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Politique Publié le mardi 4 janvier 2011 | Le Patriote

Interview / Le Ministre Kobenan Kouassi Adjoumani - “Gbagbo est un homme inquiet, en proie aux doutes permanents”

Dans cette interview, le ministre Kouassi Adjoumani, fustige l’attitude dictatoriale de Gbagbo Laurent. Dans cet entretien, il l’exhorte à revenir à la raison et à s’en aller dans la dignité. Toutefois, il n’exclut pas l’utilisation de la force si Gbagbo s’entête.
Le Patriote : M. le Ministre Adjoumani, que vous inspire l’ultimatum du Premier Ministre Guillaume SORO à Monsieur GBAGBO ?
Kobenan Kouassi Adjoumani : J’ai l’impression que le message du Premier Ministre n’a pas été bien compris par l’opinion publique en général, et par les partisans de Laurent GBAGBO en particulier. Il faut savoir que le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, n’a eu de cesse de tendre la main à son frère, l’ancien Chef de l’Etat Laurent GBAGBO, pour lui permettre une sortie honorable. Cette position a été réaffirmée aux émissaires de la CEDEAO, qui ont été mandatés pour transmettre à GBAGBO le message des Chefs d’Etat, à savoir : céder le pouvoir à Monsieur Alassane OUATTARA, le Président démocratiquement élu le 28 novembre 2010. Dans cette perspective, le Président Alassane OUATTARA lui a fait une ouverture, relative aux conditions de son départ et où il est question notamment des garanties et autres mesures d’accompagnement pour les membres de sa famille et ses proches. En contrepartie, M. GBAGBO devait se garder de se prévaloir de la fonction de Chef d’Etat sous les 48h qui suivaient. Malheureusement, il a rompu ce contrat en faisant une adresse radiotélévisée à la nation à la veille du nouvel an. Cette imposture et cette forfaiture ne pouvaient être tolérées outre mesure. C’est cette mauvaise foi qui justifie la radicalisation de la position du Premier Ministre Guillaume SORO qui, à travers cet ultimatum, arrache à GBAGBO les garanties à lui assurées.

LP : Est-ce à dire que l’option militaire est irréversible ?
KKA : L’option militaire, je crois, est la phase ultime du processus. En d’autres termes, c’est le dernier recours. Personne ne souhaite un affrontement militaire entre frères d’armes ivoiriens, encore moins entre soldats ivoiriens et étrangers de la CEDEAO, notamment. Ce dont il s’agit, c’est une opération militaire précise et ciblée dont les effets collatéraux seront vite maîtrisés, d’autant plus que de nombreux éléments de nos Forces de Défense et de Sécurité sont mobilisés en silence pour accompagner l’intervention militaire préconisée par le dernier sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO et vivement souhaitée par l’ensemble des populations. Dans tous les cas, ce n’est pas la première fois que les forces de l’ECOMOG interviendront de la sorte pour chasser un dictateur du pouvoir, l’historien Laurent GBAGBO le sait très bien. Alors, tout ce qui se dit à la radio ou à la télévision nationale n’est que pure désinformation, manipulation puérile et intoxication honteuse pour faire peur aux populations. Il ne peut donc y avoir de guerre civile en Côte d’Ivoire ; et personne ne voudra mourir pour défendre un régime moribond et une cause perdue d’avance, à commencer par sa garde prétendue républicaine, ses miliciens et autres mercenaires libériens et angolais qui tuent gratuitement de pauvres civiles.

LP : Et pourtant, Monsieur Laurent GBAGBO semble durcir le ton…
KKA : C’est vous qui le pensez. Au contraire, GBAGBO s’est ramolli ces jours-ci, à en juger par les propos qu’il a tenus au cours de sa dernière interview accordée à des chaînes de télévisions étrangères. Tout le monde a entendu GBAGBO envisager son départ que je pourrais paraphraser en ces termes : « à supposer que je parte du pouvoir, est-ce que cela suffirait à garantir la paix aux Ivoiriens ? » A travers cette question, on voit bien que Laurent GBAGBO est à la fois conscient de sa défaite et de son départ inévitable, en même temps qu’il est préoccupé par l’avenir immédiat de ses proches. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en privé, c’est un homme inquiet, un individu en proie aux doutes permanent. C’est bien pour cela qu’il recrute à coups de billets de banque des avocats de tous acabits, de renommées et d’horizons divers, alors qu’on sait très bien que le débat n’est plus au niveau d’un quelconque tribunal ! Mais en public, il veut faire croire au peuple le contraire de ce qu’il a toujours été : un homme peu courageux que le débat télévisé du second tour nous a révélé. On se rappelle qu’avant le face-à-face, il avait promis d’apporter des preuves accablantes pour noyer son adversaire, malheureusement, c’est lui-même qui a été noyé au grand désarroi de ses propres partisans. Les mises en scène à la télévision, les déclarations tapageuses de ses partisans ne concordent donc pas avec la réalité d’un homme qui n’a plus une seule tribune au plan diplomatique et qui a perdu la signature sur les comptes de l’Etat au niveau des Finances publiques. Au regard de la réalité qui prévaut, nous recommanderions à Monsieur Laurent GBAGBO de se laisser gagner par la sagesse et la pondération, et de ne pas écouter un Monsieur comme Jacques Vergès, l’avocat des dictateurs et des causes perdues, qui lui conseille de faire de la résistance et, au besoin, va jusqu’à lui proposer de se tirer une balle dans la tête pour éviter l’humiliation de quitter le pouvoir ; comme s’il n’y avait pas de vie après la fonction de Chef d’Etat. Tout près de lui, il y a le cas du Président Bédié dont le parcours devrait lui donner matière à réflexion. Quand on aime réellement son peuple, on doit être disposé à se donner en sacrifice pour lui et non à offrir le peuple en sacrifice pour son propre pouvoir.

LP : Qu’attendez-vous de l’arrivée des émissaires de la CEDEAO sur un terrain déjà tendu ?
KKA : Qui a tendu le terrain ? C’est bien GBAGBO ! C’est lui qui empêche, par la force des armes, le Président élu Alassane OUATTARA et son Gouvernement de travailler en toute quiétude. Donc, il ne tient qu’à Laurent GBAGBO de détendre le fil en écoutant les émissaires de la CEDEAO et les conseils de tous des politiques du monde entier. En tout cas, cette dernière mission de la CEDEAO est aussi la mission de la dernière chance offerte à GBAGBO. C’est surtout le point de vue des médiateurs que nous partageons entièrement.

LP : Quel est votre mot de la fin ?
KAA : Je voudrais tout simplement demander à Monsieur GBAGBO d’arrêter d’adopter la posture de l’autruche en choisissant de se fermer à la réalité ; qu’il refuse d’être l’otage de son propre orgueil et de ses partisans. Et comme il se dit croyant, je l’invite à méditer ces paroles de l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, tout est vanité » !
Interview réalisée par Edgar Kouassi

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