ont exactement les réactions des opposants ivoiriens de nos jours. Et cela débouchent sur les dégâts humains et matériels que l’on croit pouvoir comptabiliser pour vaincre son «frère» ennemi. Dommage!

César Etou et Coulibaly Zié Oumar
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