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Politique Publié le lundi 3 janvier 2011 | Soir Info

Crise post-électorale - Youssouf Bakayoko (Pdt de la Cei) : « Le Conseil constitutionnel a outrepassé ses droits »

Ancien ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo nommé à la tête de la Commission électorale indépendante en mars dernier, Youssouf Bakayoko-qui n’avait pas parlé depuis la proclamation des résultats du second tour- répond au président sortant.

Un mois après, donneriez-vous aujourd’hui les mêmes résultats ?
Youssouf Bakayoko : Je persiste et je signe : Alassane Ouattara a bien été élu avec 54,10 % des voix. Personne en Côte d’Ivoire- pas même le Conseil constitutionnel- ne conteste ces chiffres de la Cei, qui ont été certifiés par le représentant du secrétaire général de l’Onu, conformément à la résolution 1765 du Conseil de sécurité, comme tous les acteurs politiques ivoiriens, y compris Gbagbo, l’avaient accepté lors des accords de Pretoria en 2005.

Mais le Conseil constitutionnel en a cependant proclamé d’autres dès le lendemain…
Y. B. : C’est exact. Mais on peut dire qu’il est sorti de son rôle et a outrepassé ses droits, car le Conseil constitutionnel n’avait que deux possibilités : valider les résultats proclamés par la Cei ou, s’il jugeait qu’il y avait eu fraude, invalider l’ensemble du scrutin et provoquer une nouvelle élection. Il n’avait pas d’autre alternative et ne pouvait pas charcuter les résultats en annulant purement et simplement ceux de sept régions favorables à Ouattara. Pour cette présidentielle sans cesse repoussée depuis 2005, il était d’ailleurs convenu- et c’est exceptionnel- que le certificateur de l’Onu aurait le dernier mot et que sa parole serait au-dessus de celle du Conseil constitutionnel.

Gbagbo vous accuse d’avoir proclamé les résultats au Golf Hôtel, QG de son adversaire, et non au siège de la Cei. Que lui répondez-vous ?
Y. B. : Le 30 novembre au soir, le porte-parole de la Cei, Yacouba Bamba, a été physiquement agressé- et empêché de proclamer des résultats provisoires par le représentant de Gbagbo sur le plateau de la Rti. Le monde entier a pu voir cela en direct. Le siège de la Cei avait été brusquement envahi par des militaires et des gendarmes, que l’on appelle chez nous les « corps habillés ». Venus probablement pour faire pression sur la Cei, ils faisaient la police et ont même renvoyé les journalistes de la presse internationale. Il nous était impossible de continuer de travailler dans ces conditions et nous avons donc recherché un endroit sécurisé par les « forces impartiales » de l’Onu comme le Golf Hôtel pour proclamer les résultats.
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