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Société Publié le lundi 3 janvier 2011 | Le Patriote

Nuit de la Saint-Sylvestre - Peu de fête, beaucoup de prières

Contrairement à leurs habitudes, les Ivoiriens ont fêté dans la sobriété, la Saint-Sylvestre. Beaucoup ont préféré accueillir le nouvel an dans le recueillement. Des églises et temples pris d’assaut par de nombreux fidèles, des maquis et autres lieux de joie, presque déserts. On l’aura compris, les Ivoiriens ont fêté la fin de l’année 2010 plus dans le recueillement et la sobriété que dans un débordement de joie. Et comme pour épouser l’air du temps, l’Eglise catholique, au lieu d’une célébration officielle de la traditionnelle messe de la paix (au cours de laquelle, l’Archevêque d’Abidjan adresse le message de nouvel an du Saint Père aux fidèles catholiques), a organisé des prières éclatées dans toutes les paroisses. Ainsi, malgré la situation de crise post électorale, de nombreux fidèles ont effectué le déplacement à la cathédrale Saint Paul d’Abidjan Plateau. Paix, vérité, justice et amour sont les quatre mots qui ont servi de socle à l’homélie du père Akwandan Jean-Baptiste, curé de la cathédrale. « Le Christ est amour. C’est en aimant son pays, son prochain, que nous aurons l’amour de Dieu. Celui qui aime Dieu, qu’il le manifeste en aimant son prochain », enseigne-t-il. Si, à la joie de la nouvelle année, se mêle l’angoisse du lendemain, Jésus Christ, a insisté le père Akwandan Jean- Baptiste, « nous invite à vaincre les turbulences, à rejeter les préjugés ». Car le Christ, dira t-il, est vérité. C’est pourquoi selon lui, il est important que « nous nous disions la vérité, que nous rejetions l’ordre ancien ». Si les lieux de culte n’ont pas désemplis durant cette nuit du 31 décembre 2010, ce n’était pas le cas pour les maquis et bars. A 21 heures passées, l’espace Todjo à Adjamé présentait un visage terne. On se croirait un jour ordinaire de la semaine. Cet espace qui regroupe plusieurs maquis, est l’un des endroits les plus chauds de la commune d’Adjamé. Pendant les simples week -end, l’ambiance est des plus féeriques. Pourtant, ce 31 décembre, il fallait s’approcher de très près, pour entendre la musique. Et lorsque nous franchissons l’entrée d’un de ses maquis dénommé « Espace 221 », ce sont des chaises vides et quelques enfants se promenant dans la cour qui nous accueillent. Assise à l’entrée du maquis, Mlle Konan Chantal, vendeuse de poulets et poissons braisés, somnole tranquillement. A notre entrée, croyant avoir affaire à des clients, elle se réveille. Lorsque nous lui expliquons la raison de notre présence sur les lieux, elle nous confie que c’est le pire des 31 qu’elle vit depuis 5 ans qu’elle vend devant ce maquis. « Je suis sortie depuis 17 h et je n’ai même pas encore vendu un seul poisson. Vous constatez qu’il n’y a personne, à part des enfants qui viennent tout juste pour acheter une ou deux bouteilles de sucrerie », se désole-t-elle, tout en nous invitant à faire le tour des autres maquis du secteur pour constater la véracité de ses propos. Tout comme ceux de l’espace Todjo, ils sont nombreux, les gérants et autres commerçantes de nuit qui ont doublé voir triplé leur stocks de boissons, de volaille et poisson, mais qui n’ont pas réalisé le chiffre d’affaires escompté.

Les maquis désertés
Cependant, dans cette grisaille, certains lieux réputés chauds d’Abidjan ont essayé tant bien que mal de « sauver leur réputation ». A 23 30, les maquis les plus en vogue de la plus célèbre des rues abidjanaises, la rue Princesse, affichent complet. Gérant du bar géant, le « Dernier Kata », M Bouabré se frotte les mains. Pour lui, tout semble aller comme prévu. « Il n’est pas encore deux heures de matin, et vous voyez que le maquis est déjà bondé. D’ici quelques heures, vous ne verrez plus de chaises vides », nous lance t-il entre deux commandes.
Tout juste à côté, les serveuses du « BAR VIP Abidjan », ne disent pas autre chose. Reconnaissables dans leur jean rouge, bas tuyau et des bodys blancs avec des écharpes jaunes, elles font des incessants va-et-vient entre les clients et le bar du maquis. D’autres sont même « traquées » par les clients qui veulent se faire servir le plus vite possible. Une cuvette remplie de cannettes de boisson, Sonia, une des serveuses nous explique que les cannettes de bière de marque hollandaise et les vins mousseux français sont les boissons les plus demandées. Toute chose que nous constatons avec les piles de cannettes déposées ici et là devant les clients qui dansent au son des dernières nouveautés musicales. Dehors, la circulation est difficile à quelques endroits de la rue. Notamment, devant les maquis et bars climatisés. Toutefois, ce n’est pas l’affluence des grandes nuits de la Saint Sylvestre que nous avons l’habitude de voir à la rue Princesse. Pour dame Pauline, vendeuse de « gabi » chaud (porc au four), cette relative ambiance de la rue en ce dernier jour de l’année 2010, est à mettre au compte de la situation du pays. « Les gens consomment avec modération parce qu’ils ne savent pas comment évoluera la situation», estime-t-elle. Autre lieu célèbre, même ambiance : les Mille maquis, à Marcory. Il est minuit passé lorsque nous y arrivons. Des fêtards continuent toujours d’accompagner 2010 avec des pétards. Les vendeuses happent les passants pour leur proposer des poulets à 4000 FCFA ou du poisson dont le prix varie entre 2000 et 5000FCFA. Dans les maquis, on joue les derniers succès zoulous. Des Jeunes filles et des jeunes garçons s’embrassent sans retenue. Entre deux éclats de rire, on entend ici et là «Bonjours 2011, moins de problèmes, beaucoup de paix, beaucoup d’argent, moins d’infidélité». C’est dans cette ambiance quelque peu survoltée que nous mettons fin à notre randonnée nocturne.
Dao Maïmouna


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